La transformation ne commence pas chez l’autre, elle commence en vous. Chaque femme qui choisit de se libérer de ses schémas participe à un mouvement plus vaste : celui d’une génération de pionnières qui reprennent leur pouvoir, réécrivent leurs histoires et redéfinissent l’amour et les relations. Ensemble, nous pouvons changer non seulement nos vies, mais aussi le regard que la société porte sur nous.
La question de la puissance féminine est mon principal axe de travail et de réflexion depuis toujours. Aussi, lorsque j’ai reçu un mail d‘Audrey Akoun cherchant des femmes ambassadrices pour son nouveau livre sur le sujet, je n’ai pas hésité et bien m’en a pris, car il m’a permis de nombreuses prises de conscience.
A la fois récit d’un cheminement personnel et essai, Souveraine part de l’idée que nos blessures invisibles dictent la manière dont nous sommes en relation avec l’autre, que cela se traduise par de la dépendance affective ou au contraire par de l’hyperindépendance. Pour transformer nos relations, il s’agit donc avant tout de se transformer soi, par un acte d’amour qui consiste à regarder en face ces blessures afin que l’histoire cesse de se répéter, et devenir le vrai soi. Briser le cercle de souffrance.
Et cela commence, bien sûr, par en prendre conscience, avec une honnêteté radicale nécessaire pour se rencontrer vraiment, celle que l’on est et que l’on cache, y compris à soi-même. Le fait est que nos blessures intimes, celles de l’enfance, influent sur tous les domaines de notre vie, et notamment nos relations adultes, car sans nous en rendre compte nous reproduisons ce que nous avons vu et ressenti durant notre enfance avec les figures d’attachement que sont nos parents. L’autrice aborde ainsi les cinq blessures fondamentales (le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice), ainsi que les quatre types d’attachement (sécurisé, anxieux, évitant, désorganisé) afin de nous permettre d’identifier nos propres fonctionnements, sachant qu’ils sont amplifiés chez les neuroatypiques.
Guérir, c’est donc prendre conscience de ces dysfonctionnements, et modifier sa perception des événements vécus comme traumatiques. Reconnaître que chaque part de nous a une histoire et une fonction, qu’elle a quelque chose à nous dire et détient un morceau de notre sagesse, sans nous identifier à elle. L’amour ne peut pas guérir ces dysfonctionnements, il ne fait que les mettre en évidence : chaque individu porte en lui une « image de l’amour », issue des relations avec ses figures parentales, et cette image colore notre perception de l’autre dans le couple puisque nous cherchons inconsciemment des partenaires qui nous rappellent ces figures afin de résoudre les conflits non résolus. Le problème n’est donc pas le comportement du partenaire, mais la manière dont il réactive nos blessures et nous tend le miroir de nos insécurités.
La guérison commence donc par la libération de ces chaînes du passé, afin de reprendre le pouvoir sur les parts blessées qui se laissent abuser. Trois obstacles se dressent sur notre chemin : la honte et l’autocritique, le perfectionnisme, et la comparaison. Il s’agit donc avant tout de cultiver l’autocompassion, et de se pardonner, c’est-à-dire choisir de ne plus être prisonnier du passé.
Il est également essentiel de décoder ses schémas relationnels, et de bien comprendre le rôle de l’inconscient dans le choix des partenaires : il choisit en fonction de ce dont nous avons besoin pour grandir, en vue d’un bénéfice, même si celui-ci n’est pas immédiatement visible :
L’autre n’est que le reflet de toutes les blessures que nous avons à soigner.
Après avoir élaboré une liste de « red flags » et expliqué le fonctionnement du triangle de Karpman Victime/Sauveur/Bourreau, Audrey Akoun nous invite donc à élaborer le portrait de notre « partenaire fantôme », celui qu’on attire (et qui nous attire) de manière répétée, même si on souhaite consciemment autre chose, et qui a des traits similaires à nos figures d’attachement, et ce afin de pouvoir faire la différence entre le véritable intérêt, et nos blessures qui s’agitent.
Finalement, il s’agit d’apprendre à s’aimer, construire son royaume intérieur et s’honorer. Choisir ce qui est bon pour soi sans s’enfermer dans un rôle, se reconnecter à son corps, apprivoiser la solitude, renouer avec une sexualité libérée des injonctions patriarcales et notamment des normes esthétiques qui nous empêchent de jouir pleinement et du mythe de l’orgasme vaginal. Libérer en soi la femme sauvage et sacrée, poser ses limites et défendre ses valeurs : le partenaire devient alors un guide émotionnel et spirituel, qui nous offre un espace de sécurité dans lequel on peut progresser.
Un ouvrage clair, passionnant et nourrissant, profond et bien documenté mais aussi souvent drôle et plein d’autodérision. Comme je le disais en introduction, il m’a permis nombre de prises de conscience et offert de nombreuses pistes de réflexion. Tout le monde peut le lire avec profit : les jeunes filles, les femmes, mais aussi les hommes qui sont tout comme nous prisonniers de schémas malsains qui les empêchent de s’épanouir.
Alors, prêtes à remettre votre couronne ?
Souveraine (lien affilié)
Audrey AKOUN
Hachette, 2025









Un petit mot ?