Quand on me demande pourquoi j’écris — question entendue un millier de fois —, je réponds toujours la même chose : je n’ai pas le choix. Sans cela, je me serais fissurée au premier coup.
Laure est écrivain. Ses livres se vendent honorablement, lui permettant de vivre de sa plume, mais ne fait pas partie des grands écrivains dont la postérité retiendra le nom. Ce n’est pas bien grave : à soixante-cinq ans, elle se sent à bout de souffle, et se lance dans l’écriture de ce qu’elle sait être son dernier roman.
Le plus important, celui qu’elle porte en elle depuis toujours. Un roman dans lequel elle va enfin raconter ce qui est sans doute à l’origine de tout, et qui la projette quarante-cinq ans en arrière, l’été où elle a connu Aurélien et Bertier…
Avec ce roman, je découvre la plume d’Anne-Sophie Brasme, et j’en suis ravie. Evidemment, me direz-vous, il est question dans ce roman d’écriture, de lecture, de littérature en somme, et c’est évidemment passionnant : le récit fait alterner le journal de Laure, qui est une sorte de carnet d’écrivain dans lequel elle note ses pensées intimes et la progression de son travail, et le récit lui-même, qui nous montre comment naît le besoin d’écrire.
Il est aussi question de jeunesse, d’insouciance, de quête du bonheur à travers des moments pleins et riches où l’on est présent au monde et où c’est tout ce qui compte.
Il est question d’amour aussi, bien sûr, avec ce qui aurait pu être un simple triangle amoureux mais se révèle beaucoup plus profond que cela.
Par contre, il n’est pas question de réincarnation, contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre : c’est, simplement, la question lancinante de la mémoire et du retour du passé, qui semble hanter tellement d’écrivains.
C’est donc un roman que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire, et que je recommande chaudement, même si j’ai deux bémols : d’abord, j’ai trouvé la « ficelle » beaucoup trop grosse, au point que j’avais deviné la clé dès le début, alors même qu’habituellement je me laisse très facilement mener par le bout du nez.
Ensuite, je n’ai pas compris l’intérêt du choix chronologique, qui m’a fait croire à un moment qu’il y avait une incohérence (et vous savez combien les incohérences me font facilement tiquer) avant de comprendre que non, mais je m’interroge. Du coup, c’est plus une interrogation qu’un bémol… mais que cela ne vous arrête pas : c’est, malgré tout, un très bon roman !
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Anne-Sophie BRASME
Fayard, 2014









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