Le féminisme, ce ne sont pas seulement des attitudes concrètes au quotidien. Comme on peut le voir depuis un demi-siècle ou un peu plus, le féminisme ne se veut pas seulement un mouvement de protestation, c’est une pensée. Le féminisme veut penser autrement pour agir autrement : au niveau politique et légal. Et aussi dans l’organisation quotidienne de la vie, dans la contestation des rôles, et des volontés masculines…
Michelle Perrot est historienne spécialisée dans l’histoire des femmes, et elle a chapeauté, avec Georges Duby, l’immense somme qu’est l’Histoire des femmes en occident, dont j’ai lu plusieurs tomes avec beaucoup d’intérêt pour mes recherches. Aussi lorsque l’autre jour je suis tombée sur cet essai à la librairie du FRAC (dont les ouvrages mis en avant sont toujours orientée de manière très féministe et c’est un fil rouge de leur programmation, et ils ont notamment de magnifiques t-shirts « Fuck le patriarcat » que j’ai failli prendre avant de me souvenir qu’en fait je ne portais pas de t-shirts, bref), je l’ai pris, curieuse du sujet.
Il s’agit donc d’une histoire des femmes et du féminisme : après avoir abordé sa propre histoire et expliqué d’où elle parle en tant qu’historienne et que féministe (ce qui n’est pas la même chose qu’historienne féministe), Michelle Perrot interroge la manière dont on peut écrire l’histoire des femmes et la persistance du patriarcat. Par la suite, elle tente une histoire du féminisme (ou des féminismes) et des débats qui le sous-tendent, pose la question du corps et du genre ainsi que de l’universel, et termine sur #metoo et la manière dont le mouvement change la donne.
Un essai essentiel, à la fois passionnant, inspirant et nourrissant : les propos sont toujours clairs, pédagogiques, et surtout mesurés. Non seulement on apprend beaucoup de choses (même si cela reste grand public et que beaucoup de points seraient à développer), car l’ouvrage est informatif, mais il permet aussi, et surtout, à chacune de faire un état des lieux de sa propre pensée, et de trouver son propre positionnement, en le frottant à celui des autres. J’ai particulièrement été intéressée, en ce sens, par le développement sur l’opposition (qui n’en est pas toujours une) entre le différentialisme et l’universalisme. Bien sûr, il y a des points sur lesquels je ne suis pas d’accord avec elle, il y en a toujours, mais c’est aussi enrichissant, et comme elle n’est pas péremptoire je ne me suis pour une fois pas trop agacée.
Et j’ai aimé cette « conclusion » :
Comme l’amour, la relation entre les sexes est toujours à réinventer. Réaffirmons la puissance de l’amour. Mais réinventons-là dans l’égalité et la liberté !
A lire, donc, pour apprendre des choses et enrichir sa réflexion !
Le temps des féminismes (lien affilié)
Michelle PERROT (avec Eduardo Castillo)
Grasset, 2023 5livre de poche 2024)









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