Les regrets

Des gaufres

Remord ou regret ?

Il paraît qu’il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets. S’en vouloir d’avoir agi, plutôt que d’être triste des choix que l’on a faits ou pas faits.

Je ne suis pas sûre d’être d’accord, car il y a dans l’idée de remord celle d’avoir mal agi, d’avoir fait quelque chose de mal par rapport aux normes sociales ou morales, et d’en ressentir de la culpabilité. Et c’est bien le problème, car la culpabilité est une émotion extrêmement désagréable.

En fait, ce qui me pose problème dans l’histoire, c’est que le remord peut avoir pour origine tout et n’importe quoi ou presque. Et s’il y a des cas où je peux admettre que l’on ressente de la culpabilité, dans d’autres je suis beaucoup plus perplexe.

Par exemple, j’ai beaucoup de mal à comprendre (je ne juge pas, mais je ne comprends pas) quand je vois des gens se sentir coupables parce qu’ils n’ont absolument pas travaillé pendant leurs vacances. Et qui, au final, à la fois n’ont pas pleinement profité des dites vacances car il y avait toujours dans leur oreille cette petite voix qui leur disait « tu devrais travailler », et à la fois n’ont pas travaillé.

Aussi, mis à part des cas extrêmes où j’aurais réellement mal agi selon mes propres standards (ce qui arrive très peu), je ne culpabilise pas, et je n’éprouve pas le remord.

En revanche, les regrets, j’en ai beaucoup…

On a toujours des regrets

Le regret n’a pas de dimension morale ou éthique. Il vient de la pensée que nous avons parfois fait le mauvais choix, et que notre vie serait différente si on en avait fait un autre. Notre vie dans son ensemble, ou simplement un morceau de vie.

Il y a les petits regrets du quotidien : avoir choisi la mousse au chocolat alors que l’île flottante a l’air meilleur. Avoir acheté le pull vert, alors que le rouge nous serait mieux allé au teint. Avoir décliné une invitation, et se dire qu’on aurait pu passer une bonne soirée (ou l’inverse).

Il y a surtout les grands regrets de la vie, là où les choix que nous avons faits nous ont conduits sur une route ou une autre que nous ne pouvons plus changer. C’est de là que naît le « et si... » qui nous peut nous emporter dans la tristesse.

Je n’ai que peu de regrets dans ma vie personnelle parce que ma situation actuelle (qui me convient assez moyennement) ne résulte pas de choix, simplement de circonstances. J’ai beau dérouler le fil de ma vie, je ne vois pas où je pourrais avoir agi autrement pour obtenir un résultat différent. Ce que j’éprouve parfois est donc de la mélancolie, mais pas du regret.

Cette découverte (récente) change tout dans ma manière de voir les choses, et permet de mieux les accepter.

C’est très différent dans ma vie professionnelle : là je me dis souvent que je n’ai pas fait les bons choix. Que j’ai renoncé à des choses qui me tenaient à cœur, par manque de courage, et que j’ai fait des choses dont je savais dès le départ que cela ne me conviendrait pas. Ce qui a abouti au sentiment tenace de n’être absolument pas à ma place. D’être désaccordée.

Et en même temps, je n’en sais rien : pour être certaine que d’autres choix étaient meilleurs, il faudrait que je puisse me glisser dans cette autre réalité. Si ça se trouve, j’aurais fait d’autres choix, je serais à l’instant même en train d’écrire un article identique sur les choix que je n’aurais pas faits, et qui sont ceux que j’ai faits dans ma vie actuelle (vous me suivez ?).

On ne peut jamais être sûr d’avoir fait les bons choix ou les mauvais

Et c’est à cette grande conclusion que j’arrive : à de très rares exceptions près (et c’est tout l’enjeu du roman d’Adèle), on ne peut jamais être sûr qu’on a fait le bon choix ou le mauvais. Un choix différent aurait conduit à une vie autre. Meilleure, pire ? Impossible de savoir.

Si j’avais fait d’autres choix, il y a des gens que je n’aurais peut-être jamais rencontrés, et alors il me manquerait quelque chose d’essentiel.

A moins que cela ne change rien. Peut-être y a-t-il, quels que soient nos choix, des impératifs. Des événements qui se produisent. Des gens que l’on rencontre. Je suis persuadée que dans mes autres vies, j’écris : j’aurais simplement pu y consacrer toute ma vie plus tôt sans m’encombrer d’un travail alimentaire que j’ai toujours considéré comme un job étudiant. Et dans ces autres vies, je L’ai rencontré.

Alors il ne sert sans doute à rien d’avoir des regrets, même si c’est un trait normal de la psychologie humaine.

Et vous, vous vous avez des regrets ?

5 commentaires

  1. lizagrece dit :

    Non rien de rien non je ne regrette rien…Comme dit la chanson.
    Pour ce qui est des remords tu as raison. Ils induisent un sentiment de culpabilité et c’est terrible

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    1. C’est formidable ça de ne rien regretter !

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  2. Carole dit :

    Très sensible à cet article. Peut être parce que j’arrive où on regarde plus derrière. Des regrets bien sûr. Des choix faits avec les moyens et le contexte du moment. Avec le recul et plus de maturité l’analyse est différente. Je n’ai pas exploité mes talents. Mais ils ont quand même existes en parallèle à petite échelle.

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    1. Il n’est pas trop tard !

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