Cinquième et dernier épisode de notre petite série sur le voyage solo. La semaine dernière, je vous proposais de me poser les questions auxquelles je n’avais pas répondu au cours des articles, il y en a eu pas mal mais au final, elles revenaient toujours sur les mêmes sujets, dont une que j’attendais évidemment, ce qui fait que je les ai regroupées en six grands axes !
L’épineuse question de la sécurité : mais tu n’as pas peur ?
Et ma réponse est simple : non, jamais je ne me suis sentie en danger ni même en insécurité. Le fait est que je choisis mes destinations : autant il y a toute une liste de pays où, en effet, je ne voyagerais pas seule (ni même ne voyagerais tout court, d’ailleurs), autant en visitant des grandes villes européennes, je n’ai aucune appréhension. Il n’y a aucune raison que je me sente plus en danger à Turin ou à Malaga, par exemple, qu’à Paris ou à Orléans. J’ai même envie de dire que lorsque vous déambulez seule dans les rues, vous n’êtes pas à première vue identifiée comme touriste, ce qui peut évite d’être la cible de certaines tentatives d’arnaque.
Après bien sûr je ne prends pas de risques inutiles, mais comme je le fais en France : je ne me pique pas la ruche dans les bars et je ne sors pas trop la nuit, je regarde les quartiers à éviter, je ne parle pas aux inconnus, je n’ai pas trop d’argent liquide sur moi, je ne téléphone jamais en marchant (si je sors mon téléphone c’est pour prendre des photos ou des vidéos et je regarde autour de moi), j’ai un petit sac en bandoulière plus difficile à arracher. Par contre, contrairement au conseil que donnent certains je conserve mon passeport sur moi (ça c’est une de mes angoisses personnelles, j’ai toujours mon passeport sur moi) mais j’ai le récépissé et ma vieille carte d’identité dans une pochette à l’appartement, et la version numérique dans mon ordinateur et dans un mail.
Le risque zéro n’existe évidemment pas, mais encore une fois, je ne considère pas que je suis plus en danger en voyage qu’ailleurs.
Est-ce que tu en profites pour écrire beaucoup ?
Cette question est un peu plus personnelle mais j’y réponds quand même : j’écris beaucoup dans mon journal, mais ce n’est pas pendant le voyage que cela me sert pour l’écriture proprement dite, c’est plutôt après. Je ne considère pas mes voyages comme des retraites d’écriture (que j’aimerais beaucoup faire, mais ce n’est pas la même chose), ni même comme des voyages de recherche (contrairement à ce que j’avais fait pour mon premier voyage solo, à Londres, pour ma thèse, et où j’alternais recherches à la British Library et tourisme). Je suis là pour remplir mon puits. Du reste, je ne suis pas tellement dans mon contexte d’écriture, et je n’ai pas tellement le temps non plus.
Cela dit, bien sûr, il m’arrive d’écrire, si cela vient, et cela arrive ponctuellement.
Est-ce que tu conserves tes routines, ou bien est-ce que tu adaptes ?
Je vois mes routines du matin et du soir comme des cadres qui me permettent ensuite d’évoluer librement dans ma journée en étant centrée, mais je trouverais lourd de les conserver telles quelles en voyage. En fait, dès que je ne suis pas chez moi, j’ai tendance à n’en conserver que la colonne vertébrale : mon tirage le matin (mais c’est tout, même le flot de pensée disparaît), et mon journaling du soir. Le voyage est donc vraiment pour moi une parenthèse hors de la vie quotidienne, et je fais tout autrement, et je ne veux pas devenir esclave de mes routines, même si elles me font beaucoup de bien, ni même de mon mode de vie : en général par exemple je ne déjeune pas, alors que je le fais en voyage parce que ça fait partie des plaisirs aussi de choisir un restaurant et d’y passer du temps.
Mais tu ne t’ennuies pas, surtout le soir ?
On me pose souvent la question, même en dehors des réseaux, quand je parle de mes voyages. En général, quand quelqu’un qui m’est proche est présent à ce moment là, il pouffe : moi, m’ennuyer ? Cela n’arrive en fait jamais, sauf quand je suis obligée de faire quelque chose qui ne m’intéresse pas, ce qui n’arrive évidemment pas en voyage. La journée je visite, je me promène, je m’arrête régulièrement sur une terrasse (et là non plus je ne m’ennuie pas). Et le soir, si je ne ressors pas me promener, je fais comme d’habitude : je lis, je regarde des séries, souvent écrire dans mon journal me prends très longtemps parce que j’ai beaucoup de choses à dire, et en général je profite de la terrasse puisque c’est un de mes critères de choix pour les appartements que je loue, qu’il y ait une terrasse ou au moins un balcon, pour observer la ville.
Cet été à Malaga c’était encore différent, car je rentrais tard de la plage, souvent je m’arrêtais sur le chemin boire un verre, donc le temps en arrivant de prendre une douche, de manger, de journaler, il était presque l’heure de me coucher. Et je pense que ce sera désormais mon organisation, car j’ai adoré rentrer de la plage à la nuit tombée.
Est-ce que tu fais des rencontres ?
C’est quelque chose que disent souvent ceux qui ont l’habitude de voyager seuls, qu’on rencontre plus facilement des gens. Alors de fait il m’est arrivé, à une occasion ou une autre, de discuter un moment avec des inconnus (je sais, j’ai écrit plus haut que je ne parlais pas aux inconnus mais cela dépend des contextes évidemment) et souvent avec d’autres français parce que régulièrement ils discutent dans mes oreilles à une terrasse ou ailleurs sans savoir que je les comprends, et il m’arrive de les éclairer en intervenant. Cet été par exemple, je suis passée devant un groupe de trois français qui se chamaillaient sur la direction de la plage : la femme avait raison, les deux hommes avaient tort, je me suis arrêtée pour les mettre sur la bonne route et nous avons fait un bout de chemin ensemble. Mais cela s’arrête là.
Tu n’as pas peur du regard des autres ?
C’est un point dont j’ai déjà parlé dans le premier épisode. De fait, j’ai toujours eu l’habitude de faire les choses seule, je n’y ai jamais vu quelque chose de honteux, et voyager fait parties de ces choses. Après, j’admets que le fait d’être écrivain est un avantage dans ce cas : dans la tête des gens, je ne sais pas pourquoi, être écrivain est une bonne raison pour voyager seul, et je ne cherche pas plus loin. J’imagine qu’ils considèrent que c’est alors un voyage professionnel, et voyager seul pour des raisons professionnelles, c’est tout à fait normal. S’ils sont contents de leur explication et qu’elle les rassure, moi aussi !
Voilà, j’espère que cette petite série vous a plu, et que peut-être elle vous aura donné envie, vous aussi, de vous lancer, si vous ne l’avez jamais fait : même si le voyage solo est de plus en plus courant, cela reste pour beaucoup un sujet d’interrogation et de peur, voire d’incompréhension, et je trouve cela dommage. Avec cette série d’articles, j’espère avoir apporté ma pierre à l’édifice de la normalisation du voyage solo !









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