Les quatre styles d’attachement

Je ne sais pas si c’est un effet de synchronicité, mais en ce moment je ne cesse de tomber sur des articles ou des podcasts ou des livres qui abordent la théorie des styles d’attachement, théorie qui me semble très juste mais qui me plonge dans des abîmes de réflexions. J’ai parfaitement identifié mon style d’attachement (qui n’est pas très sain) même si je n’ai absolument aucune idée de la raisons pour laquelle j’en suis arrivée là, ce qui me laisse d’ailleurs penser que ce n’est peut-être pas si simple que ce que disent les auteurs. Et surtout, la question, à présent est : comment parvenir à construire un style d’attachement sain ?

La théorie de l’attachement a été formalisée par le psychanalyste John Bowlby à partir des travaux de Winnicott, Lorenz et Harlow. Elle repose sur l’idée, étayée par des expériences, que le jeune enfant, pour construire un mode de relation normal, a besoin d’une figure d’attachement (le père, la mère, ou autre) avec laquelle il se sent en sécurité, et qui prend soin de lui de manière cohérente et saine. Cela lui permet d’explorer et de se construire, de s’éloigner de cette figure tout en sachant qu’il pourra revenir vers elle en cas de besoin et être rassuré. Ce qui, malheureusement, n’est pas toujours le cas, pour des raisons diverses, et cela a des répercussions graves plus tard sur les relations adultes, et en particulier celles qui finalement nous challengent le plus : les relations amoureuses.

Il existe donc quatre styles possibles d’attachement, l’un qui est sain, et les trois autres qui sont pathologiques et empêchent de vivre des relations épanouies. La terminologie est assez variable.

1. Le graal : l’attachement secure

C’est ce à quoi nous aspirons tous : pouvoir nous reposer en toute sécurité dans l’amour de l’autre. Nous avons un attachement sécurisé lorsque la figure d’attachement a répondu de manière cohérente, rapide et adaptée aux besoins de l’enfant, ce qui lui a permis d’explorer son environnement en toute sûreté. Il est indépendant, mais sait aussi demander de l’aide. Il se sent à l’aise dans l’intimité, pour donner et recevoir de l’affection, sait faire confiance et gérer les conflits, et n’a pas peur de l’engagement.

2. L’attachement anxieux

Lorsque la figure d’attachement répond de manière imprévisible ou conditionnelle aux besoins de l’enfant, celui-ci recherche a tout prix la validation et a peur d’être abandonné. Dans l’intimité amoureuse, il est constamment inquiet du désintérêt de l’autre et a besoin d’être sans cesse rassuré. Ce sont les dépendants affectifs.

3. L’attachement évitant

Lorsque la figure d’attachement ne répond pas ou peu aux demandes de l’enfant, celui-ci se sent livré à lui-même et n’apprend pas à avoir confiance dans les autres, et refuse de s’attacher. Il est hyperindépendant, évite l’intimité, les relations trop profondes et fuit l’engagement, par peur de se montrer vulnérable et se protéger d’un éventuel rejet/abandon.

4. L’attachement anxieux-évitant ou désorganisé

Il est dit plus rare, et se développe souvent dans des environnements violents ou chaotiques. La personne oscille entre l’anxiété et l’évitement.

J’ai longtemps cru que j’étais évitante : je fuis l’engagement, j’ai du mal à me laisser approcher et à demander de l’aide. Sauf que ce n’est pas si simple et en réalité, j’oscille entre l’anxieux et l’évitant, selon les circonstances et l’attitude de la personne en face de moi (pourtant, je n’ai pas grandi dans un environnement violent).

5. Le cercle infernal dans le couple

Parce que notre inconscient n’ayant de cesse de vouloir nous aider à grandir, évoluer et guérir, et que le couple est le plus puissant des creusets de transformation, il nous pousse vers des personnes ayant le style d’attachement miroir : nombre de couples sont ainsi constitués d’un anxieux et d’un évitant, l’un n’ayant de cesse d’alimenter les peurs de l’autres : plus l’anxieux se montre dépendant et en demande de réassurance affective, plus l’évitant se sent prisonnier et a envie de fuir, donc plus l’autre est angoissé, et ceci sans fin.

Quant aux anxieux/évitant, ils ont tendance à s’attirer l’un l’autre, ce qui donne une sorte de danse très semblable au fameux adage « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ». Et qui est franchement épuisante, d’autant qu’on ne se comprend pas soi-même, ni ses réactions. Mettons qu’on envoie un message, auquel l’autre ne répond pas (et il y a nombre de raisons valables pour ne pas instantanément répondre à un message). Selon les cas, la phase de la lune, la vitesse du vent ou l’âge du capitaine, on va soit envoyer des dizaines de messages (qui vont déclencher chez l’autre sa peur d’être étouffé), soit se dire « je m’en fous de toute façon ». Ou alors, l’autre va envoyer un message, auquel on ne va pas répondre pour une raison valable, l’autre va nous harceler, ce qui va nous angoisser et nous donner envie de fuir, alors même qu’on est très attaché à cet autre, et qu’on ne comprend pas pourquoi on réagit comme ça puisqu’on l’aime. Un cercle infernal.

J’ai longtemps cru résoudre le problème en n’envoyant pas de message, afin de m’éviter l’épreuve qu’on n’y réponde pas, et d’éviter de faire peur à l’autre en me montrant trop pressante. Même si j’étais amoureuse. Sauf qu’en face, c’était perçu comme une marque de désintérêt, et puisque je n’envoyais pas de message, l’autre n’en envoyait pas non plus. Sauf une fois, lorsque je suis sortie avec un dépendant affectif qui m’en envoyait mille par jour, auxquels je répondais parce que par un effet pervers, il avait réussi à court-circuiter mon côté évitant. Inutile de préciser que cela s’est mal terminé.

Actuellement, il y a quelqu’un à qui j’aimerais envoyer un message, pour qu’on se réconcilie suite à une histoire stupide. Parce que je l’aime, cet idiot. Oui mais voilà : j’ai tellement peur qu’il ne me réponde pas que je préfère ne pas envoyer le message. Et le pire, c’est que je soupçonne que le même problème se pose de l’autre côté.

Pour guérir de ces failles dans la construction de l’attachement, a fortiori lorsqu’on ne sait pas bien d’où elles viennent, il n’y a pas de remède miracle. Je pense qu’en prendre conscience est déjà un bon point de départ. La thérapie (mais il faut qu’elle soit faite des deux côtés) aide néanmoins. Mais c’est dur…

2 réponses à « Les quatre styles d’attachement »

  1. Avatar de Les mirages de la certitude : essai sur la problématique corps/esprit, de Siri Hustvedt – Caroline Doudet

    […] entre les hommes et les femmes et leurs effets, le développement de l’enfant et la théorie de l’attachement, l’effet placebo et la psychosomatique, la théorie de l’évolution, et […]

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  2. Avatar de Enfin seule, de Lauren Bastide – Caroline Doudet

    […] pas un plaidoyer pour le célibat. Il s’agit plutôt, à partir d’une analyse des théories de l’attachement, de montrer qu’il est essentiel d’être capable d’être seul sans se sentir en […]

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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