L’art, en effet, constitue une attraction majeure en matière libidinale. Qui n’a proposé un jour : Venez admirer mes masques gabonais, ma collection de pierre, mon paravent chinois… ? L’appât artistique est, entre tous, le plus imparable car il n’inspire aucune sorte de suspicion. Si bien qu’on peut raisonnablement se demander si l’art ne fut créé aux seules fins de servir de prolégomène à la chose lubrique.
Lydie Salvayre se propose, dans ce petit texte, de faire notre éducation lubrique. Comment ? En envisageant les différentes phases de l’art fornicatoire : l’étreinte préliminaire, la fellation, le cunnilingus, les préambules (que j’aurais plutôt placés avant les deux autres, mais enfin…), les positions, la pédication (je vous laisse chercher), fessée, flagellation et morsure, la vie de sainte Gudule, les politesses, les coutumes, les symptômes du trouble et les symptômes de tiédeur.
Résolument jubilatoire, ce petit texte n’est pas sans rappeler les manuels érotologiques du XVIIIe siècle ou le Pierre Louÿs du Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation : un style ciselé, des mots rares et choisis, un humour fin et spirituel, beaucoup de références littéraires, beaucoup de piques contre la religion : un vrai plaisir d’esthète, plus intellectuel que charnel finalement, mais totalement jouissif (sans mauvais jeux de mots).
Indispensable dans la bibliothèque des amateurs du genre, surtout dans cette jolie édition dont la couverture recèle une petite surprise !
Petit Traité d’éducation lubrique (lien affilié)
Lydie SALVAYRE
Cadex, 2008/2010 (Seuil, 2016)









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