Instantané #74 (un jour au Cap-Ferret et la leçon de la nature)

Instantané #74 (un jour au Cap-Ferret et la leçon de la nature)

Cela ne m’était jamais arrivé : voir mon Cap-Ferret hors saison. Je ne le connais que l’été, sous la chaleur et noir de monde. Avoir l’occasion de le découvrir sous un autre jour, plus paisible même si au printemps il était loin d’être désert fut une source de joie immense.

Par dessus tout, je voulais voir la Pointe. Là où elle s’est effondrée cet hiver à la suite d’une tempête. Comme il y a vingt ans, peut être un peu plus : à cet endroit, les courants sont extrêmement forts et modifient le paysage d’une année sur l’autre, parfois de manière violente. Déjà depuis plusieurs années la plage était interdite, en tout cas officiellement. Du reste, on le sait depuis toujours, que la mer grignote le sable, et qu’un jour elle envahira tout : ce petit bout de Paradis, on le sait, est condamné, et un jour, telle l’Atlantide, il sera englouti sous les eaux. Pour une fois, je suis réaliste. C’est triste, mais c’est comme ça. Malgré tout, je pense que ce ne sera pas de mon vivant, sauf si je vis très longtemps.

Ce n’est pas faute de se battre : les humains, animés par leur hybris, tels des héros tragiques, mélanges de Sisyphe poussant sans fin son rocher qui ne cesse de dégringoler et de Prométhée qui défie les dieux, les humains, têtus, luttent, tentent de domestiquer les courants, les vagues, l’océan. La nature.

Elle se laisse faire, un temps. Fait semblant d’obéir, de se tenir tranquille. Mais dessous ça gronde, ça bouillonne. Et un jour, elle en a assez, d’obéir, d’être entravée, contrôlée, domestiquée. Elle redevient ce qu’elle a toujours été : sauvage.

La leçon, c’est que quoi qu’on fasse, la Nature est plus forte que l’homme. Et elle finit toujours par reprendre ses droits.

 

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