La Petite, de Michèle Halberstadt

Disparaître

J’avais cessé de croire aux cigognes en même temps qu’au père noël, mais je ne comprenais toujours pas ce que voulait dire cette formule magique qui, dans les livres, faisait crier les hommes et soupirer les femmes, ce paroxysme autour duquel des pages entières étaient écrites sans jamais en donner le sens, ce parcours du combattant qui, d’un auteur à l’autre, prenait deux heures ou trois minutes, rendait les femmes comblées ou amères, mais très souvent enceintes, tournait la tête aux plus vertueuses et pouvait conduire les plus raisonnables aux portes de la folie : « faire l’amour« . Qu’est-ce que cela voulait dire concrètement, techniquement ? A qui poser la question ?

Une lecture courte, mais intense…

Cela commence très mal : la narratrice a douze ans, et annonce, dès les premières lignes, qu’elle a le matin même avalé tous les médicaments de la maison avant de partir à l’école. Parce qu’il faut faire ce que l’on a vraiment envie de faire, et qu’elle a envie de disparaître. En attendant la fin, elle écrit.

Le mal-être adolescent

Voilà un texte qui m’a beaucoup remuée, car il aborde avec beaucoup de sensibilité un sujet difficile : le mal-être des adolescents. Même si l’histoire se passe dans les années soixante, il y a dans ce roman quelque chose d’universel et d’intemporel.

Il décrit l’enfermement de l’adolescent dans une bulle qui finit par devenir une véritable cellule : on la tient à l’écart, « la petite » comme on l’appelle, la diminuant, lui donnant l’impression d’une existence moindre, même à l’école où elle n’a pas d’amis car elle a un an d’avance. Alors elle  finit par se couper de plus en plus du monde de son propre gré, cherchant à s’effacer, à devenir invisible.

C’est une gamine désespérée, qui voudrait être quelqu’un, quelqu’un d’autre surtout, qui ne se sent pas aimée et à qui on ne cesse de donner le sentiment de n’être personne. Une gamine qui cache une véritable âme d’artiste et qui ne se sent pas de ce monde.

Alors, bien sûr, tout cela pourrait paraître assez lourd et étouffant, d’autant que le texte est finalement très dense, mais il s’agit plus tôt d’une très belle leçon de vie, portée par une écriture percutante et sensible !

La Petite (lien affilié)
Michèle HALBERSTADT
Albin Michel, 2011

Un petit mot ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Je suis Caroline !

Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

Bienvenue sur mon site d’autrice et de blogueuse lifestyle, sur lequel je partage au quotidien ma manière poétique d’habiter le monde !