Voyager seule

L’autre jour, je suis tombée sur un très intéressant dossier documentaire sur le voyage solo au féminin. Cela m’a fait sourire, car je me suis sentie concernée, et en même temps, pas tant que ça. Depuis des années, je voyage seule. Cela ne m’a jamais dérangée de prendre une réservation seule pour une location, de manger seule au restaurant, de me promener seule dans les rues ou de visiter seule les lieux que j’ai envie de visiter. Je trouve même cela particulièrement agréable : suivre sa joie et son rythme (je ne suis pas le touriste atteint du « fear of missing out », je ne cours pas partout pour tout voir : au contraire, j’aime prendre le temps de m’arrêter, pour un long déjeuner ou un verre, et je suis très loin de visiter tous les trucs « à voir », mais seulement ce qui m’intéresse vraiment).

Mon entourage proche, me connaissant, ne s’est jamais trop étonné de cette manière de faire, même lorsque ce n’était pas encore un vrai mouvement de fond. Je suis une solitaire, indépendantiste intégriste, cela n’a rien eu d’étonnant lorsque la première fois j’ai annoncé que je m’étais réservé une semaine à Londres.

Niveau baptême, d’ailleurs, c’était du haut niveau ce voyage : sitôt après avoir atterri, je me suis retrouvée avec une carte bleue bloquée avec seulement 30€ à changer (puisque j’avais prévu de retirer directement de l’argent sur place), j’ai erré des heures avant de pouvoir trouver mon hôtel, un soir je me suis trompée de métro et me suis retrouvée à Wembley… Mais ces imprévus ne m’ont pas vaccinée, j’ai d’emblée considéré que ça faisait partie de la joie des voyages (même si je n’ai jamais pardonné à ma banque de l’époque d’avoir dû rester 3 jours sans pouvoir me servir de ma CB). Et je n’ai jamais eu peur. Je me suis débrouillée, et j’ai constaté que oui, j’en étais capable, j’avais les ressources. C’était un baptême du feu.

D’autres destinations ont suivi, au fil des années.

Parce que j’avais décidé que j’avais un salaire, et que je n’allais pas attendre un éventuel accompagnateur pour faire des choses intéressantes, j’avais assez attendu. Et aujourd’hui, qu’il y ait un homme dans ma vie ou non (la plupart du temps c’est plutôt non, d’ailleurs) ces petites échappées en solitaire, ces fugues où je peux me retrouver avec moi-même loin de mon quotidien, me sont indispensable. Certaines personnes trouvent ça d’ailleurs plutôt égoïste, ce besoin de se consacrer du temps à soi. Mais l’avis des gens qui pensent ça, j’ai tendance à m’en moquer complètement. Cela dit, je pense que le regard de la société en arrête plus d’un et d’une.

Mais l’un des sujets qui reviennent en ce qui concerne ce voyage en solo, c’est celui de la sécurité. Est-ce que ce n’est pas dangereux, pour une femme, de crapahuter seule comme ça ? A vrai dire, mon avis est assez biaisé : mes envies de voyages, ce sont des villes européennes, je ne vais pas faire non plus un trek dans la cordillère des Andes. Je vais dans des villes où, globalement, les femmes vivent et marchent seules dans la rue au quotidien, et je ne vois pas bien en quoi je serais moins en sécurité de le faire à Amsterdam, à Londres ou à Vienne qu’à Orléans ou à Paris. Je dirai même qu’être seule a un avantage : la tranquillité. Seule, on ne vous identifie pas comme une touriste, on ne vous interpelle pas pour vous fourguer des trucs ou essayer de vous arnaquer. En fait, à l’étranger, je suis souvent identifiée comme une « locale », et les gens me demandent spontanément leur chemin, quitte à traverser toute une foule pour le faire parce qu’ils m’ont vue au loin. Je dois avoir l’air sûre de moi.

Donc, oui, je me sens en sécurité, et les endroits où je le serais peut-être moins ne m’attirent de toute façon pas plus que ça. Ou plutôt : je dois de toute façon sélectionner, pour des raisons de temps, et pour le moment je privilégie le proche. Je ne suis pas une aventurière, j’aime le confort, et les destinations lointaines, à quelques rares exceptions près, ne sont pas dans mes priorités.

Mais une question qui revient également (pas de mon entourage proche, que ça fait doucement rigoler) c’est l’ennui. Mais tu ne t’ennuie pas, en voyageant seule ? Alors le fait est : sauf à mon travail alimentaire, je ne m’ennuie jamais. Et en voyage encore moins : il y a tant à voir, à expérimenter, à écrire aussi puisque si je voyage c’est entre autres pour renouveler mon inspiration. Donc non, je ne m’ennuie pas, à aucun moment, même lorsque je n’ai rien prévu de particulier et que je baguenaude sans but dans les rues d’une ville étrangère.

Voyager seule, j’adore ça. J’aime aussi voyager avec d’autres, mais c’est différent. Ce n’est pas la même expérience du voyage. Et en fait, si le dossier m’a amusée, c’est parce que je ne pensais pas que c’était un sujet : pour moi, ça tombe sous le sens de le faire. Je trouve dommage, que l’on soit une femme ou un homme d’ailleurs, de rester chez soi parce qu’on ne veut pas voyager en solo, que ça ne se fait pas, ou que sais-je.

Et vous, il vous arrive de voyager en solo ?