Quand la beauté nous sauve, de Charles Pépin : kalos kai agathos

Quand la beauté nous sauve, de Charles Pépin : kalos kai agathos

Entrer par la beauté dans un autre monde perçu nous enrichit déjà, ouvre notre sensibilité en la libérant de ses réflexes et habitudes. Multiplier les rencontres avec le plus d’autres mondes perçus possibles est la seule manière d’espérer rencontrer le monde, d’espérer l’habiter. L’émotion esthétique, ici encore, a pour vertu de nous faire exister plus pleinement, mais en un sens nouveau : la fréquentation de toutes ces beautés artistiques différentes, renvoyant chaque fois à une vision du monde, nous fait exister dans un monde plus vaste – nous permet d’être au monde, au sens propre, et non plus simplement dans son environnement. Car ce n’est peut-être que cela, le monde : la somme de toutes les visions subjectives que nous en avons, et dont les artistes font des œuvres.

Retour à Charles Pépin. J’avais été vaguement déçue par La Joie, parce qu’il s’agissait d’un roman et non d’un essai, comme je m’y attendais. Cette fois, sur un autre thème qui m’est cher, j’ai bien fait attention de vérifier avant, et il s’agit bien d’un essai.

L’auteur ici s’interroge sur la beauté, l’émotion esthétique, et ce qu’elle nous apporte qui la rend si essentielle. D’abord, avec Kant, il s’intéresse à l’harmonie des facultés, à la présence au monde et à l’intuition. Ensuite, avec Hegel, il pose la question du sens et des valeurs. Avec Freud, il se penche sur la sublimation libidinale. Pour aboutir à cette idée que finalement, la beauté nous permet d’accueillir le mystère.

Cet essai très instructif, clair et pédagogique m’a fort réjouie, car il nous invite à questionner notre propre rapport au plaisir esthétique, ce qui nous touche nous permettant finalement de comprendre un peu mieux qui nous sommes. C’est aussi un essai qui permet de faire le point sur la pensée de quelques philosophes, et c’est toujours profitable !

Quand la beauté nous sauve
Charles PEPIN
Robert Laffont, 2013 (Marabout, 2020)

2 commentaires

  1. lizagrece dit :

    kALOS KAI AGATHOS signifie bon et gentil en grec moderne.
    On ne sait si la beauté sauvera le monde mais elle y contribue et en tous cas c’est un refuge

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    1. Oui, c’est le beau et le bon, en grec ancien aussi ! Et je pense qu’elle aide !

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