Habiter musicalement le monde

Habiter musicalement le monde

La musique dans la vie quotidienne

Il y a des gens qui vivent en musique : dès qu’ils rentrent chez eux, qu’ils sont dans les transports ou en voiture, qu’ils sont avec des amis, ils écoutent de la musique. Ils se rendent régulièrement à des concerts, et sortent en boîte de nuit.

Moi non. Je n’écoute, pour ainsi dire, jamais de musique. Ni dans la voiture (j’ai essayé, j’y reviendrai plus bas, mais je préfère écouter des podcasts), ni chez moi. Je ne suis que très peu allée à des concerts, les boîtes de nuit ne m’ont jamais beaucoup plu, et lorsque je reçois, je ne mets pas de musique.

Lorsque je tire la carte « Musique » de mon Oracle des poètes, je ne comprends pas bien ce qu’elle veut me dire.

Evidemment, je me suis souvent interrogée sur cette absence dans ma vie de cet élément essentiel pour beaucoup, d’autant que l’un des axes de mon travail, c’est les cinq sens, et qu’il semblerait bien que si ma sensorialité est très développée au niveau de la vue, de l’odorat, du goût et du toucher, je laisse de côté celui de l’ouïe.

J’ai trouvé de multiples explications, et d’abord celle du manque d’habitude. Mes parents écoutent peu voire pas de musique non plus, ils ne m’ont jamais empêchée de le faire à condition que le son ne soit pas trop fort, mais n’ayant pas été habituée à être entourée de musique, cela n’est jamais venu.

En outre, mon hypersensibilité est aussi sensorielle, et les stimuli auditifs m’épuisent très vite, d’autant que je travaille malheureusement dans un environnement très bruyant, et lorsque je rentre chez moi, j’ai besoin de silence. En outre je suis incapable de faire quoi que ce soit s’il y a de la musique, cela me déconcentre. En revanche, j’aime les bruits de la nature, et notamment les oiseaux.

Enfin, je suis bien élevée, et lorsque j’écoute de la musique, j’ai toujours l’impression (probablement pas fausse vu l’isolation phonique très précaire de l’immeuble) et que cela dérange les voisins, et je déteste déranger, contrairement à beaucoup qui ne se gênent pas pour imposer leur musique à ceux qui n’ont rien demandé.

Toutes ces explications sont valables, mais je sentais bien qu’il me manquait une clé.

La musique : libérer sa part sauvage

L’illumination m’est venue vendredi soir, en revoyant Bimboland : la première chose que fait la Cécile sérieuse et corsetée lorsqu’elle se transforme en Brigitte, c’est de danser. C’est par la danse qu’elle libère cette partie féminine d’elle qu’elle n’a jamais autorisée à s’exprimer.

La danse, le rythme : j’avais déjà réfléchi sur la question en travaillant sur La femme tambour de Layne Redmond, travail qui correspondait chronologiquement à l’achat d’un tambourin dont je ne me suis finalement que peu servi. Or le problème est bien là : j’avais travaillé intellectuellement dessus, je ne l’avais pas expérimenté.

Or en réfléchissant de plus près, et en repensant à ce qui se passe lorsque je mets de la musique ou lorsqu’il m’arrive d’aller à des soirées où il y en a, j’ai compris : dès qu’il y a de la musique, je ne peux pas m’empêcher de me me mettre à danser. C’est comme si mon corps reprenait le pouvoir, traversé par une pulsion de vie qui me dépassait. Pour tout dire, dans ces moments-là, je me sens presque en transe.

Et si j’ai cessé d’écouter de la musique dans la voiture le matin, c’est que cela me frustre : je ne peux pas danser, tout au plus me trémousser, et j’ai arrêté lorsque j’ai eu une extinction de voix en octobre, car je ne pouvais même pas chanter.

Allez savoir, en plus de tout le reste, j’ai peut-être été une bacchante dans une vie antérieure. Cela ne m’étonnerait pas.

Cela expliquerait pourquoi je suis si fascinée par la figure dansante de Salomé, et que j’ai donné son nom à l’héroïne de mon recueil de nouvelles érotiques.

La musique a donc un effet magique sur moi, celui de déclencher un flot d’énergie que je ne maîtrise pas et qui, je crois, me fait peur. Me faisait peur ? Il me semble qu’en mettant le doigt sur le phénomène, en en prenant conscience, en ce moment où j’ai l’impression que beaucoup de choses se libèrent, je m’en débarrasse.

C’est une question de lien au corps : même si j’essaie de l’habiter du mieux que je peux et que j’ai fait beaucoup de progrès ces dernières années, je n’étais pas encore arrivée au stade où je l’autorise pleinement à bouger et à occuper l’espace. J’imagine que c’est le même problème qui m’empêche d’intégrer le sport dans mes routines quotidiennes.

Redécouvrir la joie de la musique

Alors, samedi soir, j’ai mis de la musique, au risque de perturber mes voisins, d’autant que mes playlists éclectiques, allant de Dalida à Sia et d’Abba à Beyonce ont de quoi interroger. Mais après tout, il était 19h et j’en ai assez de me recroqueviller dans les coins par peur de déranger.

J’ai mis de la musique et naturellement, instinctivement, j’ai dansé. Dansé en cuisinant, dansé en faisant la vaisselle et en rangeant l’appartement. Et je me suis sentie parfaitement bien.

Je ne vais pas me mettre à aller à des concerts ou en boîte de nuit : la musique y est trop forte (je reste hyperacousique, et la foule m’oppresse). Je vais tout de même fuir Orléans le soir du set electro. Mais je redécouvre les joies de la musique.

La nouvelle habitude que je compte mettre en place est donc celle-ci : mettre de la musique et danser tous les jours quand je fais des choses qui ne me demandent pas d’être concentrée.

Et vous, quel est votre rapport à la musique ?

2 commentaires

  1. Emilie dit :

    Beaucoup de résonances avec ce que je vis dans ton article. Je peux entrer en transe en dansant sur de la musique qui m’entraîne, et je me l’autorise particulièrement chez moi, lorsque je suis seule… C’est très libérateur !

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    1. Oui c’est libérateur !

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