Ce que je sais de Vera Candida, de Véronique Ovaldé

Une lignée de femmes

Sa grand-mère Rose Bustamente disait toujours qu’il fallait se choisir un homme beaucoup plus âgé que soi « parce qu’ils en ont fini avec leurs problèmes et peuvent ainsi s’occuper des tiens », elle ne disait jamais ce que les femmes de Vatapuna répétaient sans cesse, qu’elles attendaient d’un homme qu’il soit travailleur, qu’il les aime et les respecte, parce que, quand elle entendait ça, Rose Bustamente levait les yeux au ciel, haussait les épaules et s’exclamait, Autant espérer une pluie d’or du cul d’un âne.

Après Des vies d’oiseaux, j’ai eu envie de continuer à découvrir Véronique Ovaldé et j’ai choisi le roman d’elle qui est je pense le plus connu, et qui m’intriguait depuis pas mal de temps !

Il y a d’abord Rose qui, après avoir été de longues années « la plus jolie pute de Vatapuna », s’est reconvertie dans la pêche aux poissons volants, avant de donner le jour, à plus de 40 ans, à une petite fille qui n’a pas vraiment de père.

Il y a ensuite Violette, cette petite fille, un peu simplette, qui tombe enceinte à 15 ans d’on ne sait qui, et donne à son tour naissance à une petite fille.

Il y a enfin Vera Candida, élevée par sa grand-mère, et qui, lorsqu’elle se retrouve enceinte à 15 ans, décide de fuir Vatapuna.

Faire d’une vie un destin

Ce roman fut pour moi un véritable enchantement, et il m’a beaucoup plus convaincue que Des Vies d’oiseaux. Il émane de ce texte une grande poésie et une grande douceur, dans un style bien particulier qui nous donne accès en quelque sorte aux marges du monde réel, un lieu presque utopique d’Amérique du sud où la vie semble s’écouler avec une langueur extrême.

Dans ce roman, ce sont les femmes qui ont la part belle, c’est presque un roman de femmes : s’ils ne sont pas totalement absents, les hommes sont souvent réduits à de simples figurants, souvent lâches et égoïstes sinon monstrueux, à l’exception notable du personnage d’Itxaga, qui redore ce blason masculin.

Et parmi ces femmes émerge Vera Candida, dont la vie s’élève au rang de destin, et dont le portrait magnifique ne peut que nous émouvoir : elle paraît si forte et se révèle pourtant si fragile, farouche, blessée, elle a du mal à se laisser aller au bonheur et à l’amour comme si une malédiction familiale planait sur elle ; en quittant Vatapuna, c’est ce cercle infernal qu’elle a voulu briser, et grâce à son courage, elle y réussit. Presque.

Car si on lit presque avec angoisse ce qui va arriver, la fin pourtant est déjà connue : le roman s’ouvre sur l’aboutissement et le retour de Vera Candida à Vatapuna. On sait, donc.

D’ailleurs, ce procédé littéraire de faire commencer les romans par leur fin ou presque pour enchaîner ensuite sur une analepse semble de plus en plus répandu, et je dois avouer qu’il me laisse sceptique : j’ai l’impression qu’en quelque sorte on me gâche un peu le plaisir, car lire en sachant que tout est perdu d’avance ou espérer une fin peut-être heureuse, ce n’est pas la même chose.

Je comprends ce choix car il a un sens, je suppose que l’auteur a ses raisons, esthétiques, narratives, éventuellement philosophiques, de choisir une telle construction en cercle, mais pour ma part je n’adhère pas totalement et ce serait un peu le seul reproche que j’aurais à formuler envers ce roman.

Qui reste néanmoins un roman magnifique, à découvrir si ce n’est déjà fait !

Ce que je sais de Véra Candida (lien affilié)
Véronique OVALDÉ
L’Olivier, 2009 (J’ai Lu, 2011) 

Une réponse à « Ce que je sais de Vera Candida, de Véronique Ovaldé »

  1. Avatar de La Grâce des brigands, de Véronique Ovaldé | Cultur'elle

    […] Lire aussi : Des vies d’oiseaux, Ce que je sais de Vera Candida […]

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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