Circé, de Madeline Miller : la puissance du féminin

Quand je suis née, le mot désignant ce que j’étais n’existait pas. Ils m’appelèrent donc nymphe, présumant que je serais comme ma mère, mes tantes et mes milliers de cousines. Moindres que ceux des déesses mineures, nos pouvoirs étaient si modestes qu’ils garantissaient à peine notre éternité. Nous parlions aux poissons et soignions les fleurs, cajolions nuages et vagues pour en extraire les gouttes d’eau et le sel. Ce terme de nymphe englobait notre futur en long et en large. Dans notre langue, il ne signifie pas seulement déesse, mais aussi jeune mariée.

A force de voir fleurir ce roman un peu partout, j’avais vraiment très envie de le lire, d’autant que j’aime énormément la mythologie et que le personnage de Circé m’a toujours intriguée. Normal, c’est une sorcière, la première, une femme libre, forte et sauvage.

Née du titan Hélios, le soleil, et d’une nymphe fille d’Océan, Circé est quelque chose de nouveau, pas vraiment une déesse bien qu’immortelle et dotée de pouvoirs, mais plus qu’une nymphe. Avant tout, femme, et femme amoureuse : c’est bien par amour qu’elle découvre ses pouvoirs surprenants et qu’elle devient Circé la magicienne, la sorcièrePharmakis.

Je me suis régalée avec ce roman plein de charme qui est avant tout une réécriture de la mythologie, et pas seulement du plus célèbre épisode de la vie de Circé, sa rencontre avec Ulysse (parce qu’elle ne peut pas être réduite à Ulysse, qui est d’ailleurs passablement maltraité) : Prométhée, le minotaure sont également des épisodes importants dans son parcours, tout le roman étant finalement un trajet vers le soi.

Dans ce roman, la figure de la sorcière représente bien ce qu’elle est (re)devenue au fil du temps : la femme libre et indépendante, qui ne se soumet pas au pouvoir masculin représenté par Zeus, qui se défend des agressions masculines (si elle transforme ses visiteurs en pourceaux ce n’est pas par méchanceté, et c’est très intéressant de relire cet épisode avec les échos de #metoo et de #balancetonporc).

Sa puissance est réelle : celle de la métamorphose qui permet de révéler ce que l’on est vraiment. Libre, indépendante, sauvage, solitaire sur son île où elle passe ses journées à vagabonder à la recherche des herbes qui lui permettront de confectionner ses potions, courageuse, elle est aussi habitée d’une force d’amour absolue.

Un magnifique personnage donc au cœur de ce roman envoûtant et profondément féministe ! A lire d’urgence !

Circé (lien affilié)
Madeline MILLER
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Auché
Rue Fromentin, 2018 (Pocket, 2019)

3 réponses à « Circé, de Madeline Miller : la puissance du féminin »

  1. Avatar de grayaurore
    grayaurore

    Ce roman, j’en suis amoureuse 💗

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    1. Avatar de Caroline Doudet

      Il est formidable !

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  2. Avatar de L’Impératrice – Caroline Doudet

    […] et sensuelle. Elle est la Grande Déesse : Vénus/Aphrodite, Hathor, mais aussi la magicienne Circé (et la sorcière en général). Bien dans son corps, elle est liée au chakra sacré, celui de la […]

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