J’ai toujours été admirative des sketchbooks, artbooks et autre Bullet Journals pleins de belles illustrations quand le mien est d’une assez grande sobriété : dans mon esprit, il était parfaitement évident que le collage (quelque chose que pourtant j’adorais faire enfant) le dessin, la peinture, tout ça, ce n’était absolument pas mon domaine et que je n’étais pas douée.
J’y ai beaucoup réfléchi à ça, et je pense que ça vient du fait que mes enseignants d’art plastique au collège ne trouvaient jamais bien ce que je faisais parce que ça ne correspondait pas à ce qu’ils voulaient (j’ai toujours eu du mal avec les consignes) et que comme dans d’autres domaines ça m’a éteinte.
Mais le programme de Julia Cameron m’a obligée à sortir de ma zone de confort et à ouvrir de nouveaux canaux créatifs (j’avais un peu commencé avant) et j’ai ressorti des carnets de dessins, cahiers, matériel de skrapbooking (une tocade qui m’avait prise il y a quelques années), acheté de la peinture et divers bidules, recueilli des images pour faire des collages et j’ai commencé à faire un truc hybride à base de mots, de dessins etc.
Une sorte de sketchbook finalement, mais qui avait aussi une dimension « développement personnel ».
Et puis, comme je me suis lancée dans un défi des 100 jours (je vous en reparlerai en janvier, lorsque j’aurai terminé), je me suis inscrite sur le groupe facebook et j’ai ainsi pu prendre connaissance du travail d’Anne-Marie Jobin, formée à l’art-thérapie et qui a fondé un programme appelé Journal Créatif ® (c’est une marque déposée, c’est pour cela que je n’appelle pas le mien comme ça, d’abord parce que je n’ai pas suivi la formation, et que ce que je fais est légèrement différent, donc).
Elle a notamment écrit Le Nouveau journal créatif, qui expose la méthode, les techniques et qui propose de nombreux exercices.
Cette lecture m’a beaucoup intéressée puisqu’on y voit comment la créativité et notamment la combinaison de plusieurs medium, écriture/dessin/collage utilisés soit séparément soit ensemble, permet de se découvrir, d’avoir accès à son espace intérieur, etc.
Reste que le Journal Créatif ® (qui s’apparente au journal intime) est un outil de développement personnel qui appartient au champ de l’Art-Thérapie et ce qui est important dans ce travail, c’est le processus et non le résultat : en somme on se lance sans trop savoir ce qu’on va faire, et l’esthétique du résultat n’est absolument pas importante.
Et c’est là que cela diverge avec ma propre pratique : d’abord parce que j’ai depuis toujours facilement accès à mon espace intérieur (je suis Poissons) et que si je sonde c’est exclusivement par l’écriture (dans mes carnets, auxquels ne se substitue aucunement ce journal artistique, tout comme d’ailleurs si je veux peindre ou dessiner vraiment je le fais dans un carnet prévu pour ça) ; ensuite parce que chez moi, le sens est préexistant à la réalisation : je ne le découvre pas, je sais (à peu près) ce que je veux faire et exprimer lorsque je commence à travailler, puisque mon but est justement d’ancrer une réflexion, une pensée ; et enfin, pour moi, l’esthétique finale, comme dans tout, est essentielle et fait partie du processus.
Mais justement : voir comment ça divergeait (et où ça convergeait) m’a permis de mieux cerner ce que c’était que ce truc que j’avais pris l’habitude de faire sans trop savoir pourquoi. S’il y a bien une dimension développement personnel, ce journal constitue avant tout pour moi un outil de recherche artistique : le dessin, le collage, la peinture me permettent d’ouvrir d’autres canaux artistiques, de m’exprimer autrement en combinant plusieurs langages, d’exprimer ce que j’ai du mal à exprimer avec les mots (l’écriture et les « arts visuels » ne fonctionnent pas sur le même mode et parfois ils donnent accès à des choses nouvelles).
Surtout en ce moment où j’ai envie d’écrire et où j’écris mais avec un vague sentiment de découragement (j’en ai déjà parlé : je n’ai aucune pression avec la peinture et le dessin donc ça me libère, alors qu’écrire est essentiel pour moi mais j’ai la pression du résultat), et d’ancrer les choses dans la matière.
Mais tout cela, c’est pour mieux revenir à l’écriture, qui reste mon mode de création absolu.
Bref, quelques images de pages qui ne sont pas trop intimes et dont je suis plutôt fière :
Je sais, on voit des schémas dominants : les superpositions (j’en fais beaucoup), la couleur rose, l’opposition ombre/lumière. Et encore vous n’avez pas tout vu. Mais je trouve cette activité extrêmement intéressante et agréable (par contre ma table de salon me sert d’atelier et du coup c’est le bordel, mais tant pis).
Caroline Doudet 
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