Le premier amour, de Véronique Olmi

Le premier amour, de Véronique Olmi

La force du premier amour

J’avais laissé sans remords l’homme avec lequel j’avais partagé vingt-cinq années et plus de sept mille nuits. J’étais partie sans me retourner et qu’avais-je jamais fait d’autre qu’avancer sans faillir, et confondre mes souvenirs avec la nostalgie, mes chagrins avec l’attendrissement, et la paresse avec le temps perdu ?
J’avais quitté la France et passé une frontière qui n’existait plus et j’entrais en Italie comme au cœur de moi-même, comme si cet homme qui m’attendait pour je ne sais quelle raison, détenait Emilie Beaulieu intacte, pas fatiguée encore, si peu multiple et dispersée, une adolescente occupée à rien d’autre qu’elle même, et qui marchait dans le monde en souriant et avec une si haute opinion de la vie.

Cela faisait quelque temps que ce roman de Véronique Olmi, acheté par hasard (à cause du titre) traînait, et c’est lui que j’ai finalement décidé d’emporter pour mon séjour à Paris, car il me semblait de la longueur idéale pour ces quelques jours et puis, il parle de voyage alors, c’était parfait.

Le jour de son anniversaire de mariage avec Marc, Emilie, la narratrice, a préféré, au restaurant trop convenu, organiser les choses elle-même : dîner aux chandelles, épaule d’agneau et Pommard, qu’elle descend chercher à la cave.

Mais la bouteille ne sera pas ouverte, pas ce soir-là, pas par Emilie : en la déshabillant de son enveloppe faite des pages annonces de Libé, elle tombe sur un appel qui lui est adressé. Par Dario, son premier amour, qui lui demande de la rejoindre à Gênes. Alors, sans hésiter, elle prend la route…

Retrouver ce qu’on a perdu

L’autre jour que je bullais tranquillement au soleil à une terrasse de café, une diseuse de bonne aventure s’est jetée sur moi pour me dire que mon premier amour m’avait rendue bien malheureuse (et que Dieu lui avait demandé de m’aider… ben tiens !). C’est un fait, mais, comme j’ai failli lui répondre, n’est-ce pas toujours le cas ?

Un premier amour se termine toujours mal, sinon, il ne serait pas premier, mais unique.

Et pourtant, ce premier amour, il nous marque et nous façonne à vie, en bien ou en mal. C’est celui auquel on pense les soirs de spleen, comme une espèce de Paradis perdu de l’innocence, quand tout était encore possible et l’avenir ouvert.

Alors, on ne peut que comprendre la narratrice qui, bien qu’elle aime profondément son mari, part à l’aventure à la recherche de ce premier amour, elle qui s’est un peu perdue en cours de route, de sa route, et qui espère alors, un peu, se retrouver.

C’est beau, mais c’est aussi profondément triste, plein de mélancolie et de nostalgie, presque tragique (ce n’est pas ce que l’on pourrait croire à première vue).

La narratrice effectue un voyage géographique, une sorte de road novel ponctué de rencontres éphémères et marquantes, qui est aussi un voyage dans le temps, et dans les souvenirs.

Jusqu’à Gênes, où elle va trouver… je ne vous dirai pas quoi.

C’est un très très beau roman, d’une autrice que je relirai, peut-être bientôt, car j’aime son écriture et j’aime sa manière de parler d’amour…

Le Premier amour (lien affilié)
Véronique OLMI
Grasset, 2010 (Livre de Poche, 2011)

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