Les bienfaits de la fugue

J’emprunte le terme de fugue à Alice Cheron, car je crois qu’aucun terme n’est aussi bien adapté à ces petites excursions de quelques jours en solitaire que je m’octroie deux fois par an (et j’aimerais en ajouter une troisième mais je ne sais pas où la caser pour le moment).

Fuguer : s’enfuir de son domicile.

J’ai déjà dit combien j’aimais mon appartement, et que je m’y sens bien, et pourtant, me déterritorialiser quelques jours est salutaire. De nouveaux bruits, de nouvelles odeurs permettent de se renouveler.

Ces derniers jours, j’étais dans une petite maison, une dépendance dans un ancien corps de ferme. Autour de moi : le calme, la verdure, les oiseaux. Pas de bruits des voisins, ni volets qui s’ouvrent ni aspirateur ni musique. Non, seulement le calme. Prendre mon cappuccino du matin dans un petit jardin, où sur des marches au soleil.

J’ai bien dormi. Surtout, je me suis réveillée sans angoisses : lorsque je suis chez moi, il y a toujours ou presque, et notamment les jours où je vais à mon travail alimentaire, un long moment durant lequel je me sens prise en étau, le cœur serrée. Où j’ai l’impression d’avoir été réveillée en sursaut. C’est une angoisse existentielle : celle du désaccord au sens musical, du désalignement. Etre dans un quotidien qui ne me correspond pas.

Le matin, j’ai besoin de ce temps d’adaptation, qui me semble de plus en plus long, pour revenir au réel.

C’est ça que je fuis, et ça fonctionne. Ces derniers jours, je me suis réveillée pleinement là, heureuse de la journée qui commençait et où j’allais faire des choses intéressantes et nourrissantes. A être alignée.

Il y a ça, aussi : les activités choisies de la fugue. Je n’ai pas beaucoup écrit, ce n’était pas l’enjeu : je me suis nourrie, remplie. De découvertes, de visites, de beauté, de paysages sensoriellement riches. De rencontres de hasard.

Et aussi ces moments de rien, de contemplation, installée sur une terrasse, au soleil qui avait décidé de briller, pour une fois. Etre dans la présence pure, dans le je, ici, maintenant, alors qu’en temps normal je suis toujours ailleurs.

J’ai besoin de fuir pour pouvoir être pleinement présente. Parce que pleinement moi-même, et non dans un rôle qui ne me convient pas.

Je le prends comme une sorte d’apéritif, ou d’échantillon de ce que je pourrai ressentir au quotidien lorsque je serai enfin alignée. Et j’en fais de petites provisions, pour m’en servir lorsque le besoin se fait sentir.

Comme une fenêtre ouverte sur l’avenir et une vie plus riche, plus pleine.

Pour autant, je suis intimement persuadée que même lorsque je serai alignée, lorsque je ferai enfin un travail que j’aime, j’aurai toujours besoin de ces petites excursions, qui ne seront plus tellement des fugues. Ce sera autre chose.

Samedi, à peine rentrée de cette fugue de printemps, la première chose que j’ai fait c’est réserver ma fugue d’été. L’inscrire dans mon calendrier, et pouvoir commencer à me projeter. comme une récompense d’avoir réussi à venir à bout d’une année de plus !

2 réponses à « Les bienfaits de la fugue »

  1. Avatar de Delle

    d’un coup j’ai une envie de fuguer !!!

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    1. Avatar de Caroline Doudet

      C’est le but 😉

      J’aime

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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