La Lionne, de Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg : un portrait de Karen Blixen

La Lionne, de Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg : un portrait de Karen Blixen

Tous ces chagrins, toute cette béatitude. Ces presbytères danois déprimants et cette Afrique ensorcelante. Ces chiens domestiques et ces lions sauvages. Ces êtres chers sur lesquels le temps est passé si vite. Je peux te donner le pouvoir de transformer tout cela en histoires, et de faire de tout ce qui t’arrivera encore une matière à construire ton œuvre.

Depuis presque toujours, je suis fascinée par la vie de Karen Blixen. Out of Africa est l’un de mes films préférés de tous les temps, et j’avais beaucoup apprécié le roman que lui avait consacré Dominique de Saint Pern en 2015. La même année que la parution de cette bande dessinée, qui était depuis dans ma liste d’envie mais enfin, les bandes dessinées, j’en achète fort peu pour des raisons bassement pécuniaires. Mais, dernièrement, je me suis réinscrite à la médiathèque pour le projet Adèle, et j’en ai profiter pour musarder dans le coin albums, et évidemment, c’est sur celui-ci que j’ai fait porter mon choix en priorité (mais la bande dessinée va redevenir une de mes lectures régulières).

En 1825, à Rungstedlund, entre Elseneur et Copenhague, naît la petite Karen Christentze Dinesen, surnommée Tanne. Sur son berceau se penchent sept drôles de fées : le philosophe Nietzsche, un lion, Shéhérazade, le Diable, Shakespeare, un roi africain et une cigogne. Tous ces personnages vont orienter et façonner son destin…

Il s’agit là d’un très beau travail à la fois narratif et graphique, très poétique et construit de manière originale autour de ces fées, ce ce qui donne un vrai dynamisme et permet d’éviter les écueils de ce type de projets. Le problème, avec la vie de Karen Blixen, c’est que la partie centrale, celle de l’Afrique, est la plus connue, et il est tentant de faire reposer tout l’équilibre dessus : ce n’est pas le cas ici, au contraire, on voit très peu Denys et Bror finalement, et cette partie n’est pas plus développée que les autres. Ce qui fait qu’on prend beaucoup de plaisir aux deux autres parties : j’ai beaucoup aimé découvrir plus avant la petite fille rebelle (et cela m’a amusée parce que je me suis rendu compte qu’il y a du Blixen chez Adèle, de manière assez inattendue car je n’avais pas consciemment imaginé ce pilotis là), et la femme mûre qui transforme sa vie en histoires, et sublime ses souffrances.

A la fin, encore une fois, j’ai été prise dans une faille temporelle qui fait que je suis toujours convaincue que Karen Blixen a bien obtenu le Prix Nobel de Littérature, et qu’elle la appris en trouvant une meute de journalistes devant sa porte, en revenant de faire les courses : en réalité, c’est ce qui est arrivé à Doris Lessing, mais je suis absolument certaine que dans une réalité alternative, Karen Blixen est nobélisée.

Bref : si vous aimez les histoires de femmes fortes et rebelles, inspirantes et passionnées, foncez !

La Lionne : un portrait de Karen Blixen
Anne-Caroline PANDOLFO et Terkel RISBJERG
Sarbacane, 2015

3 commentaires

  1. PatiVore dit :

    Une très belle BD que j’avais beaucoup appréciée 🙂

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    1. Oui, elle est vraiment formidable !

      Aimé par 1 personne

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