Equilibrium, de Kurt Wimmer

But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams. (William Butler Yeats, « He wishes For The Cloths Of Heaven ») 

A la fin du XXIème siècle. Après la Troisième Guerre mondiale, les autorités, afin de sauver l’humanité de sa perte, ont décidé éradiquer toutes les émotions, sources du mal.

Chaque matin, les humains doivent donc prendre une dose de Prozium. Mais certains résistent : ces transgresseurs refusent de devenir des robots sans âme, et se cachent dans les Enfers, où ils protègent les œuvres d’art.

John Preston, lui, est un Ecclésiaste, dont le travail est d’éradiquer ces délinquants. Mais un matin il casse sa dose de Prozium, et ne peut pas s’en procurer une nouvelle…

Un film assez méconnu, qui n’a pas eu un succès énorme lors de sa sortie, et que je tiens pourtant pour l’un des meilleurs dans le genre. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’il s’agit d’un véritable film d’action, rythmé et spectaculaire avec des scènes de combat chorégraphiées à couper le souffle.

Mais évidemment, ce n’est pas tout : la réussite, c’est que cette dimension spectaculaire se met au service d’une réflexion profonde sur l’humain. Le monde qui nous est proposé est une utopie/dystopie, univers très à la mode, dont le modèle est évidemment inspiré de grands auteurs comme Huxley, Orwell ou Bradbury (j’ai aussi beaucoup pensé au Passeur de Lois Lowry).

Un monde aseptisé, où pour son bien l’homme est privé des libertés les plus essentielles ; un monde où l’homme est transformé en robot : plus de guerre ni de faim ni de mal, mais plus non plus d’amour ni d’art (puisque l’art suscite des émotions, toutes les œuvres sont interdites et détruites au lance-flammes, comme dans Fahrenheit 451 ).

Un état totalitaire, donc, mais ce qui est frappant, c’est l’imagerie utilisée pour le décrire : on a à la fois des images qui rappellent le nazisme ou le communisme, et d’autres beaucoup moins attendues a priori : celles de la religion ; le chef de cet Etat sans âme, c’est le Père, et il apparaît devant une croix pattée ; l’Ecclésiaste fait régner l’ordre ; les rebelles vivent dans les Enfers, et s’ils sont attrapés ils sont brûlés, comme des sorcières.

Assez frappant, et de fait, largement explicable : toutes les utopies, tous les rêves de sociétés idéales, se fondent sur une uniformisation du divers humain, et ne peuvent aboutir finalement qu’au cauchemar totalitariste de la dystopie ; et la religion est bien, elle aussi, une utopie.

Je ne suis pas du tout une amatrice de science-fiction, mais ce film-là, pour toutes ces raisons, me plaît. J’aime voir John Preston apprendre petit à petit ce que sont les émotions, être submergé par elles, et comprendre que c’est ça, l’humain. Et qu’il faut l’accepter avec ses forces et ses faiblesses.

Equilibrium
Kurt WIMMER
2003

 

5 réponses à « Equilibrium, de Kurt Wimmer »

  1. Avatar de Bernieshoot
    Bernieshoot

    Je découvre, soit j’ai oublié soit je suis passé à côté

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  2. Avatar de Asphodèle

    J’adore cette phrase de Yeats ! 😀 Le film, euh…pas sûre !

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  3. Avatar de Arieste

    Tu as bien raison d’en parler, ce film est injustement méconnu !

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  4. Avatar de tinalakiller
    tinalakiller

    Un film pas forcément original (un peu trop de références à de grandes oeuvres de SF) mais tout de même bien foutu.

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  5. Avatar de Guy
    Guy

    bah , lire et regarder la science fiction peut donner du bonheur 😉 c’est tout de même un genre dont le socle regorge de magnifiques romans !
    Je suis passé à côté de ce film là mais votre note avive ma curiosité.. ! many thanks

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