Pour l’amour, de Colette

J’ai eu l’occasion de descendre au fond de la jalousie, de m’y établir et d’y rêver longuement. Ce n’est pas un séjour irrespirable, et s’il m’est arrivé autrefois, en écrivant, de le comparer comme tout le monde à l’enfer, je prie qu’on porte le mot au compte de mon lyrisme. C’est plutôt une sorte de purgatoire gymnique, où s’entraînent tour à tour tous les sens, et morose comme le sont les temples de l’entraînement. Je parle, bien entendu, de la jalousie motivée, avouable, et non d’une monomanie. Culture de l’ouïe, virtuosité optique, célérité et silence du pas, odorat tendu vers les parcelles abandonnées dans l’air par une chevelure, une poudre parfumée, le passage d’un être indiscrètement heureux – tout cela rappelle fort les exercices du soldat en campagne et la science des braconniers.

Dernière lecture de l’année, et on va finir en beauté avec Colette, et le thème qui nous est cher à toutes les deux : l’amour.

Le fait est que depuis qu’elle est tombée dans le domaine public l’an dernier, les nouvelles éditions de ses œuvres se multiplient, et je suis tombée sur ce volume après ma visite de l’exposition consacrée à l’autrice à la BNF. On se doute que je n’ai pas tellement essayé de résister.

Ce recueil présente les plus belles pages écrites par Colette sur l’amour, c’est en tout cas ce qui est annoncé. L’amour sous toutes ses formes puisqu’on y trouve quelques extraits consacrés à son amour pour les animaux.

L’amour ayant été la grande affaire de la vie et de l’œuvre de Colette, on se doute qu’il y avait l’embarras du choix sur le sujet, et que la sélection repose sur beaucoup de parti-pris. Peu de lyrisme : on trouvera surtout, ici, une Colette mordante, cruelle, souvent désabusée concernant les relations de couple, qui finissent toujours mal, ce qui donne des pages magnifiques sur la souffrance, la rupture, ou encore la jalousie, dont elle fait un curieux éloge.

Soit. Pour ma part, je n’aurais pas toujours choisi ces textes. Mais, pourquoi pas. Et lire Colette est toujours une joie extrême, évidemment.

Mais je vais faire la même remarque que dernièrement sur le recueil des textes de Rilke sur l’amour : est-ce que c’est trop demander qu’un peu de contextualisation ? Ici, on nous donne, certes, le titre de l’œuvre dont nous lisons un extrait, mais c’est tout, et pour moi c’est insuffisant, d’autant qu’on ne peut pas dire que l’introduction soit très développée. C’est dommage, parce que l’idée est très belle, mais il manque quelque chose. Ce recueil semble malheureusement avoir été fait un peu à la va-vite pour profiter de l’occasion.

Pour l’amour (lien affilié)
COLETTE
Payot, 2025

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Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

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