L’Ecriture est une île, de Lorraine Fouchet

Que suis-je venue faire dans cette galère ? Un livre qu’on lit est un tapis volant qui transporte, un gros pull qui réchauffe, une épopée dans laquelle sauter à pieds joints et à cœur battant, les yeux écarquillés. Mais lorsqu’on écrit, c’est un grand huit dont on ne revient as indemne. Les mots creusent profond, cherchent les émotions, fouaillent la douleur, arrachent les pansements et mettent les plaies à nu. Ecrire n’est pas une thérapie, mais ça ébranle les fondements, ce n’est pas anodin. Le savent-ils ? Ont-ils fait le voyage pour ça ?

L’autre jour, lors d’une visite en librairie, je suis passée devant ce roman, mis en valeur sur une table à l’occasion de sa sortie en poche, et il m’a immédiatement interpelée. Evidemment : il y est question d’écriture et d’écrivain, d’atelier d’écriture, comment résister ? De l’autrice, Lorraine Fouchet, je n’avais lu que Couleur Champagne, il y a une éternité, et l’article a dû se perdre car je ne le retrouve plus. Qu’importe : j’ai fait confiance, et je l’ai dévoré en deux soirées.

Lorsqu’elle reçoit d’un ami la proposition d’animer une semaine d’atelier d’écriture sur l’île de Groix, le premier mouvement d’Alix est de refuser : elle ne se sent pas légitime à aider les autres à écrire. Et elle a peur que personne ne s’inscrive. Mais réflexion faite, elle décide d’accepter, et quelques semaines plus tard, ils sont six à la rejoindre sur la petite île bretonne, pour des raisons différentes, mais tous chargés de lourds bagages émotionnels : Daniel, le doyen, qui chaque jour écrit à sa femme décédée ; Luchino, un millionnaire italien qui ne supporte pas d’être loin de l’eau ; Arzur, le benjamin, qui travaille dans l’édition mais a une raison autre que littéraire d’être là ; Cassandra, qui perd petit à petit l’audition ; Napoléon dit Léon, qui veut se lancer dans le stand-up ; Joanna, une anglaise toujours accompagnée de sa mère Mary… L’expérience qu’ils vont vivre tous ensemble au cours de cette semaine va les transformer. Tout comme elle va transformer Alix.

Un très beau roman choral, rempli d’émotions, qui rassemble des personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer mais que le destin finit par lier étroitement grâce à l’expérience commune qu’ils vont vivre avec Alix. Leurs blessures et leurs histoires sont différentes, mais tous sont chargés de tristesse et de chaînes, dont ils vont se défaire grâce à l’écriture et au mantra d’Alix : changer de point de vue, et grâce aux autres. Ils vont trouver ce qu’ils ne cherchaient pas.

Ce que j’ai particulièrement apprécié, on s’en doute, c’est toute la réflexion sur l’écriture : les interrogations de l’autrice sur sa manière de faire et sur la façon de le transmettre, les différents exercices de l’atelier, la manière dont le vrai (que le lecteur connaît) se manifeste dans les textes à travers l’invention et la fiction, et surtout comment l’écriture rassemble et soude ces personnalités toutes plus attachantes les unes que les autres, alors que l’écriture est supposée être une activité solitaire. Une expérience forte et transformative, qui est d’ailleurs dans ma bucket list.

Le roman est assez court, rythmé par le passage des jours, et se lit très facilement même si certaines expériences vécues par les personnages sont douloureuses. Une très belle expérience de lecture, un roman feel good de bonne facture, que je recommande.

L’Ecriture est une île (lien affilié)
Lorraine FOUCHET
Héloïse d’Ormesson (Pocket, 2025)

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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