Amour Propre, de Sylvie Le Bihan : périple intime

Il y a plusieurs sortes de femmes, celles qui se réalisent en ayant des enfants, celles qui fuient comme ta mère, celles qui assument et qui regrettent comme toi, celles qui ne peuvent pas en avoir et puis il y a celles qui n’ont jamais voulu en avoir, comme moi. 

Apparemment, je suis enfin sortie de mon impasse fictionnelle, ce qui m’a permis de me plonger enfin dans ce roman qui traînait depuis des semaines mais que je n’arrivais pas à commencer : je savais qu’il allait résonner fort, et je ne voulais pas le gâcher avec mon humeur bizarre. Et, enfin, j’ai pu le lire…

Parce qu’elle a grandi sans mère, celle-ci l’ayant abandonnée à son père lorsqu’elle était toute petite, la narratrice Giulia s’est imposé une vie stable : un travail d’enseignante et trois enfants.

Mais ce n’était peut-être pas ce qu’elle voulait vraiment, et lorsque ses deux fils dont elle espérait qu’ils deviendraient indépendants renoncent à commencer leurs études et s’offrent une année sabbatique, elle fait un burn-out maternel : elle les aime, mais elle espérait vraiment qu’après des années de sacrifices, elle allait enfin pouvoir retrouver sa liberté.

Alors elle plaque tout et va se réfugier à Capri, dans la villa Malaparte, écrivain auquel sa mère vouait un culte et sur lequel elle a entrepris d’écrire un livre.

Un roman qui a doublement résonné en moi.

Giulia est une femme sauvage, encore une fois : une femme qui s’est empêchée et qui n’a pas vécu la vie qu’elle aurait dû, une femme avide de liberté, une femme bancale et qui cherche à être aimée — elle a une telle faim d’amour qu’elle fait fuir les hommes, une femme épuisée et à bout.

Une femme, aussi, qui interroge la féminité, le couple, l’amour, et surtout la maternité : contrairement à ce qu’on nous serine, toutes les femmes ne sont pas faites pour être mère, certaines le regrettent et c’est bien le cas de Giulia.

C’est ce point bien sûr qui m’a plongée dans des questionnements métaphysiques insolubles (j’aime bien me poser des questions sans réponses, visiblement) : cette question, qui ne s’est jamais posée dans ma vie et qui vu mon âge a peu de chances de se poser (ou alors il va falloir accélérer la manœuvre, et c’est mal parti), comment y aurais-je répondu ?

La réponse est, bien sûr, que je n’en sais strictement rien, et que la réponse est peut-être d’ailleurs dans la question, à savoir que j’ai peut-être tout fait, inconsciemment, pour ne pas avoir à me la poser… Mais la réflexion que propose Sylvie Le Bihan sur le sujet est extrêmement intéressante, et en nuances.

Un roman plein de grâce et de gravité en même temps, un roman de la solitude et de l’introspection dans lequel une femme fait face à elle-même, se dépouille de son rôle social pour trouver sa vérité, en résonance avec un lieu mythique et l’œuvre d’un écrivain dont le fantôme plane sur chaque page…

Amour Propre (lien affilié)
Sylvie Le BIHAN
Lattès, 2019

6 réponses à « Amour Propre, de Sylvie Le Bihan : périple intime »

  1. Avatar de Matatoune

    Tiens, tiens…ma curiosité est éveillée ! Je le note ! Merci

    J’aime

  2. Avatar de Mumu dans le bocage

    Depuis sa sortie le thème de ce roman fait écho chez moi, pour d’autres raisons que les tiennes, toutes les femmes ne sont pas construites sur le même schéma….. et je suis de celles-là. Je sais que c’est un livre que je vais lire un jour ou l’autre….. 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Caroline Doudet

      Oui, il résonne probablement de manière différente chez chacune !

      Aimé par 1 personne

  3. Avatar de clara

    Ce livre résonnera forcement chez toutes les lectrices et c’est une force

    Aimé par 1 personne

Un petit mot ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Je suis Caroline !

Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

Bienvenue sur mon site d’autrice et de blogueuse lifestyle, sur lequel je partage au quotidien ma manière poétique d’habiter le monde !