J’ai enfin terminé la relecture de tous les articles du blog, ce qui a été un exercice long et salutaire sur de nombreux points, et pas seulement l’aspect technique : corriger les liens morts, les doublons de titres et autres problèmes qui me coûtaient cher en SEO. Cet aspect n’était que la partie émergée de l’iceberg.
En réalité, le plus intéressant a été que cela m’a donné l’occasion de faire un gigantesque bilan des quatorze années qui viennent de s’écouler, soit deux cycles puisque j’ai des cycles de sept ans.
Un peu comme relire son journal, mais avec un angle différent : celui de ce qui m’importe comme sujets, et notamment le passage, plus progressif que ce que je pensais, d’un blog presque exclusivement littéraire à quelque chose de plus généraliste, qui me convient mieux et qui, si je suis honnête, était mon envie depuis le début : c’est simplement que je n’osais pas, et que je me cachais derrière les écrits des autres.
C’est cette question que j’ai abordée dans l’Escale Poétique de juin. Avec un point aveugle qui m’a sauté aux yeux une fois la newsletter envoyée : celui de la spiritualité. Je me suis rendu compte que je n’en parlais presque plus. Et que, parfois, ce dont on ne parle pas est aussi important que ce dont on parle.
Evidemment, faire un article pour parler d’un sujet dont on ne parle pas est une forme de prétérition, et même un paradoxe. Tant pis, je ne suis pas à un paradoxe près.
En fait, cela fait pas mal de temps que le sujet m’interroge, et notamment après être tombée sur plusieurs contenus de personnes qui, après avoir été complètement immergées dans ce qu’on appelle le « New Age », le rejetaient en bloc.
Pour certaines elles faisaient carrément une Doreen Virtue : c’est comme ça que j’appelle ceux et celles qui, après avoir exploré différentes spiritualités, reviennent, tel l’enfant prodigue de la parabole, se ranger à nouveau dans le giron d’une religion instituée, comme l’a fait Doreen Virtue qui, après avoir créé de très puissants oracles autour du féminin sacré, des vies antérieures etc., est devenue une fondamentaliste chrétienne, rejette son travail précédent et demande même qu’on ne vende plus ses oracles. Qui de toute façon vibrent de travers, depuis.
Pour d’autres, c’était un rejet pur et simple.
Je ne juge personne parce que, chacun son chemin, souvent en spirale d’ailleurs, par phases, par vagues, par mouvements. Enfin, quand je dis que je ne juge pas, disons surtout que je ne juge plus : la première tendance, notamment, m’a pas mal mise en colère au début, notamment parce qu’elle s’accompagne souvent, malheureusement, d’un jugement à l’encontre de celles (parfois ceux, mais soyons honnêtes, souvent celles) qui sont encore dans le « New Age ».
Alors de fait je n’ai jamais été strictement « New Age » : je suis de toute façon un électron libre, raison pour laquelle je n’ai jamais adhéré à aucune religion instituée, et même dans le domaine de la spiritualité, je prends ce qui résonne et je laisse le reste sans m’encombrer l’esprit.
Et, donc, je me suis rendu compte qu’après des mois de recherche dans tous les sens, de programmes, de suivi de contenus astrologiques, tarologiques, méditatifs et autres, je m’en étais détachée progressivement. Mais pas au sens ou je le rejette et n’y crois plus : simplement, tout cela a pris une place naturelle et normale dans mon quotidien.
« Normale », au sens où c’est parfaitement intégré : tous les matins, je prends ma douche, je me lave les dents, je me tire une carte de Tarot, je lis mes énergies astrologiques du jour. Voilà. Pour moi cela n’a rien de mystérieux, de bizarre, ni même de sacré : c’est normal.
Et c’est intéressant, parce que c’est comme s’il y avait eu, encore une fois, un mouvement de balancier : enfant j’étais très spirituelle et connectée, pas du tout religieuse mais presque mystique par moments, puis j’ai violemment fermé la porte et je ne croyais plus en rien (c’est plus compliqué, je crois surtout que j’étais en colère, mais on va le dire comme ça), puis est venue une première illumination qui m’a conduite à une sorte d’obsession et une période durant laquelle j’ai testé tout ce qui était testable (c’était avant le blog), puis à nouveau rejet car j’étais une nouvelle fois en colère mais sans totalement fermer la porte cette fois, nouvelle illumination mais qui m’a menée moins loin, et le retour progressivement vers un juste milieu.
Le fait est que dans certaines de mes vies précédentes, je me suis entièrement consacrée à la spiritualité, et j’ai sacrifié tout le reste. Il y a donc une vraie logique à ce que dans cette vie, après un cheminement long, je lui redonne sa véritable place. Une place équilibrée.
(C’est le Tarot, qui m’a dit qu’il fallait que j’écrive cet article).