Miniaturiste, de Jessie Burton

Nella lève la main dans la pénombre et regarde son alliance, ses petits ongles tels des coquillages roses. Il n’y avait peut-être qu’une seule place publique, à Assendelft, mais là, au moins, les gens l’écoutaient. Jusqu’à présent, ici, elle n’a été qu’une marionnette, un réceptacle pour le discours des autres. Ce n’est pas un homme qu’elle a épousé, mais un monde – argentiers, belle-sœur, curieuses relations, une maison dans laquelle elle se sent perdue, une autre plus réduite qui l’effraie. Bien qu’à l’évidence beaucoup lui soit offert, Nella a au contraire l’impression qu’on lui retire quelque chose.

J’avais déjà lu des romans de Jessie Burton, que j’ai du reste beaucoup appréciés, mais jamais son premier : curieusement, il ne m’attirait pas plus que ça, et comme je n’avais jamais eu non plus l’occasion, c’était resté comme ça. Mais avant l’été, j’en ai trouvé un exemplaire en parfait état à Emmaüs, et je me suis dit que ce serait une parfaite lecture estivale. Estivale, elle le fut : je n’en parle que fin octobre mais c’est bien alanguie dans mon hamac, au cœur des plus chaudes journées d’août, que j’ai lu ce roman. Cela fut-il pour autant une lecture parfaite… cela reste à voir.

A l’automne 1686, Nella Oortman quitte son village natal pour s’installer à Amsterdam avec son mari, Johannes Brandt, un des plus riches marchands de la ville. Elle ne l’a jamais vu, mais est toute prête à l’aimer, et à parfaitement remplir son rôle d’épouse. Dont elle se rend vite compte qu’elle n’a que le nom : non seulement elle ne voit que très peu son époux, mais il semble même la fuir et ne la touche pas, et la direction de la maison est assurée par Marin, la sœur de Johannes, qui a tous les pouvoir et se montre très froide et austère. Pour distraire sa jeune épouse, Johannes lui offre une maison de poupée, qu’elle va s’attacher à meubler grâce à un mystérieux miniaturiste.

Je n’irais pas jusqu’à dire que je n’ai pas aimé ce roman, mais je suis tout de même très loin de l’enthousiasme général, et je n’y ai pas pris un immense plaisir. Pourtant, j’étais ravie de retrouver les canaux d’Amsterdam. Mais. D’abord l’ambiance austère et puritaine, avec le poids d’une religion mortifère, m’a oppressée et angoissée avant de me mettre franchement en colère, ce qui n’est pas forcément des émotions que j’ai envie de ressentir lorsque je lis (je les ressens assez dans la réalité). En outre, je dois avouer, à ma grande honte, que je n’ai pas tout compris.

Heureusement, certaines choses m’ont enchantée, quelques passages comme la description de la chambre de Marin ou les évocations sensuelles de nourriture. J’ai beaucoup aimé voir évoluer Nella, prendre de l’assurance et de la force, et le personnage de Johannes m’a beaucoup touchée. Cela ne suffit pas pour conserver de l’ensemble un souvenir positif, même si j’admets que c’est un roman parfaitement maîtrisé, mais je relirai Jessie Burton, dont je sais qu’elle peut aussi beaucoup me nourrir.

Miniaturiste (lien affilié)
Jessie BURTON
Traduit de l’anglais par Dominique Letellier
Gallimard, 2014

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