Il en va de la lecture comme d’un amour ou du beau temps : personne ni vous n’y pouvez rien. On lit avec ce qu’on est. On lit ce qu’on est. Lire c’est s’apprendre soi-même à la maternelle du sang, c’est apprendre qui l’on est d’une connaissance inoubliable, par soi seul inventée.
Il y a peu, je (re)découvrais Christian Bobin avec Une petite robe de fête, qui m’avait tellement illuminée que je m’étais promis de me procurer d’autres de ses textes dès que mes escarpins me mèneraient dans une librairie. Ce qu’ils n’ont pas manqué de faire, les coquins, et j’ai choisi ce volume parmi d’autres, car c’est celui dont la quatrième de couverture et le titre me parlaient le plus.
Onze textes composent ce recueil. « La part manquante », qui lui donne son titre, parle de la solitude des jeunes mères et de l’amour infini que leur confère la maternité, leur permettant de voir l’invisible inaccessible aux hommes.
« La Baleine aux yeux verts » aborde les bonheurs de la lecture, notamment enfantine, qui agrandit la vie et permet de ne pas choisir parmi l’infini des possibles.
« La fleur de l’air » met en évidence la magie et l’émerveillement de l’enfance.
« La meurtrière » évoque l’histoire d’un livre qui dépasse le temps, livre de lumière que l’on ne peut ni lire ni dire.
« Celui qui ne dort jamais » raconte l’histoire d’un homme qui a perdu la part essentielle de lui-même et pour qui l’argent a remplacé Dieu.
« Les preuves en miettes de l’existence de Dieu » énumère les petites choses qui nous éclairent.
« La pensée errante » traite l’amour et la jalousie qui mène à la fin de cet amour.
« La voix, la neige » évoque une promenade dans la neige et l’émotion d’un chant.
« La parole sale » retranscrit une étrange conversation avec une femme.
« Le billet d’excuse » nous parle de l’Ennui.
Enfin, « L’Écrivain » met en scène un auteur qui lit publiquement ses textes.
Malheureusement, je n’ai pas aimé ce recueil. L’écriture est là, lumineuse, intense, magnifique, mais je n’ai pas été touchée, sinon ponctuellement. Je n’ai pas été touchée parce que les thèmes abordés ne m’ont pas parlé.
Autant dans Une petite robe de fête l’auteur parlait d’amour et d’écriture avec des mots qui m’ont éblouie, autant ici les sujets m’ont laissée de marbre. Beaucoup de textes sur l’enfance. Mais, surtout, pas assez d’amour et trop de Dieu : ce recueil est empreint d’un mysticisme chrétien qui, lorsqu’il ne m’a pas laissée de marbre, m’a carrément agacée.
Je me suis renseignée plus avant et découvert que c’était une des préoccupations essentielles de l’auteur, dont les œuvres accordent une grande place à la foi chrétienne, sauf miraculeusement Une petite robe de fête, ou alors cela m’a échappé au profit de ce qui me touchait vraiment. Toujours est-il que l’illumination ne s’est pas faite cette fois, que peut-être finalement cet auteur n’est pas pour moi et que mon bonheur de lecture de la dernière fois n’était qu’un hapax. Je ne sais pas…
La Part manquante (lien affilié)
Christian BOBIN
Gallimard, 1989









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