Une nouvelle série d’articles, cette fois sur la créativité : à l’origine, c’était mon livret d’activités poétiques Invitation à un voyage créatif, que j’envisageais de publier sous forme de livre après l’Invitation à un voyage introspectif et l’Invitation à un voyage sensoriel, mais je me suis rendu compte qu’il était un petit peu court pour cela, et que le contenu s’y prêtait moins. Je me suis alors dit que cela serait mieux sous forme d’une série d’articles.
On va commencer, fort logiquement, par une petite introduction.
Qu’est-ce que la créativité ?
La créativité est le propre de l’être humain. Et tout être humain est créatif, même s’il l’a oublié. Tout est création (ou presque tout) : créer, c’est le processus de traduction dans la matière de ce qui se trouve à l’intérieur de nous, à l’état d’idée. En latin, creatio signifie donner de l’existence, amener à la vie quelque chose qui n’existait pas.
Dans cette série d’articles, nous allons donc travailler sur le lien que vous entretenez avec votre propre créativité, afin de l’enrichir et la rendre plus consciente, et qu’elle vous permette d’accéder à votre être authentique.
La créativité nous permet de rencontrer qui nous sommes, de mieux nous comprendre, à mesure que nous découvrons ce qui nous inspire, nous émerveille, ce qui fait partie de nous. Mais certains freins existent : la créativité est notre flot naturel, mais parfois la source est bouchée ; pas tarie : cependant, ça ne coule plus. C’est ce qu’exprime parfaitement le musicien Charlie Peacock :
Il ne s’agit pas seulement de parler de créativité, mais plutôt de mettre en lumière la personne que vous devenez pendant que vous créez.
C’est exactement ce que nous allons faire dans cette série d’articles : mettre en lumière la personne que vous devenez — qui est votre soi authentique : en créant, nous découvrons qui nous sommes, et il s’agit donc, en plus d’une activité agréable, d’un voyage vers soi.
Nous travaillerons sur les obstacles qui peuvent s’élever entre vous et une créativité fluide, et sur votre enfant intérieur, qui ne demande qu’à s’exprimer librement. Ensuite, nous verrons comment nourrir « l’inspiration » au quotidien.
Et avant de commencer, je vous invite à réfléchir, dans votre journal poétique, à ces questions : qu’est-ce que la créativité pour vous ? Quand est-ce que vous vous sentez créatif ?
Suivre sa créativité
Avant d’entrer pleinement dans le vif du sujet, nous allons parler justement du journal poétique et d’une dimension supplémentaire que l’on peut lui donner au quotidien quand on veut approfondir son lien avec la créativité : en faire un journal de « suivi de créativité » (cela reste poétique). C’est-à-dire, lorsque le soir vous faites le bilan de votre journée, de réfléchir à ce que vous avez fait pour votre créativité, soit dans le sens « entrant » comme une promenade, la visite d’une exposition ou d’un lieu inspirant, une lecture, un film etc., soit dans le sens « sortant », ce qu’on appelle strictement créer (mais qui ne suffit pas, on le verra) : écrire, peindre, dessiner…
Je conseille aussi dès ce stade (et pour tout le reste de votre vie) de vous accorder, quoiqu’il arrive, un plaisir par jour et de le noter (et cela pourra être une de vos gratitudes, parce que vous pouvez aussi vous remercier vous-même) ; attention, un plaisir n’est pas forcément un achat ou de la nourriture, même si cela peut parfois l’être : c’est quelque chose qui vous procure de la joie, et la joie est une source de créativité (et la créativité est source de joie) ; par exemple : prendre le temps de cuisiner un bon plat (et ensuite le manger : cela fait deux plaisirs), un bouquet de fleurs, jardiner, lire de la poésie, prendre un café au soleil, se promener en forêt, mettre de la musique et danser, câliner quelqu’un (ce qui donne deux personnes satisfaites), appeler un ami, regarder les étoiles ou un coucher de soleil…
Attention cependant : votre journal poétique n’est pas supposé se transformer en « tracker » de créativité, et il ne s’agit pas de lister, de cocher une « liste de choses à faire », mais bien de documenter le processus, de creuser idées et projets nouveaux, d’interroger les émotions associées (joie ? ennui ? fierté ? déception ?) et donc de noter là où ça bouge, ce que ça révèle. Cela vous permettra aussi de mieux saisir votre cycle de créativité puisque celle-ci n’est pas un flux continu : qu’est-ce qui est fluide ? Qu’est-ce qui résiste ? Qu’est-ce qui tourne en rond parce qu’on manque de nourritures variées ?
Veillez donc à rester souple. La créativité ne doit pas devenir une corvée. Par contre, comme le dit un hashtag sur Instagram : #viecreativevieheureuse !
Pour ce suivi de créativité, vous pouvez aussi utiliser le Journal de rendez-vous avec l’artiste, ou pourquoi pas le Journal d’émerveillement.
La créativité : un flot souvent bloqué
Avez-vous déjà observé un enfant qui dessine, peint, découpe, colle, fait de la pâte à modeler… ? Non seulement il est totalement dans le moment présent, absorbé par son occupation, mais surtout il ne se pose aucune question : il ne se demande pas si ce qu’il fait est réussi, s’il ne devrait pas plutôt faire autrement.
Il ne se demande pas non plus s’il ne devrait pas plutôt être en train de faire quelque chose de plus utile, ses devoirs par exemple.
Il suit sa joie, expérimente, explore, sans s’occuper de règles. Chez lui, le flot naturel de créativité s’exprime librement. Mais les adultes ont tôt fait de brider cette créativité avec leurs injonctions. Ne pas dépasser en coloriant. Utiliser des couleurs réalistes. Voire ils interdisent certaines activités car elles sont trop salissantes : c’est vrai que la peinture, c’est salissant, surtout si on veut peindre avec ses mains. Mais quelle source de joie !
Tout le processus d’éducation vise finalement à « domestiquer » cette belle énergie créatrice, la rendre docile, moins effrayante, moins rebelle… Il s’agit aussi, petit à petit, de dire à l’enfant que s’amuser, cela passe après. Après les devoirs, après ceci, après cela. Ce n’est pas une activité utile. Ce n’est pas une activité indispensable. Alors qu’elle est pourtant vitale.
A l’âge adulte, il est donc courant qu’on ne s’autorise pas à être créatif, pleinement créatif : parce que ce n’est pas une activité « utile », parce qu’on a été découragé, parce que, tout simplement, l’enfant naturellement créatif a été blessé et qu’il s’est retranché bien au fond de notre psyché, refusant de s’exprimer.
La bonne nouvelle, c’est qu’il ne tient qu’à nous de le laisser s’exprimer à nouveau, et c’est ce que nous allons faire dans les prochaines semaines : libérer notre enfant intérieur, et lever tous les obstacles qui empêchent le flot naturel de notre créativité de s’exprimer.









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