Etre un homme, de Nicole Krauss

Cela fait trente ans que je n’ai pas vu Soraya. Pendant tout ce temps, je n’ai essayé qu’une fois de la retrouver. Je crois que j’avais peur de la revoir, peur de chercher à la comprendre maintenant que j’avais vieilli et le pouvais peut-être, ce qui, je suppose, revient à dire que j’avais peur de moi-même, de ce que je risquais de découvrir sous ce que j’avais compris.

En effectuant ma plongée en apnée dans les archives du blog, je suis retombée sur les articles que j’avais écrits sur les deux premiers romans de Nicole Krauss, L’Histoire de l’amour et La Grande Maison, et m’est revenu en mémoire combien j’avais apprécié son écriture. Et que je m’étais promis de la suivre attentivement, ce que je n’ai pas fait. Aussitôt, je suis allée voir ce qu’elle avait publié depuis (elle publie peu) et je me suis décidée pour ce recueil de nouvelles.

Neuf nouvelles le constituent.

« En Suisse », dans laquelle la narratrice se souvient d’une jeune fille qu’elle a connue bien des années plus tôt, qui la fascinait et qui la hante toujours, à cause d’un acte qu’elle a commis.

« Zoucha sur le toit » raconte l’histoire d’un homme qui a failli mourir pendant que son petit-fils naissait, et qui refuse de retomber dans l’absurdité de sa vie d’avant, une vie broyée par le devoir.

« Je dors mais mon cœur veille » : à Tel Aviv, dans l’appartement de son père qui vient de mourir, la narratrice se retrouve face à un inconnu, qui agit comme s’il était chez lui.

« La fin des temps » raconte un divorce, celui des parents de Noa, pendant que les incendies font rage à Los Angeles.

« Voir Ershadi » a pour sujet l’obsession d’une danseuse pour le visage d’un acteur.

« Urgences futures «  : la narratrice s’interroge sur l’avenir, dans un New-York où on vient, par précaution, de distribuer des masques à gaz à toute la population.

« Amour » est l’histoire d’un couple et de la raison pour laquelle ils se sont séparés.

« Au jardin » nous invite dans la vie et le jardin d’un des plus grands paysagistes d’Amérique Latine, à travers le regard de son secrétaire particulier ».

« Le mari » : deux inconnus des services sociaux débarquent chez une vieille dame, lui rapportant le mari qu’elle n’avait a priori jamais perdu.

« Etre un homme » interroge la masculinité, entre force et faiblesse.

Dans ces nouvelles, qui au fond ne racontent rien mais saisissent les êtres dans un moment de vulnérabilité, il est question d’amour, de mariage, de couple, de désir et de séduction, avec comme toujours, en toile de fond, le judaïsme et la manière dont il façonne les personnages et leur vision du monde.

Un recueil souvent charnel et sensuel, dont il se dégage beaucoup de charme, plus par l’écriture, envoûtante, et le sens de la formule, que par les histoires elles-mêmes : comme souvent dans ce type de recueils, les nouvelles sont d’intérêt inégal. Certaines m’ont beaucoup plu, quand d’autres m’ont laissée à quai.

Néanmoins je suis ravie d’avoir redécouvert l’écriture de Nicole Krauss, et je lirai sans doute bientôt son roman Forêt Obscure, avant le prochain.

Etre un homme (lien affilié)
Nicole KRAUSS
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paule Guivarch
L’Olivier, 2021 (Points)

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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