L’Origine de nos amours, d’Erik Orsenna

Je crois bien que j’ai reçu en héritage une malédiction. Et je te l’ai transmise. Désolé pour le cadeau. Enfin, c’est une hypothèse. Le gène des amours impossibles.

Cela faisait un certain temps que j’avais trouvé ce livre dans une boîte à livres : j’adore plus que tout ces découvertes de hasard, qui n’en sont d’ailleurs pas vraiment tant j’ai l’impression que les boîtes à livres servent d’outil à l’Univers lorsqu’il veut nous mettre sur une piste. Dans le cas présent, c’est le titre qui m’avait attirée, et je n’avais guère prêté attention au résumé jusqu’à ce que l’autre jour, recherchant l’inspiration devant le rayon « à lire » de ma bibliothèque, je regarde de plus près et soit saisie par la synchronicité, puisque ce texte, plus autobiographie que roman, aborde un des thèmes qui m’occupent en ce moment : la psychogénéalogie, le transgénérationnel et les lignées paternelles.

Erik Orsenna et son père ont divorcé à quelques jours d’intervalle, ce qui les a rapprochés, et depuis, ils n’ont pas cessé de parler d’amour, et de l’origine de leurs malheurs amoureux, qui pèse sur eux comme une malédiction se transmettant de père en fils : le gène des amours impossible. Et si cela avait à voir avec un de leurs ancêtres, immigré à Cuba ?

Ce roman, c’est tout d’abord l’exploration d’une relation père-fils comme il en existe finalement assez peu dans la littérature, surtout liée à la thématique amoureuse, et un hommage émouvant au père disparu : s’ils ont longtemps eu une relation distendue, marquée par les incompréhensions, l’auteur et son père se rapprochent autour de ce qui est finalement le sujet essentiel : l’amour. Et j’ai beaucoup aimé ce père, attachant et un peu fantasque, qui a légué à son fils une chose magnifique, le goût des histoires, des « il était une fois » et des carabistouilles que ne renieraient pas Romain Gary.

Mais le sujet essentiel, ce sont ces forces souterraines à l’œuvre dans nos choix, et en particulier nos choix amoureux : il semblerait que dans la famille Arnoult (le vrai nom d’Orsenna, qui tient son pseudonyme de Julien Gracq, comme il le raconte d’ailleurs dans le livre), on soit inconsciemment attiré par les amours impossibles, douloureux, magnifiques mais empêchés. Et que tout cela soit lié à l’histoire d’un ancêtre : le père se lance donc dans des recherches sur les traumatismes transgénérationnels, et tout cet aspect-là m’a particulièrement intéressée puisque c’est un de mes sujets du moment, lié au « projet secret », avec de nouvelles sources et de nouvelles histoires par rapport à ce que j’avais déjà trouvé : l’histoire de la mort de Brandon Lee et de la coïncidence par rapport à celle de son père, et le traumatisme d’ensevelissement des descendants de soldats de la Grande Guerre, sujet de la thèse du propre frère d’Erik Orsenna.

Un récit que j’ai donc vivement apprécié, à la fois émouvant bien sûr, mais aussi primesautier et sautillant, comme sait si bien le faire Erik Orsenna, que je n’avais pas lu depuis longtemps et dont j’ai retrouvé la plume avec un vif plaisir, grâce à un hasard qui bien sûr n’en était pas du tout un !

L’Origine de nos amours (lien affilié)
Erik ORSENNA
Stock, 2016 (Livre de Poche, 2017)

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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