Nous sommes cruels, de Camille de Peretti

Comme vous y allez. Paladin, amour courtois et Histoire de France ; je propose Laclos. Non seulement il est l’auteur de mon livre préféré, mais surtout ce sera beaucoup plus amusant. Je serai Merteuil et vous serez Valmont, nous nous dirons tout, comme vous le suggériez dans votre première lettre, et nous intriguerons, ce qui vous tirera de l’angoisse des soirées entre garçons au pensionnat de Saint-Cyr, car je me suis renseignée.

J’ai acheté ce roman à Lire à Limoges, assorti d’une gentille dédicace de l’auteure. Il faut dire que vu mon amour pour Les Liaisons dangereusesdont il est une réécriture, je l’avais en ligne de mire depuis un certain temps, et je n’ai donc pas (trop) tardé à me plonger avec délices dans cette lecture.

Par désœuvrement, deux jeunes gens brillants, Julien et Camille, encore très enfantins dans leur cruauté, s’amusent à jouer le rôle de leur personnages préférés : Valmont et Merteuil ; il s’écrivent des lettres, se lancent des défis, exhibent leurs trophées et brisent les cœurs. Ils apprendront, mais un peu tard, qu’on ne badine pas avec l’amour.

Absolument brillant, ce roman parvient à faire totalement oublier le point de départ assez déconcertant, celui par lequel de jeunes adultes (de la fin des années 90) s’envoient de vraies lettres sur du vrai papier, lettres qui sont en outre d’une grande qualité d’écriture.

Très vite, on se prend à ce jeu pervers et cruel : ils sont la nouvelle aristocratie, l’élite intellectuelle nourrie de références littéraires, et qui, finalement, ne parvient plus à faire la différence entre la fiction et le monde.

Si leurs modèles sont des êtres de papiers, si leurs missives sont de véritables morceaux de littérature, leurs victimes, elles, ont un cœur et une âme, et ils les torturent comme les enfants arrachent les ailes des papillons, croyant qu’elles vont repousser. On a là, finalement, un roman d’apprentissage tragique dans lequel l’idéal, fût-il perverti, finit par laisser la place à la réalité et à l’âge adulte. Mais trop tard.

Un roman délicieusement décadent et pervers, brillamment écrit, qui réactualise à la perfection le genre du roman épistolaire et le libertinage du XVIIIe siècle pour mieux mettre au jour les errances de notre époque. A lire absolument si ce n’est pas déjà fait !

Nous sommes cruels (lien affilié)
Camille de PERETTI
Stock, 2006 (livre de poche, 2008)

8 commentaires

  1. Mind The Gap dit :

    Rhooo mais il y a plein de choses qui me tentent chez toi. J’envisageais un temps de lire Blonde à forte poitrine puis bof. Mais celui-ci pourrait me plaire et c’est un poche…

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  2. Mokamilla dit :

    Comme toi, j’aime d’amour le chef d’œuvre de Laclos. J’ai donc sauté sur ce titre à sa sortie et je l’ai adoré. Quelle plume!!
    Hélas, nous sommes à des kilomètres de cela (à mon sens) avec Blonde à forte poitrine.

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    1. C’est très différent, mais j’ai aimé aussi !

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  3. anaverbaniablog dit :

    J’ai lu un livre de cette auteure dernièrement, Thornythorinx… rien à voir puisqu’il s’agit de son témoignage sur une période sombre de sa vie (anorexie-boulimie). J’ai bien accroché à son style, donc je pense continuer mes découvertes de son oeuvre… 🙂

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    1. Oui, elle a une belle écriture !

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  4. MarionRusty dit :

    C’est rare une bonne réécriture, si celle là en est une je suis totalement preneuse!

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