Nouvel instant poétique, avec un poème de Louise Ackermann, dont je ne me lasse pas de découvrir l’œuvre, même si elle n’est pas si facile que ça à trouver : elle fait partie de ces génies injustement oubliés parce qu’ils étaient femmes. Pourtant, sa poésie n’a rien à envier aux plus grands.
Aujourd’hui, j’ai choisi de partager avec vous la première des trois parties d’ »In memoriam« , un poème écrit à trois périodes distinctes et qui parle du deuil et de la perte de l’être aimé. Dans cette première partie, elle évoque le fait qu’un paysage, rendu merveilleux par la présence de l’être cher, devient triste et morne lorsqu’il n’est pas là.
In Memoriam
I
J’aime à changer de cieux, de climat, de lumière.
Oiseau d’une saison, je fuis avec l’été,
Et mon vol inconstant va du rivage austère
Au rivage enchanté.Mais qu’à jamais le vent bien loin du bord m’emporte
Où j’ai dans d’autres temps suivi des pas chéris,
Et qu’aujourd’hui déjà ma félicité morte
Jonche de ses débris !Combien ce lieu m’a plu! non pas que j’eusse encore
Vu le ciel y briller sous un soleil pâli ;
L’amour qui dans mon âme enfin venait d’éclore
L’avait seul embelli.Hélas ! avec l’amour ont disparu ses charmes ;
Et sous ces grands sapins, au bord des lacs brumeux,
Je verrais se lever comme un fantôme en larmes
L’ombre des jours heureux.Oui, pour moi tout est plein sur cette froide plage
De la présence chère et du regard aimé,
Plein de la voix connue et de la douce image
Dont j’eus le cœur charmé.Comment pourrais-je encor, désolée et pieuse.
Par les mêmes sentiers traîner ce cœur meurtri,
Seule où nous étions deux, triste où j’étais joyeuse,
Pleurante où j’ai souri?Painswick. Glocestershire , août 1850.
Louise Ackermann









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