La voie du créatif, de Guillaume Lamarre

La créativité est un chemin et non une destination. Elle ne se laisse pas saisir aisément, car la création est une chose simple, mais sûrement pas une chose facile. Prenez garde, cependant, de n’en rester qu’au stade de la bonne intention. La solution se situe, pour le créatif, dans la pratique elle-même, dans la répétition quotidienne des gestes et dans le passage à l’action. Elle existe, aussi, dans la construction de ses propres recettes, dans l’apprentissage de la connaissance de soi. C’est-à-dire comprendre ce qui constitue réellement notre essence et cesser de s’accrocher à ce qui n’est qu’une version imaginaire de nous même.

Je ne connaissais pas du tut le travail de Guillaume Lamarre, mais je suis toujours intéressée par les ouvrages parlant de créativité. Aussi lorsqu’il y a quelque temps, sur le groupe de partage auquel j’appartiens, Blandine a conseillé cette lecture, je l’ai notée. Peu après, Géraldine, qui s’abreuve à la même source, en a fait l’objet de sa dixième ressource du dimanche et c’est l’une des lettres que j’ai archivées précieusement tant elle m’a inspirée, mais comme je voulais aller plus loin, j’ai commandé le livre.

La Voie du créatif se présente comme un programme d’entraînement pour devenir un samouraï de la créativité en 30 étapes, chaque chapitre de quelques pages proposant à la fois des conseils, des exemples de personnalités créatives (ce qui est très vaste) et des exercices appelés kata.

L’ensemble m’a plutôt plu et inspirée, et j’ai pris sur ce livre de nombreuses notes, qui ont fait jaillir de nouvelles idées, qui se sont mêlées à d’autres, et cela annonce de riches réflexions. C’est d’ailleurs l’un des principes qu’il aborde, s’appuyant sur les recherches d’Edward de Bono sur la pensée latérale : la créativité se fait en deux phases, la phase de divergence, au cours de laquelle on explore et associe, et la phase de convergence, qui consiste à arbitrer et à exécuter.

J’ai beaucoup aimé ce qu’il dit également sur l’importance des mentors, ces personnalités réelles ou fictives qui nous inspirent, nous marquent, nous montrent la voie, et que l’un des points essentiels de la créativité est de savoir choisir ses mentors et s’imprégner de leur travail. Il aborde aussi l’importance d’agir en professionnel et d’organiser ses journées en fonction de sa créativité, le caractère essentiel de l’attention et de la curiosité, la nécessité de terrasser nos dragons (tout ce que nous faisons pour ne pas faire ce que nous avons à faire), les histoires qui permettent de donner du sens à nos existences, et l’opinion, la vision.

Un ouvrage d’une grande richesse donc, qui s’appuie sur d’excellents principes avec lesquels je suis d’accord, à quelques nuances près.

Pour autant, il m’a manqué quelque chose, et je n’ai pas eu de prise de conscience bouleversante, ce qui fat que cet ouvrage n’entrera pas dans mon panthéon des meilleurs livres sur la créativité. La raison principale est sans doute qu’ayant déjà beaucoup lu et écrit sur le sujet, je n’ai rien découvert de neuf, et que j’ai plutôt été confortée dans mes propres convictions. J’ai aussi trouvé qu’il y avait beaucoup trop d’exemples de sportifs, et ce n’est pas ce qui m’inspire.

Mais justement, cela m’a mis la puce à l’oreille sur ce qui me dérangeait vraiment dans le livre (outre le design, que je n’aime pas du tout, et certaines pages sont même difficilement lisibles) : ce ne sont pas les principes, c’est la vision qui les sous-tend. Cette histoire de samouraï : en fait, j’ai trouvé que Guillaume Lamarre avait une vision très ascétique, très disciplinaire de la créativité, vision qui peut convenir à certains, mais qui n’est pas du tout la mienne. Pour faire simple, j’ai trouvé que ça manquait de vie, de jaillissement, de pulsion, de désir, et de cet ingrédient essentiel qu’est la joie.

Pour moi, créer c’est comme faire l’amour, et parfois j’ai eu l’impression de lire un guide pour devenir un moine abstinent. Peut-être que je me trompe et que ce n’est pas du tout la vision de l’auteur (sans doute même) mais ça m’a fait cet effet. Cela reste donc un bon ouvrage sur la créativité, mais pas celui que je conseillerais en priorité !

La Voie du créatif (lien affilié)
Guillaume LAMARRE
Pyramyd, 2016