Autrice indépendante : Tout écrivain doit avoir le cœur brisé

Un jour du printemps 2016, alors que je venais juste de prendre la décision d’envoyer enfin le manuscrit de L’Aimante (qui n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui, d’ailleurs) à des éditeurs, deux personnages ont débarqué chez moi pour que j’écrive leur histoire.

J’étais un peu surprise : je n’avais pas du tout prévu d’écrire un deuxième roman alors que je ne savais pas encore quoi faire du premier. Mais ils se sont montrés très insistants, et je n’ai pas eu d’autre choix que de m’atteler à l’écriture. Avec beaucoup de joie, même si je ne savais pas du tout où j’allais.

Avec le recul des années, je vois de quoi et de qui (surtout de qui) est né ce roman, mais à l’époque, je ne le voyais pas du tout. Ce que je voyais, c’était deux personnages d’écrivains, deux fauves, deux êtres abîmés par la vie, qui se retrouvent, pour une opération marketing de leur maison d’édition, devoir passer une semaine ensemble dans la maison de l’un d’eux, une maison que d’ailleurs je connais bien, dans une région que j’aime.

Johanne est une jeune autrice, qui vient de publier un premier roman qui ressemble beaucoup à L’Aimante. Et qui, donc, me ressemble beaucoup, surtout à l’époque. François, lui, est un écrivain célèbre et reconnu, il a même eu le prix Goncourt, mais certains événements ont fait qu’il se montre très hostile envers Johanne et sa manière d’être. Au fil du temps, je me suis rendu compte que lui aussi me ressemblait beaucoup, même s’il ressemble aussi à quelqu’un d’autre, ce que je ne pouvais pas savoir à l’époque.

C’est une sorte de romance. Mais pas seulement, et je crois que c’est mon style, quelqu’un me l’avait dit un jour : me servir des codes de la romance, en faire un cadre que je peux ensuite dépasser. Ici il est question, une nouvelle fois, de découvrir ce qui se cache au fond de nous, des secrets, et d’écriture.

Plusieurs fois, au cours des différentes phases d’écriture, j’ai expérimenté la Grande Magie.

La première fois, c’est lorsqu’au cours d’une conversation, François donne à Johanne une interprétation très personnelle de ce qu’elle écrit. Les mots sont venus sous mes doigts sans que j’y réfléchisse, et lorsqu’ils se sont posés sur la page, j’ai été aussi perturbée que Johanne par ce qui semblait une révélation existentielle. Il m’a révélé sur L’Aimante quelque chose que je n’avais pas vu (et je ne sais toujours pas s’il a raison ou non). Peu après d’ailleurs, j’ai interviewé une autrice, dans le roman duquel il y avait me semblait il quelque chose du même ordre, et j’ai eu confirmation qu’elle aussi avait vécu cette expérience de découvrir quelque chose d’essentiel grâce à son personnage.

La deuxième fois, c’est lorsqu’après des pages et des pages écrites sans savoir quel était ce secret dont François ne voulait parler à personne (même à moi, son auteur, c’était quand même un monde), il nous l’a enfin révélé, à Johanne et à moi. En fait, la grande magie a eu lieu plusieurs mois après, lorsque ce secret fictif est venu, d’une certaine manière, percuter un autre secret, réel celui-là. Avec assez de différences (encore que, je ne sais pas tout) pour que je puisse laisser tel quel, mais tout de même.

La troisième fois, j’en ai parlé, c’est lorsque dans une phase de réécriture, je me suis mise en tête de faire le thème astral de François, et que tout était tellement juste et nourri de synchronicités par rapport à autre chose que j’ai souri.

Et d’autres fois, que je ne vais pas énumérer. C’est aussi dans ce roman qu’est née Adèle, vous verrez comment.

Donc voilà, il s’appelle Tout écrivain doit avoir le cœur brisé en référence à une phrase d’Hemingway à Salinger. Il sort le 3 mars, et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que moi à l’écrire.

L’expérience du NaNoWriMo et ce que j’ai appris

N’y allons pas par quatre chemins : ce n’est pas un échec, mais cela n’a pas fonctionné. Ou plus exactement : je n’ai pas atteint tous mes objectifs, et j’ai abandonné 5 jours avant la fin, parce que je n’en pouvais plus.

Néanmoins, je ne regrette pas d’avoir tenté l’expérience, parce que j’ai beaucoup appris sur moi et mon rapport à l’écriture, ce qui était d’ailleurs l’un des objectifs. L’autre objectif rempli est celui d’avoir écrit la première partie de mon roman.

Et, justement, c’est après que ça a commencé à réellement clocher, même si j’ai eu des difficultés dès le septième jour, on va voir pourquoi.

J’avais très bien commencé : des journées fluides, tous coulait parfaitement bien, et j’étais très satisfaite. Oui, mais la première semaine, j’étais en vacances, et je pouvais donc consacrer à l’écriture une grande partie de ma journée, aux heures qui me convenaient.

Mais dès que j’ai dû revenir à mon travail alimentaire et caser l’écriture dans des trous de mon emploi du temps, ça n’a plus été du tout : j’ai tenu bon, mais je devenais obsédée, j’étais frustrée. J’ai pu achever ma première partie parce que le plan d’écriture était prêt et je n’avais donc qu’à écrire, ce qui déjà était difficile.

Mais la deuxième n’était pas, et n’est toujours pas, prête : je sais où je vais, mais il me manque des détails, et ce n’était plus possible d’écrire sereinement.

Parce qu’écrire, ce n’est pas seulement écrire, justement : certains jours, j’aurais eu besoin de me concentrer davantage sur l’arrière-plan, les personnages, faire quelques recherches sur un point ou un autre, voire relire. Parce que le cycle de la créativité, ce n’est pas du courant continu, il y a des jours où c’est fluide et d’autres non.

Or là, en mode sprint, ce n’est pas possible de se poser, et écrire pour « faire de la ligne » quitte à écrire mal les jours difficiles pour corriger plus tard, ce n’est pas ma manière de faire.

En outre, mon heure pour écrire ce roman, c’est entre 11h et 14h (je ne sais pas pourquoi, chacun a son horaire : Le Truc et Le Truc2 par exemple, c’est après 18h, ce qui d’ailleurs m’aurait arrangée pour celui-là mais enfin, ce n’est pas moi qui décide). Et ce n’était pas toujours possible, puisque je ne peux écrire que chez moi, ça ça ne changera jamais.

De plus, je n’ai pas été aidée par le fait que ce mois de novembre a été un peu compliqué, je me suis retrouvée dans une période d’enfermement mental auquel je pense cette expérience a contribué. Disons que j’étais coupée de mes émotions, et enfermée dans ce qu’on appelle une « vision tunnel » (au sens métaphorique) : concentrée sur mes objectifs, je ne pensais qu’à ça, je ne voyais plus que ça et plus rien autour.

Le Tarot a un peu mis le holà, en m’avertissant du burn-out imminent. Et écrire quand on est en mode « hamster dans sa roue », ça ne fonctionne pas.

Au final, écrire était devenu une obligation, une tâche à cocher dans la journée, un truc de plus à faire, bref un « travail » et quand je m’en suis rendu compte j’ai dit « stop, j’arrête et je mets en pause ». Je sais que certains écrivains (Colette par exemple) ont besoin de ça, s’obliger à écrire, sinon ils n’écrivent pas. Mais ce n’est pas comme ça que je fonctionne : pour moi, écrire est une joie, une pulsion, un émerveillement, et ça ne l’était plus, le feu était en train de mourir.

Il est certain que sans les contraintes extérieures (mon travail alimentaire) qui jouent sur mon temps (la base) et mon état émotionnel, cela pourrait fonctionner. Mais en l’état, non, ce n’est absolument pas possible. Néanmoins je ne regrette absolument pas d’avoir essayé, déjà parce que j’ai tout de même bien avancé et mis mon roman sur les rails, mais aussi parce que j’ai appris, et ça, c’est essentiel.

Autrice indépendante : un petit nouveau pour Noël

Oui, je publie beaucoup : il faut dire qu’après plus de dix ans à écrire sans publier, j’ai de l’avance, et cela me permet de publier régulièrement tout en prenant mon temps sur la phase d’écriture (à ce sujet, j’aurai beaucoup de choses à dire concernant l’expérience du NaNoWriMo, mais le mois n’est pas encore terminé).

Le fait est que le « modèle économique » (je n’aime pas cette expression, mais passons) n’est pas le même que celui de l’édition traditionnelle, où un ouvrage a une durée de vie de deux mois avant d’être remplacé (même s’il reste disponible) : là, on est dans le long selling, chaque livre continue sa petite vie même lorsqu’en paraît un nouveau, d’où l’intérêt de constituer, petit à petit, un fond.

Donc, pour Noël, j’ai décidé de sortir cette histoire qui n’a rien à voir avec Noël, mais comme il est question de magie, je me suis dit que c’était opportun. Il s’agit d’érotisme, il est donc pour Séréna, et plus exactement, il s’agit de Dark Romance Fantasy.

A l’origine, il s’agit d’une petite fanfiction d’Harry Potter que je m’étais amusée à écrire il y a quelques années, et qui a bien fonctionné sur Wattpad. Cet été, je me suis dit que c’était dommage de la laisser comme ça, et je l’ai donc entièrement remaniée pour effacer les traces de l’univers d’origine, même si je crains qu’il reste du Lucius chez Socrates, mon personnage masculin (mon personnage féminin était déjà une création personnelle).

J’ai donc créé un monde magique nouveau, avec ses codes et ses caractéristiques propres, et je me suis tellement amusée à faire ça (ça me change complètement de ce que j’écris d’habitude, érotisme mis à part), que j’ai eu envie d’en faire une petite série. Voici l’histoire de ce monde :

A l’origine, tous les humains avaient des pouvoirs magiques, et le monde était en paix. Les Hommes vivaient dans l’abondance et la joie. Mais certains ont commencé à penser que la magie était mauvaise. On ne savait pas d’où venait cette idée, mais ils commencèrent à renoncer à leurs pouvoirs et à réciter la fable d’un dieu qui ne voulait pas de magie, et de son Ennemi dont sorciers et sorcières (c’est ainsi qu’on les appelle dans le monde profane, mais eux-mêmes n’utilisent que peu ces termes) étaient les serviteurs. Ce fut le chaos, les sorciers se défendaient et massacraient ceux qu’ils appelaient les Renégats. Pour rétablir la paix, sur ordre du Dieu et de la Déesse, Merlin sépara les Mondes : le monde magique d’un côté, et de l’autre le monde non magique.
Ceci est l’histoire de la Renaissance d’un monde unifié.

Mon histoire se déroule dans le monde magique, où coexistent Mages Blancs (qui veulent aider les Renégats) et Mages Noirs (qui veulent les détruire). Les deux clans ne s’aiment guère en général, mais l’équilibre repose sur le fait qu’ils se partagent le pouvoir. Et, parmi ces mages noirs et blancs, certains sont aussi des mages rouges, les plus puissants, qui maîtrisent la magie sexuelle et amoureuse.

Cette première histoire est assez sombre, au moins au début, il n’y a pas à strictement parler de violence sexuelle mais de la violence tout court, si, donc si c’est quelque chose qui vous effraie, ce n’est pas pour vous. Par contre cette violence a sa raison d’être, c’est juré, et l’aspect sombre est nécessaire pour que puisse renaître la lumière.

Pour résumer simplement : une jeune Mage Blanche (mais pas une gaminette : une jeune femme) percute dans une ruelle sombre un Mage Noir de sinistre réputation, ce qui met le monsieur très en colère, et il décide de la punir.

Il ne m’arrivait que très rarement de me retrouver seule la nuit dans le Kaimas, et lorsque cela se produisait, j’évitais soigneusement les abords du Mélanos, le quartier des Mages Noirs où en tant que Mage Blanche j’étais en danger, d’autant que ma magie n’était pas encore assez puissante pour pouvoir me défendre et m’éclipser à ma guise.
Mais dans le monde magique, il arrive souvent que l’on doive faire le contraire de ce qu’on voudrait faire, poussé par des forces invisibles qui dépassent la volonté.
C’est ainsi que ce soir-là, sortant un peu tard d’un rendez-vous à L’Epicure, et pour être honnête rendue un peu ivre par l’abus d’un Xérès de grande qualité, en me rendant à la Fontaine d’Apparition pour rentrer chez moi, je me suis retrouvée dans une ruelle sombre, en plein dans le quartier occulte. Comment, je l’ignorais. Mais j’étais seule, et lorsque j’entendis un bruit derrière moi, je me mis à courir sans trop regarder où j’allais, ma baguette à la main. Je n’eus pas le temps de courir bien loin, avant de me heurter violemment à quelque chose qui se trouvait sur mon chemin, de me retrouver projetée en arrière et de m’étaler de tout mon long.
Quelque chose. Ou plutôt quelqu’un.

Il est d’ores et déjà en précommande, et sortira le 1er décembre, mais uniquement en numérique : pour 96 pages, je ne vois guère d’intérêt à faire une version papier, on verra dans quelques années lorsque j’aurai terminé la série. En tout cas, j’espère que vous prendrez beaucoup de plaisir (parce que, spoiler qui n’en est pas vraiment un : eux en prennent beaucoup) avec Cordelia et Socrates !

Les personnages de roman comme des Horcruxes

C’est la phrase qui est venue l’autre jour sous ma plume (enfin, mon stylo, mais plume c’est plus joli) dans ma séance d’introspection du soir. Les personnages de romans sont comme des horcruxes : l’écrivain y cache une partie de son âme.

(Alors les horcruxes, pour ceux qui ne connaîtraient pas Harry Potter : c’est un objet, ou pourquoi pas une personne, dans laquelle un sorcier cache un morceau de son âme, afin de devenir immortel. C’est de la magie très noire, puisqu’il faut pour cela déchirer son âme, et pour déchirer son âme il faut commettre un meurtre, évidemment, ce n’est pas de cela que je parle, mais vous voyez l’idée).

C’est une des magies de l’écriture, ça : parfois, des phrases surgissent, on ne sait pas d’où, et elles révèlent une vérité essentielle.

Ce soir-là, je réfléchissais à Adèle. Le résumé de mon état émotionnel actuel, c’est que, justement, je me sens coupée de mes émotions, je vis dans mon mental, et lorsque je suis dans l’espace de l’écriture, je m’ouvre et j’ai accès à ce qui, le reste du temps, en tout cas du temps actuel, est soigneusement verrouillé, et c’est pour cela, aussi, que l’écriture m’est aussi vitale que l’air que je respire.

Et, donc, ma réflexion était que ce texte est pourtant beaucoup moins personnel et intime que les autres : L’Aimante, on s’en doute un peu j’imagine, le prochain, qui sortira en février, également, même s’il reste entièrement fictionnel, sont des récits très intimes.

Adèle, pas du tout. Et pourtant, il y a bien, chez elle, une partie de moi-même, de mon âme.

Et c’est comme ça que cette phrase a surgi. J’ai donc commencé à réfléchir : à quel point cela est-il vrai ? (j’ai conscience que ce n’est pas non plus une idée révolutionnaire, que l’on met un bout de nous dans nos personnages : Flaubert disait « Madame Bovary, c’est moi » ; c’est surtout l’image de l’horcruxe et ses implications, qui m’a frappée : ce morceau de nous, il est immortel).

J’ai réfléchi. Aux personnages qui gravitent autour d’Adèle. Même les mauvais (un, surtout). A mon deuxième roman, et ces deux personnages forts qui s’affrontent et s’opposent et semblent n’avoir rien de commun : et bien, ils sont pourtant tous les deux un aspect de moi. Et cela fait du bien d’en prendre conscience.

J’ai déjà parlé de l’effet miroir et des personnages de roman, et bien sûr, c’est lié. Mais, pour le créateur de ces personnages, cela va plus loin. Ils ne sont plus seulement un miroir : ils sont un bout de nous. Sans avoir besoin de tuer personne, c’est le grand avantage. Notre âme reste entière, j’ai même envie de dire que le processus aide à l’unifier, et c’est d’ailleurs pour cela que j’insiste toujours sur l’importance de l’écriture dans le processus d’individuation.

Ecriture de soi et de l’intime, mais aussi la fiction. Parce que cela nous permet de voir beaucoup de choses qui, sans cela, resteraient cachées. Des parts de nous à réconcilier et intégrer.

Et à bien y réfléchir, je me demande si cela ne fonctionne pas dans les deux sens. Si, à force de les fréquenter intimement pendant des semaines, des mois, les personnages ne laissent pas un morceau d’eux chez leur créateur, une empreinte qui les transforme et que c’est pour cela que les écrivains « ne sont pas tout seuls dans leur tête ». Ils y sont avec leurs personnages.

Je me demande si Rowling y a pensé. Il est possible que oui, mais il est aussi possible que non, tant une autre vérité est que nous ne possédons pas toutes les clés de nos œuvres (c’est d’ailleurs ce qui arrive dans mon deuxième roman, le personnage masculin révèle au personnage féminin le sens profond de ce qu’elle a écrit) (bientôt, juré, vous en saurez plus sur ce roman et notamment le titre).

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Autobiographie littéraire

En relisant Claudine à l’école, je me suis souvenue d’un projet que j’avais commencé il y a plus ou moins cinq ans, à un moment où Le Truc (ce pavé de plus de mille pages que peut-être je ne publierai jamais mais que j’ai eu et que j’ai toujours besoin d’écrire) s’enlisait un peu.

En fait, en écrivant ce Truc (il a un vrai titre, rassurez-vous), je m’étais penchée sur la manière dont s’était construit mon imaginaire et à travers lui la personne que je suis. Me rendant compte que dans les faits, je n’ai rien vécu de mon adolescence : toujours mise à l’écart par les autres, jamais invitée aux fêtes ou presque jamais, souvent laissée seule, et bien, je lisais. Je vivais par procuration.

Ce qui donne cette phrase, dans L’Aimante : A l’aube de sa vie d’adulte, elle avait beaucoup lu, mais elle n’avait rien vécu.

Et je trouvais donc intéressant (pour moi, en tout cas) d’interroger les livres, romans, essais, poèmes, pièces de théâtre, mais aussi les gens, auteurs ou non, qui m’ont construite, en tant que femme et en tant qu’écrivaine — puisque les deux sont indissociables.

En relisant Claudine à l’école, y cherchant les traces de la jeune fille mal dans sa peau que j’étais (je sais qu’il est très peu probable que je retrouve mes journaux de l’époque, donc je me cherche dans les livres), je me suis dit, mais pas très fort, qu’il faudrait que je reprenne ce projet. Mais sans plus de conviction que ça.

Il me fallait donc une autre impulsion, que j’ai reçue par la poste : un livre dont je vous reparlerai la semaine prochaine, L’Âge bête de Géraldine Dormoy, qui se penche sur ses souvenirs d’adolescente afin de faire la paix avec certains de ces souvenirs et se réapproprier son histoire.

Quelque chose que je serais bien en peine de faire, car il n’y aurait pas grand chose à raconter. J’ai beau creuser : je n’ai que peu de souvenirs précis, c’est très mental, je pense que pour me protéger j’ai oublié beaucoup de choses et je vois mon adolescence un peu comme un long tunnel dont j’attendais de sortir à l’âge adulte, et de fait dès l’année après le bac, j’ai enfin eu de vrais amis, je me suis épanouie intellectuellement alors qu’au lycée je végétais, et j’ai découvert la sensation de plaire enfin à l’autre sexe.

Bref, je me disais ça : je ne vois pas bien ce que je pourrais raconter, moi. Et pof, qu’est-ce qui a surgi dans mon esprit ? Cette sorte d’autobiographie littéraire.

Alors bien sûr, il faut que cela mûrisse, mais comme je ne suis pas à un projet près, j’ai très envie de m’y remettre : j’ai une idée de ce que je pourrai en faire, si ça se trouve je n’en ferai rien du tout, mais pour moi, je pense que c’est intéressant.

Et si je vous demandais quels livres vous ont façonné, où les personnes liées de près ou d’un peu plus loin à la littérature qui ont eu de l’importance dans votre construction, que me répondriez-vous ?

Autrice indépendante : le chaudron qui bouillonne

Parmi toutes les peurs de l’écrivain, qui à la fête foraine de l’angoisse a tendance à vouloir essayer tous les manèges, il y a celle-ci : est-ce que j’ai encore un roman en moi ? Est-ce que je suis capable de donner naissance à une nouvelle histoire, ou est-ce que j’ai dit tout ce que j’avais à dire ?

Je crois que cette interrogation revient sans fin, que l’on en ai écrit un, deux, ou cinquante. Et c’était une de mes interrogations en me lançant dans le projet Adèle : est-ce que la grande magie va opérer à nouveau ?

Resituons le contexte : comme je travaille par couches, et que mon deuxième roman n’attend que les derniers retours de bêta-lecteurs pour les ultimes corrections et le travail éditorial, je me suis dit que le moment était venu de mettre en chantier le troisième. Et parmi plusieurs idées (et là, je me fais plutôt confiance : les idées de départ, ce n’est pas ce qui manque et ça n’a jamais manqué) c’est celle-ci qui montrait le plus d’insistance pour que je l’écrive.

Oui, mais : j’avais l’idée de départ, certes. Mais tout le reste ?

En outre, je devais changer mon processus, à savoir que ce roman, pour être écrit, demandait des recherches précises sur beaucoup de sujets. Alors, c’est ce que j’ai fait, suivant la sérendipité, un sujet en conduisant à un autre, à une idée, à un personnage. Ces recherches m’ont occupée pas mal de temps, et c’était l’objectif principal de Preptober. On est à un peu plus de la milieu du parcours de cette dernière ligne droite préparatoire.

Et… encore une fois, la magie opère. Des recherches naissent des idées, des thèmes, des scènes. La chronologie se met en place. De nouveaux personnages s’invitent, que je prends plaisir à découvrir, qui ne me disent pas encore tout mais ça, je sais que c’est en phase d’écriture que ça se produit.

Depuis quelques jours, ce sont des phrases. Des morceaux. Des paroles, qui tournent dans ma tête. Et, encore une fois, je suis absolument émerveillée de la manière dont le chaudron finit par se remettre à bouillonner. Je ne peux pas encore être totalement sûre de ce que cela donnera, mais enfin, je crois que je suis pas mal prête pour commencer mon NaNoWriMo le 1er novembre, et j’ai hâte de me lancer dans l’écriture concrète, les mots qui naissent par cohortes, l’histoire qui se déploie.

Comme par magie…

Preptober

Dans l’Invitation à un voyage créatif, je vous encourage à vous lancer dans des petits défis créatifs. Et pour un écrivain, quel défi plus stimulant que le NaNoWriMo, National Novel Writing Month qui a lieu tous les ans au mois de novembre ?

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s’agit d’écrire un roman de 50000 mots en un mois. Ce qui fait 1667 mots par jour, en moyenne. Il paraît que pour un écrivain, c’est une expérience enrichissante, qui permet d’apprendre beaucoup et de progresser.

Bon : je ne m’inscrits pas pour « gagner ». D’ailleurs il n’y a rien à gagner, sinon la satisfaction d’avoir réussi, et je ne vise pas les 50000 mots. Je vise les 30000, ce qui serait déjà pas mal, et ce sera vraiment un premier jet. En fait, mon défi personnel sera d’écrire tous les jours pendant un mois. Mais on en reparlera.

Aujourd’hui je voulais vous parler de Preptober : le NaNoWrimo, c’est comme un marathon, et un marathon, ça se prépare, d’où le fait que le mois d’octobre a pris ce nom de « preptober ».

Ce que je trouve intéressant, c’est que cela m’oblige à faire le point sur là où j’en suis du projet Adèle. Les recherches ne sont pas terminées, mais je connais mon processus d’écriture et certaines choses se dévoileront au fur et à mesure.

Pour être prêt à se lancer dans le NaNoWriMo, on a besoin :

  • De connaître son roman, évidemment : les personnages, le contexte, l’histoire. Je connais parfaitement Adèle, j’ai bien cerné d’autres personnages, un nouveau s’est invité hier soir donc il faut qu’il m’en dise plus sur lui et sans doute d’autres viendront (au moins un, mais pour l’instant c’est l’Inconnu Mystère) ; l’histoire je la connais dans les grandes lignes, j’ai les « pierres de touche » chronologiques mais j’ai quelques décisions à prendre ; les recherches sur le contexte ont très bien avancé, j’ai quelques sujets à investiguer puisque mes recherches se font en arborescence, mais j’ai déjà une bonne base et il me reste presque un mois pour solidifier.
  • De s’inscrire. C’est fait, mais je n’ai pas encore pris le temps de prendre connaissance de toutes les ressources du site.
  • D’organiser et de planifier : ça c’est devenu une de mes grandes forces, et à première vue je devrais parvenir à dégager du temps chaque jour, mais sans aller jusqu’à planifier l’objectif de chaque séance d’écriture (ce n’est pas comme ça que je travaille, et il faut aussi tenir compte de son processus, ainsi que de son rythme et de sa routine). J’ai donc préparé dans mon Bullet Journal une page avec un tracker d’écriture (même s’il y en a un sur le site avec un joli graphique) et un système de paliers, avec des récompenses, j’y reviens plus bas.
  • De préparer ce dont on va avoir concrètement besoin : bon, l’ordinateur avec le traitement de texte, c’est bon ; je me suis bricolé une couverture provisoire que j’ai affichée sur mon moodboard avec la photo d’Adèle ; mon bureau est toujours en configuration « écriture » ; restent les « récompenses ». J’ai toujours trouvé bizarre de se récompenser pour avoir écrit : pour moi la récompense est d’écrire en soi, mais puisque tout le monde le fait et que j’ai envie de vivre pleinement l’expérience, je me suis prévu une petite liste de petits plaisirs pour chaque palier atteint. Pour patienter avant mon calendrier de l’Avent.

Voilà, donc il me reste un mois pour tout finaliser, et je trouve cela pas mal d’avoir une date butoir : cela m’évitera de m’engloutir dans les recherches (je me connais) et de m’obliger à me lancer concrètement dans l’écriture, même si ça ne sera qu’une des nombreuses phases de naissance du roman.

Et vous, vous avez déjà participé au NaNo ? Cela vous tente ?