L’autre jour, comme souvent (c’est littéralement à 20 mètres de chez moi, et cela fait une petite sortie facile lorsque j’ai besoin de m’aérer), je suis allée faire un tour au dépôt vente d’à côté.
Une sorte de caverne d’Ali Baba, où se côtoient des objets très hétéroclites, des parapluies et des machines à coudre sur des tables de dissection comme dirait Lautréamont, des merveilles et pas mal d’autres choses pour lesquelles j’ai du mal à trouver un autre qualificatif que curieuses. Beaucoup de choses très originales, en tout cas. Le propriétaire aime mettre en valeur les objets, les changer de place, construire des scènes : c’est une accumulation hétéroclite, oui, mais pensée. Ce qui donne au lieu une ambiance bien particulière.
Bref j’aime y faire régulièrement un tour parce que j’y trouve toujours l’inspiration, et souvent un objet ou un autre à rapporter chez moi. Mais ce jour-là, exceptionnellement, j’y étais pour vendre deux lampes de chevet, puisque je n’ai plus besoin d’elles (j’ai fabriqué de nouvelles lampes avec deux grosses bouteilles en grès). Mais j’ai tout de même fait le tour du lieu que, je ne sais pas pourquoi, je fais toujours en sens inverse de ce qui est prévu.
Et là, les objets se sont en quelque sorte mis à me parler.
N’appelez-pas de médecin, je sais très bien qu’ils ne me parlaient pas réellement (je ne suis pas Jeanne d’Arc, je n’entends pas de voix) et que c’est simplement un truc d’écrivain, qui n’était d’ailleurs pas une nouveauté, mais, est-ce parce que c’était la veille de Samhain, parce que j’étais dans un état émotionnel différent, parce que parce que… toujours est-il que ce jour-là plus que d’habitude les objets voulaient me raconter leur histoire.
Comment ils avaient été fabriqués, d’où ils venaient, qui était leur précédent propriétaire, ce qu’ils avaient vu depuis l’endroit où ils étaient posés ou accrochés, où ils avaient voyagé peut-être, comment ils s’étaient retrouvés ici. Ce qui a provoqué les quelques abîmures dont ils sont parfois porteurs. S’ils étaient hantés, peut-être.
D’habitude, ce questionnement est fugace, une sorte de rêverie, qui se limite le plus souvent à ceux des objets que j’adopte. Là c’était beaucoup plus vaste, pas une cacophonie mais presque, au point que j’ai failli demander au propriétaire s’il m’autorisait à venir m’installer toute une journée sur un de ses canapés pour écrire. Mais comme il fait un peu froid dans ce qui reste un entrepôt, je ferai plutôt ça au retour des beaux jours – je suis sûre qu’il dira oui !
Mais de là sont nées plusieurs idées, plusieurs projets, à partir de certains de certains objets qui ont attiré mon oeil ce jour-là (pas un livre cela dit, pas pour le moment du moins), à partir de l’ambiance ou… enfin beaucoup de choses, parmi lesquelles il faut que je fasse un peu de tri, que je mûrisse certains points… et que j’écrive l’histoire qui est sortie presque toute armée de mon esprit, tombant d’autant plus à pic qu’elle s’insère parfaitement dans un projet plus vaste que j’ai pour l’automne (le prochain, 2026).
Et j’aime bien, cette idée d’écrire l’autobiographie de certains objets qui, je le rappelle, ont une âme !









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