Sur elle que de ténèbres encore… Il ne m’appartient pas de les dissiper. Je m’embarque, quand je pense à Charlotte, sur un voguant souvenir de nuits que ni le sommeil, ni la certitude n’ont couronnées. La figure voilée d’une femme fine, désabusée, savante en tromperie, en délicatesse, convient au seuil de ce livre qui tristement parlera du plaisir.
J’ai acheté ce livre à la maison de Colette. J’en ai aussi acheté deux autres, mais commençons par celui-là. Un livre étrange, succession de récits, portraits, conversations, souvenirs et réflexions publié en 1932 sous le titre Ces plaisirs… puis dans une version remaniée en 1941 avec le titre actuel.
Le thème en est « ces plaisirs qu’on nomme, à la légère, physiques » ; la réflexion progresse par dérivation, un sujet en appelant un autre.
Dans une fumerie d’opium, Colette rencontre une femme, Charlotte, et son très jeune amant jaloux ; cela la conduit à parler d’un de ses amis, un don juan vieillissant ; puis elle s’interroge sur les « femmes viriles », Mathilde de Morny (Missy) et Renée Vivien, et sur les couples de femmes et notamment l’histoire des Dames de Llangollen ; elle passe alors à l’homosexualité masculine, pour terminer sur l’art de la feinte.
Je dois dire que j’ai été très déstabilisée par ce texte : le thème des plaisirs physiques sous la plume de Colette, j’attendais quelque chose de puissamment charnel, sensuel et solaire, pour tout dire un enchantement, et je me suis retrouvée avec un texte au contraire désenchanté, et dont l’épigraphe aurait pu être ce vers de Mallarmé, « La Chair est triste, hélas !« .
Certes, on retrouve bien la plume très sensuelle de Colette, les couleurs, les lumières, les odeurs, les goûts, les textures, les voix et les froissements d’étoffes, un monde synesthésique peuplé de métaphores, et certains portraits sont assez saisissant.
Le premier chapitre consacré à Charlotte et à son jeune amant, qui m’a tout de même pas mal fait penser à Colette et Bertrand de Jouvenel, m’a intéressée de par sa réflexion sur les femmes et l’amour, et ce que c’est que d’avoir un amant très jeune lorsqu’on atteint un certain âge. Et encore : ça m’a intéressée, mais dès le départ, le ton désenchanté et désabusé, triste, m’a laissée sur le côté.
En fait, je crois que je n’ai pas compris le projet de Colette avec ce texte, qui me semble de plus très daté. Dommage.
Le Pur et l’Impur. (lien affilié)
COLETTE
Livre de poche









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