Ecouter l’inconfort…

pluie...

Je ne sais pas vous mais moi, en temps normal, j’ai un peu tendance à ignorer mes émotions, à les mettre sous un couvercle, à ne pas les écouter, à ne pas leur laisser de place. Les émotions négatives, inconfortables, bien sûr : les émotions positives, j’en profite, lorsque je suis inondée de joie et d’amour, je le vis pleinement.

Lorsque je suis triste, en colère, que j’ai peur, je me cale devant un film réconfortant, je mange un plat à base de fromage fondu, je me plonge dans un livre, j’écris ou je fais une page de carnet poétique en attendant que ça passe. Et ça passe.

Jusqu’à la prochaine fois bien sûr : si on n’écoute pas ce qu’une émotion a à dire, elle revient toquer à la porte. De plus en plus fort.

Je parle bien d’écouter, et pas simplement de ressentir. Ressentir, avec mon hypersensibilité, je fais ça très bien, et encore pas toujours. C’est aussi une histoire d’éviter les situations où je pourrais courir le risque de ressentir une émotion négative, alors je bloque en amont.

Mais là, ce n’est pas possible. Tout comme il existe des accélérateurs de particules, la période actuelle fonctionne comme un accélérateur d’émotions. Ça valse, ça bouge, ça s’agite, comme un bain bouillonnant. Et le message (celui de la conjonction planétaire actuelle et de la Pleine Lune en Balance de cette nuit, mais si vous ne voulez pas entendre parler d’astres ce n’est pas grave, en fait on s’en moque : ça ne change rien) de la situation que nous vivons, ce moment où qu’on le veuille ou non nous sommes globalement à l’arrêt et face à nous même, dans le silence, le message c’est d’écouter ces émotions déplaisantes, inconfortables.

Ne pas faire comme si ça n’existait pas, passer à autre chose. Se plonger dans l’hystérie de l’hyperactivité.

Ce qui est inconfortable surgit pour nous dire ce qui cloche, ce qui ne nous convient pas, ce qui est à changer. Pas si évident qu’on ne le croit parce que parfois on a tendance, en plus d’éviter les émotions négatives et à ne pas les écouter, à se juger de les ressentir.

Par exemple moi et ma peur de l’oppression (apparemment elle ressort beaucoup chez plein de gens), ma peur aussi de me montrer vulnérable, la peur d‘exprimer ce que je suis alors que c’est le premier chiffre de mon chemin de vie (« expression et sensibilité »).

Et la colère. Je crois que je suis née en colère. C’est comme un volcan (d’Auvergne) : j’ai habituellement l’air serein, calme, presque bouddhique. Mais ça, c’est à l’extérieur. A l’intérieur, dessous la surface, ça gronde. Et parfois, ça explose. Et ça explose d’autant plus fort que je ne me suis pas écoutée et que j’ai laissé la pression trop monter.

Certains en ont fait les frais, mais j’ai tendance à exploser de rage lorsque je suis seule. Parce que bien sûr, je me juge : c’est mal de se mettre en colère. Donc je mets un couvercle sur cette colère. Je ne l’écoute pas puisque je culpabilise de la ressentir.

Sauf qu’en ce moment, je l’écoute. Je la sentais hier, ça montait, j’étais en colère mais je n’arrivais pas bien à identifier non pas après quoi j’étais en colère, mais pourquoi.

Donc je m’agaçais, je me révolutionnais sur un truc, un autre, mais ce n’était pas vraiment ça jusqu’à ce que je mette vraiment le doigt dessus. Pour faire simple, j’étais en colère (justement, j’ai envie de dire) contre une certaine forme de déni qui tend à nous faire oublier les répercussions émotionnelles et psychologiques de ce que nous vivons, alors que c’est un vrai traumatisme, pas seulement socio-économique.

Et que si on continue à nier ça, à ne pas le prendre en compte, on se dirige vers un méga burn-out collectif.

Alors j’étais en colère, mais j’ai découvert que cette colère était saine, justifiée, et qu’il était nécessaire que je l’exprime parce qu’elle disait quelque chose d’important et pas seulement à moi. Et j’ai découvert aussi que depuis que j’écoute mieux mes émotions et leur message, elles me ravagent moins, c’est moins fort et moins dévastateur. Si je ne lutte pas, ça vient me traverser, et ça repart.

Et vous, est-ce que vous savez les écouter, vos émotions négatives ?

17 commentaires

  1. Clémence ZZ dit :

    Moi aussi je suis en colère quasiment tout le temps. Mais je sais pourquoi. Je suis en colère contre la tragédie que j’ai vécue à 15 ans, je suis en colère contre les imbéciles incompétents avec qui je suis obligée de travailler (je suis en permanence cernée par des imbéciles), je suis en colère contre l’injustice du monde, je suis en colère contre ce gouvernement — d’abord pour ce qu’il a fait subir aux migrants — ensuite pour avoir « oublié » de commander des masques et des tests.
    Être en colère c’est être révoltée.

    Pour passer ma colère, j’écris dans mon journal, je décris en détail le comportement des imbéciles, ça me fait déjà beaucoup de bien. Ou je vais sur twitter retrouver d’autres gens en colère pour les mêmes raisons. Et nous nous indignons ensemble. Et de voir que nous ne sommes pas seuls à être en colère est rassurant.

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    1. Oui, c’est vrai aussi !

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  2. Comme toi j’ai tendance à mettre un peu le couvert dessus, mais ça bouillonne à l’intérieur. Moi aussi j’étais en colère hier, et j’en ai parlé à mes supérieurs hiérarchiques. Trop de changements chaque jour qui perturbent les soignants et perturbent aussi les personnes prises en charge. Je leur ai clairement dit que ce n’était plus la peine de me demander mon avis sur une quelconque organisation (qui de toute façon ne sera pas écouté) et que j’en avais assez de travailler dans ces conditions… Je n’en reviens pas d’avoir osé parler. Peut-être parce que je sens que le craquage (le burn-out ?) n’est pas loin… Je pense que c’est bien que ça sorte parfois.

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    1. Oui, je crois que c’est bien que ça sorte, et justement le plus tôt possible pour éviter le pétage de plombs !

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