Deuxième volet de notre série sur la créativité. Cette semaine et la semaine prochaine, nous allons travailler sur les blocages qui nous empêchent souvent de laisser s’écouler notre flot créatif.
Contacter les énergies de la créativité : la carte du soleil
Nous allons commencer par travailler sur la carte de Tarot représentant le Soleil. Le système du Tarot peut représenter un voyage, celui du Fou (ou du Mât), à travers les 22 arcanes majeurs, afin d’accéder à la réalisation : il s’agit d’une quête initiatique et la carte du soleil, qui est l’antépénultième, parle de la joie et de la créativité. Inutile de sortir votre propre jeu si vous en avez un, mais vous pouvez le faire si vous le souhaitez, sachant que je travaille avec le système Rider-Waite-Smith et que l’iconographie est différente de celle du Tarot de Marseille, notamment pour cette carte.

1. Avant de lire la description qui suit, vous allez commencer par écrire dans votre journal poétique tout ce que vous inspire cette carte du soleil, que ce soit l’image ci-dessous ou celle de votre propre Tarot : Quelle est la première émotion que vous ressentez en regardant cette carte ? Que représente-t-elle ? Quels sont les éléments les plus importants ? Quel sens cela peut-il avoir ? Regardez les fleurs. Que symbolisent-elles ? Que fait l’enfant sur le cheval ? Qui est-il ? Que ressent il ? Si le soleil pouvait parler, que vous dirait-il ? En quoi vous sentez-vous représenté par les énergies de cette carte ?
2. La carte du soleil est une de mes préférées dans le Tarot. Elle représente la toute-puissance et la protection et nous invite à la joie, à la spontanéité, à l’enthousiasme, à la légèreté, à la créativité. Bref, à laisser s’exprimer l’enfant intérieur. Le soleil symbolise aussi la détermination, la confiance en soi, la générosité. Cette carte nous invite donc tout d’abord à nous interroger sur ce qui nous rend heureux. Qu’est-ce qui vous émerveille ? Qu’est-ce qui vous met en joie dans votre quotidien ?
3. Que feriez-vous si votre temps était entièrement à vous ? Si vous n’étiez pas obligé de « gagner votre vie » ? Quelles seraient vos activités ? À quoi occuperiez-vous votre temps ? Est-ce que vous pourriez le faire davantage malgré les circonstances ?
4. Quelle personne de votre entourage, personnalité publique ou personnage de fiction représente le mieux, pour vous, les énergies du Soleil ? Quels conseils pourrait-il vous donner pour mieux incarner cette énergie ?
Retrouver la confiance en sa créativité
A présent que nous avons contacté ces énergies, nous allons pouvoir avancer plus avant dans notre réconciliation avec notre enfant artiste intérieur, et lui redonner confiance, parce que, comme je l’ai dit plus haut, l’un des premiers freins à l’activité créatrice, c’est que notre enfant créateur a été blessé et n’a plus du tout confiance en lui. Je vous conseille de faire les quelques activités qui suivent avec une photo de vous lorsque vous étiez enfant, que vous pourrez coller dans votre journal poétique.
1. Un peu d’introspection pour commencer : nous allons partir à la recherche de ce qui a pu blesser votre enfant intérieur, ce qui a abîmé sa confiance en lui et en sa créativité. Tout d’abord, vous allez commencer par décrire votre environnement lorsque vous étiez enfant : comment était votre chambre ? Quelles couleurs, quels objets, quelles odeurs, quels bruits dominaient ? Qu’est-ce que vous aimiez faire ? A quelle activité auriez-vous pu consacrer des heures (peut-être que vous le faisiez effectivement) sans les voir passer ? Quelles activités auriez-vous aimé faire que vous n’avez jamais essayées ? Plus généralement : quel enfant étiez-vous ? Comment vous décririez-vous ? Qu’est-ce que vous aimiez chez vous ? Quels métiers vouliez-vous faire quand vous seriez grand ?
2. Qui a été l’ennemi de votre créativité ? Essayez de retrouver dans vos souvenirs 5 épisodes qui ont pu vous blesser et racontez-les : que s’est-il passé ? qu’avez-vous ressenti pendant et après ? Attention, ce n’est pas forcément des choses que l’on pourrait considérer comme grave une fois adulte, n’oubliez-pas qu’un enfant est très sensible, ça peut dont être un camarade qui se moque de ce que vous avez fait, un professeur qui vous dit que « ce n’est pas comme ça » ou que vous avez « trop d’imagination », un parent qui ne veut pas regarder votre dessin maintenant parce qu’il est occupé, une interdiction de faire de la peinture parce que c’est salissant et que vous venez de prendre votre bain…
3. Qui, au contraire, vous a soutenu ? Essayez de retrouver dans vos souvenirs 6 épisodes ou on vous a complimenté, félicité, encouragé dans votre créativité et racontez-les. Insistez sur ce qui a été dit de positif, et vos émotions. Est-ce que certaines personnes reviennent ? Vos parents notamment ?
4. Qui sont, aujourd’hui, les personnes qui vous soutiennent et vous encouragent lorsque vous créez, vous lancez dans un nouveau projet ? Que vous disent-ils ? Comment vous font-ils vous sentir ?
5. La page de l’amour : tous les compliments que l’on vous faits à propos de ce que vous créez, vous allez à partir d’aujourd’hui les recueillir précieusement. Vous pouvez aussi aller en rechercher dans d’anciens mails, commentaires sur les réseaux sociaux etc. et les coller sur une double page de votre journal poétique. Pour ma part, je fais cette page au début pour la retrouver facilement, et je relis tous ces encouragements dès que j’ai un petit coup de mou.
6. Un nuage de compliments : faites la liste de toutes les belles choses que l’on peut dire sur vous. Vous pouvez reprendre certains éléments de votre page d’amour, interroger vos amis, mais l’important c’est aussi tout le bien que vous pensez de vous. Ensuite, sur une page ou double page de votre journal poétique, après avoir collé au centre une belle photo de vous (une où vous souriez, une où vous vous aimez), vous allez écrire toutes ces belles choses comme dans des bulles autour de vous.
7. Je vous propose maintenant un exercice somme toute classique mais qui est énergétiquement et vibratoirement très puissant : écrire une lettre à votre enfant intérieur, à l’enfant que vous étiez : dites-lui que vous le comprenez, revenez sur ces chagrins et ses désirs non satisfaits. Félicitez-le pour son courage, encouragez-le. Et surtout dites-lui que vous l’aimez. C’est le plus important. Pour cette lettre, il y a plusieurs manières de procéder : soit vous l’écrivez directement dans votre journal poétique, soit sur du papier à part, voire du joli papier à lettre, et je trouve que c’est mieux. Ensuite, vous pouvez réellement la poster et vous l’envoyer (ou non), et la garder dans votre journal.
8. A présent, un petit écrit d’introspection : que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ?
S’autoriser à être créatif
Pour retrouver son flot créatif, après avoir rétabli la confiance et consolé l’enfant intérieur, il faut s’autoriser à créer. Attention, pas demander l’autorisation, mais bien s’y autoriser soi-même. Parce qu’on peut toujours trouver de bonnes excuses pour ne pas créer : le manque de temps, le manque d’espace (y compris d’espace mental). Mais l’une des premières choses à comprendre, c’est que ce ne sont que des fausses excuses : on a toujours, bien sûr, d’autres choses à faire. Mais en réalité, ce qui nous empêche de créer, c’est qu’on ne s’en donne pas la permission. On a érigé un barrage entre soi et le flot créatif, qu’il va falloir détruire à coups de pioche : vous verrez, ensuite, tout coule beaucoup plus facilement. Mais il va falloir commencer à penser autrement.
Notre cerveau est un peu comme un ordinateur, qui a été programmé pour qu’on fasse les choses d’une certaine manière, que l’on pense d’une certaine manière, programmations qui viennent de l’enfance, de la société. Et il est difficile de changer cette programmation. Mais pas impossible : en fait, le cerveau est en constante évolution, il se remodèle en permanence pour inscrire les expériences vécues, les traces physiques (la réalité neuronale) correspondant à une trace psychique et donnant naissance à notre « vie psychique », que cette trace d’ailleurs soit réelle ou due à un fantasme. Et ceci à l’infini, chaque stimulus pouvant créer une nouvelle trace mais à partir des traces existantes, raison pour laquelle nous sommes tous différents. C’est ce qu’on appelle en neurosciences la « plasticité neuronale », et c’est une bonne nouvelle car cela signifie que l’on peut « reprogrammer » les réseaux synaptiques pour sortir des schémas répétitifs et mettre fin aux croyances limitantes. Sur beaucoup de plans, et celui de la créativité en est un.
Non, vous n’êtes pas égoïste
Une des résistances les plus difficiles, quand on veut créer, c’est la culpabilité : celle de faire quelque chose qui nous épanouit, nous, qui nous apporte de la joie, mais seulement à nous. Ce n’est pas une question de temps, cela nous le verrons au point suivant. Non, c’est d’abord et avant tout une question de faire quelque chose pour nous, et qui, à strictement parler, ne « sert » à rien : pourquoi faire un collage dans notre journal poétique, au lieu par exemple de faire un gâteau pour les enfants ? Bien sûr cuisiner, c’est aussi de la créativité, mais si ce n’est pas profondément ce qu’on a envie de faire, à quoi bon.
Mais voilà : on vous a sans doute dit, surtout si vous êtes une femme, que l’on doit faire passer le bien-être des autres avant le sien. Il vous semble donc insurmontable d’imaginer faire quelque chose pour vous, et de le faire tous les jours.
Or, c’est faux. N’oubliez pas cette consigne lorsqu’on prend l’avion : il faut mettre son propre masque à oxygène avant de vouloir aider les autres à mettre le leur ! Il n’y a donc pas de mal à prendre du temps pour soi, au contraire, c’est comme cela que l’on peut ensuite être disponible pour les autres.
Donc commencez dans votre journal poétique à vous interroger : est-ce que vous vous sentez coupable à l’idée de prendre du temps pour vous ? D’où vient cette idée que c’est mal de s’occuper de soi : de votre éducation, de l’image que vous voulez donner ? Est-ce vraiment mal ? Est-ce que votre entourage serait vraiment malheureux que vous preniez du temps juste pour vous ?
Maintenant vous allez faire une page de collage avec des images qui représentent pour vous la créativité. Et écrivez, en gros : je m’autorise à être créatif/créative. Regardez-la chaque jour.
Et agissez.
Oui, vous avez le temps
On vient de le voir, la question du temps peut être une fausse excuse qui masque la culpabilité. Il se peut aussi que vous ayez réellement du mal à trouver dans votre emploi du temps un moment pour créer, même avec beaucoup de bonne volonté, pensez vous. Bien sûr, comme je l’ai dit en introduction, il ne s’agit pas d’inscrire « créer » dans la liste des choses à faire. Mais je suis certaine que du temps, vous pouvez en trouver : 15 minutes par jour, c’est déjà bien, pour commencer, et nous verrons dans un prochain tout ce que vous pouvez faire. Mais commençons, pour le moment, par trouver ces 15 minutes (qui très probablement, à mesure que vous vous rendrez compte du bien que ça fait, se transformeront en beaucoup plus).
Vous allez donc commencer, pendant quelques jours, par noter tout ce que vous faites dans une journée. Tout. Vous pouvez faire une liste, utiliser une application, comme vous voulez, l’essentiel est que vous preniez conscience de la manière dont vous utilisez le temps dont vous disposez. Et ensuite, de voir où vous pourriez en regagner un peu pour vous : en vous organisant autrement, en sacrifiant certaines tâches, en délégant. Par exemple : si votre habitude est, le soir, de regarder des séries, pourquoi ne pas regarder un épisode de moins et consacrer ce moment à votre journal poétique ? Pourquoi ne pas vous lever plus tôt (si cela convient à votre rythme biologique : le « miracle morning » n’est pas miraculeux pour tout le monde) ?
Le problème de l’espace
Evidemment, il vous faut un espace « à vous ». Ou un morceau d’espace, tout au moins. Bien sûr, l’idéal, c’est une vraie pièce, ce que Virginia Woolf appelle « une chambre à soi » et dont l’absence est selon elle la raison pour laquelle les femmes ont longtemps été exclues de la création. Un bureau, un atelier…
J’ai un bureau : longtemps, j’ai vécu dans des appartements trop petits pour avoir une pièce entièrement dédiée à l’écriture, et c’était mon rêve, même si dans les faits, vivant seule, tout l’espace était à moi, rien qu’à moi. Cela me manquait, j’avais envie d’une pièce consacrée à l’écriture. Aussi, quand j’ai eu l’occasion d’emménager dans un appartement où je pourrais installer un bureau, je n’ai pas hésité (dans les faits, cet appartement était sur le même pallier que l’ancien, ce qui facilitait les choses). Et vraiment, du point de vue de l’écriture, cela a libéré quelque chose : le fait d’avoir une pièce consacrée à cette activité la légitimait, en quelque sorte.
Ensuite, avec le confinement (un peu avant, dans les faits), je me suis mise à coller, peindre, dessiner, et cette activité à longtemps colonisé toute ma table de salle à manger. Quant à ma table de cuisine, elle est souvent transformée en studio photos. Alors maintenant je rêve d’avoir aussi un atelier. Mais la créativité est mon activité principale et si ce n’est pas votre cas, un lieu consacré exclusivement à ces activités créatives n’est pas indispensable.
Tout est une question d’organisation : si vous écrivez, ce n’est pas une activité qui demande beaucoup d’espace physique, une table (et encore) suffira. Si vous voulez dessiner, peindre, coller, il vous faudra un peu plus d’espace notamment pour ranger votre matériel qui va vite prendre de la place. Beaucoup de créatifs utilisent la desserte Raskog d’Ikea qui semblerait presque faite exprès pour ça. J’ai quant à moi investi dans un modèle similaire (lien affilié) pour le même usage, quand j’ai voulu récupérer ma table de salle à manger, et qui a trouvé sa place dans le bureau : tout ce dont je me sers le plus est à portée de main, j’installe un tapis de protection sur une table ou une autre, et c’est parti !

Mais en réalité, l’essentiel n’est pas là : que vous ayez une vraie pièce, que vous utilisiez un coin de votre garage ou votre table de cuisine, ce qu’il vous faut c’est de l’espace mental. Qu’on vous laisse seul.
Alors, comment et où pourriez vous trouver de l’espace pour créer ? Quel serait votre espace idéal ? Votre espace rêvé ? Comment pourriez vous composer avec la réalité ?
Voilà pour cette première partie. La semaine prochaine, nous tordrons le cou du pire ennemi de la créativité : le perfectionnisme !









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