Mémoire olfactive

Parmi des centaines, ces quinze nouvelles ont été choisies par un jury de connaisseurs. Connaisseurs de parfums tout autant que de mots et des liaisons mystérieuses qui unissent ces deux peuples. Ce sont quinze nouvelles, donc quinze univers. Avec chacune un parfum pour personnage. Et chacune apportant la preuve de l’importance des senteurs dans notre existence. Selon les moments, elles nous troublent, nous alertent, nous effraient, nous enchantent. Elles sont comme les chansons, elles nous accompagnent tout au long des jours et des années. Je me souviens, je portais « Shalimar ». Oh, qu’il avait mauvais caractère, mais son « Habit rouge » ne m’a jamais quitté.

Je voulais répondre à l’appel à texte pour ce recueil, mais je n’ai jamais réussi à construire une histoire autour de mon odeur, mélange de tabac, de café et de vétiver. Je pense que cela faisait appel à des choses beaucoup trop intimes. Mais enfin, d’autres ce sont mieux débrouillés que moi, et c’est pas moins de 500 participations qui ont été reçues par les organisateurs.

Le jury, présidé par Laurent Boillot, président-directeur général de la Maison Guerlain, parrainé par Erik Orsenna, de l’Académie française, et composé de Philippe Besson (écrivain), Noëlle Chini (libraire au Bon Marché), Philippe Claudel (écrivain qui s’y connaît en mémoire olfactive), Kéthévane Davrichewy (écrivain), Elisabeth de Feydeau (écrivain), Pascale Frey (critique littéraire pour le blog onlalu.com et responsable du Grand Prix des lectrices de Elle), Adrien Goetz (écrivain), Delphine Peras (critique littéraire à L’Express), Lydia Bacrie (rédactrice en chef de L’Express Styles), Élisabeth Sirot (directrice du patrimoine Guerlain) et Pom Bessot (éditrice au cherche midi éditeur), a choisi quinze nouvelles, qui sont réunies dans ce livre, un très bel objet soigné, car en parfumerie, le flacon compte beaucoup.

La fragrance qui s’en échappe est subtile ; toutes différentes, les nouvelles mettent en évidence le lien animal de notre mémoire aux odeurs. Mémoire involontaire qui resurgit parfois au coin d’une rue ou dans un ascenseur. J’ai, surtout, été très agréablement surprise par la grande qualité de ces nouvelles, alors même que — je trouve — parler des odeurs et des parfums est extrêmement difficile. Des nouvelles tour à tour drôles ou émouvantes, mais toujours signifiantes.

Je ne peux que vous encourager à plonger le nez dans ce recueil, à vous l’offrir et à l’offrir (un joli cadeau de fête des mères), d’autant que c’est pour la bonne cause : l’ensemble des droits d’auteur sera reversé aux Restos du Cœur pour leur atelier de lutte contre l’illettrisme.

Mémoire olfactive
Le cherche-midi/Les Abeilles de Guerlain, 2015

8 commentaires

  1. Ludo dit :

    Noté, je crois que je vais aimer!!

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  2. GentlemanW dit :

    Un beau livre ! à lire près d’un bouquet de pivoines mais aussi en compagnie de son amoureuse et sa petite robe noire !

    Bises

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  3. Lauraline dit :

    😦 Je suis en train d’écrire un recueil de nouvelles….autour des noms de parfums !! Bon, je vais être bonne perdante, je vais lire celui-ci qui d’après ton billet, a l’odeur de la lecture-plaisir autant que de la lecture utile…

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    1. C’est une jolie lecture, mais qui je pense ne fait pas doublon avec ton propre projet !

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