La honte est comme la douleur : on ne l’éprouve qu’une fois…
Fort logiquement (cela m’arrive, parfois, d’agir logiquement), après avoir revu la version de Forman, j’ai eu envie de me replonger dans l’adaptation de Frears, qui a été faite en même temps et est sortie à peine quelques mois avant.
Pour se venger de son amant, la Marquise de Merteuil charge le Vicomte de Valmont de séduire la jeune Cécile de Volanges, qui, à peine sortie du couvent, doit se marier avec l’amant en question. Mais Valmont refuse d’abord, trouvant l’entreprise beaucoup trop facile pour un artiste de la séduction comme lui, et il a de toute façon une autre proie en vue, la très pieuse Madame de Tourvel.
Délicieusement décadent, le film, très fidèle au roman à quelques coupes narratives près, met parfaitement en lumière les enjeux de l’histoire, et notamment la question de la séduction vue comme un véritable art, la chasse plutôt que la prise.
Le désir, moteur, s’empare de chaque scène, et on est plongé au cœur du XVIIIe siècle dans ce qu’il a de plus sulfureux, de plus voluptueux, de plus raffiné, de plus pervers, de plus grandiose, de plus cruel aussi, et ce dès les premières images, d’une sensualité insoutenables, et qui mettent en regard la Marquise et le Vicomte en train de se préparer.
Le casting est à la hauteur de l’enjeu : Glenn Close en Merteuil vénéneuse, Malkovitch en Valmont charismatique pour qui on vendrait volontiers son âme à qui la voudrait, Uma Thurman en ingénue libertine, Michelle Pfeiffer en innocente persécutée ; Keanu Reeves est un peu le sacrifié, à l’image du personnage de Danceny, qu’on voit finalement peu.
Ajoutons à cela des décors grandioses, des costumes sublimes, une musique parfaitement choisie, des scènes à couper le souffle, et on obtient un film dont on ne peut pas se lasser.
Comparaison n’est pas raison, mais il est clair que malgré ses qualités indéniables, la version de Milos Forman peine à se hisser au même niveau. A une exception près : le choix de changer la fin, qui me semble intéressant en ce qu’il supprime ce qui justement me fait tiquer dans le roman, la victoire des bien-pensants prisonniers de leur carcan religieux sur les libertins, qui ont pourtant tellement de panache !
A voir, et à revoir !
Les Liaisons Dangereuses
Stephen FREARS
1988









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