Éloge de la coquetterie

Qu’est-ce que la coquetterie ? On pourrait dire que c’est un comportement qui doit suggérer que le rapprochement sexuel est possible, sans que cette éventualité puisse être perçue comme une certitude. Autrement dit : la coquetterie est une promesse non garantie de coït. – Milan KUNDERA, L’Insoutenable légèreté de l’être

La coquetterie est un défaut que l’on attribue toujours aux femmes, même si les hommes peuvent fort bien, eux aussi, être coquets.

C’est un double défaut, qui a pour trait essentiel le désir de plaire : c’est à la fois le soin apporté à son apparence, et une attitude de séduction, sans aucune promesse de concrétisation. Comme Célimène dans le Misanthrope.

La coquetterie est un défaut que j’affectionne beaucoup, et pour cause, c’est un des miens, et je le revendique sans aucune honte.

La coquetterie, c’est la légèreté, la futilité. C’est être dans le monde comme un papillon, vif et gai, qui ne se soucie pas du lendemain. C’est sans doute une posture, presque une imposture : la légèreté est souvent le masque que porte l’indicible profondeur pour ne pas effrayer.

La coquetterie, c’est un art de vivre, une façon de se mettre en scène devant les autres, comme un rôle qu’on joue, mais un rôle qui permettrait de mieux capter l’essence de l’être. Car rien n’est plus difficile que de faire correspondre l’être et le paraître, c’est un travail de chaque jour que la coquette, comme son pendant masculin le dandy, mène sur tous les fronts. Car futilité n’est pas superficialité.

La coquetterie, c’est la séduction. C’est l’emportement dans le désir de plaire même à qui ne nous plaît pas. C’est une recherche d’amour, même à sens unique. Un besoin de voir dans le regard des autres quelque chose du désir, qui n’est autre que recherche d’absolu.

La coquette recherche chez les hommes qu’elle ne peut s’empêcher de charmer sa propre identité, son rêve, et l’infinie diversité du monde.

La coquetterie, c’est le mouvement perpétuel de la vie. Promesse de rien, espoir de tout. Règne sans partage de l’ambiguïté.