Chemin faisant, tout en cherchant sa route, le voyageur démêle les fils de son propre destin, il considère l’ordonnance du monde, mais sa plus grande découverte reste lui-même.
Si j’ai appelé mon entrepris Le Voyage poétique et plusieurs de mes livres Invitation à un voyage, ce n’est pas seulement parce que j’aime voyager au sens propre du terme, le déplacement géographique, mais surtout parce que je considère la vie elle-même comme un voyage (un voyage du héros), et le développement personnel comme un Voyage vers soi. C’est un sujet qui m’intéresse depuis toujours, et l’objet de ma thèse, qui portait sur le récit de voyage, était de montrer que l’on voyage comme on est. C’est pour cela que, lorsque je suis tombée sur cet essai dans une solderie (je le dis souvent en ce moment, mais cet endroit est une mine d’or), je l’ai pris.
L’ouvrage date un peu : lorsqu’il est sorti, je n’avais même pas mon bac, et certaines analyses ne sont plus aussi pertinentes, les choses s’étant accélérées depuis. Il n’a jamais été aussi facile de voyager, les formes du voyage sont innombrables, et pourtant, certains éléments restent constants, certains symboles, et c’est cela que l’auteur va analyser, en quatre parties. Tout d’abord l’élan du voyage, un sentiment d’exil intérieur qui nous pousse à chercher la sortie, à partir en quête, souvent suite à un signe. Il analyse ensuite les épreuves qui attendent le voyageur : les gardiens du seuil, qui peuvent être une peur à vaincre pour partir, un rituel d’initiation qui nous métamorphose, une maladie, l’épreuve du temps et le rythme des saisons. Il s’intéresse ensuite aux guides, qui nous accompagnent sur notre route : les animaux guides, les guides humains, les guides divin, et ce guide papier qu’est la carte. Enfin, il est question des écueils : le pillage (avec une critique du tourisme, qui épuise et banalise le monde), la fatigue du voyageur, les pièges du voyage, avant de terminer sur la question du souvenir de voyage, qui prend pour modèle la relique :
l’objet souvenir est toujours enchanté, magique, porteur d’une influence spirituelle depuis son origine : la relique.
Et il conclut sur la perte de sens du voyage aujourd’hui.
J’ai trouvé que ce texte ne manquait pas d’intérêt, mais souvent de clarté : certes, voyage géographique et voyage métaphorique qu’est la vie ont bien des points communs, et se superposent l’un à l’autre, mais l’auteur ne définit pas toujours suffisamment les contours de sa réflexion, pourtant riche et nourrie de nombreuses références littéraires et mythologiques, parfois historiques, et illustrée d’une très belle iconographie. L’auteur est érudit, cela se sent, et justement, je trouve dommage que dans ses analyses il ne fasse aucune référence aux travaux de Joseph Campbell, qui sont tout de même à la source de tout sur le sujet et qui, surtout, semblent pourtant construire sa réflexion, ni au Tarot, qui est parfaitement dans son thème, puisque la structure représente le voyage du Fou/Mat dans la vie.
Je commence aussi à fatiguer de toutes ces critiques un peu réactionnaires concernant le tourisme et la perte de sens du voyage si on ne part pas à l’aventure sac au dos.
Bref, un ouvrage qui m’a intéressée, j’y ai trouvé quelques pistes de réflexion à creuser, mais je n’ai pas non plus été illuminée.
Le voyage. Les symboles (lien affilié d’une autre édition)
Jean-Pierre LAURANT
Philippe Lebaud, 1995









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