Oui, des romans ; car je ne donne pas dans cette mesquine et maladroite habitude, qu’ont les auteurs de romans, de déprécier par leur blâme toute une catégorie d’œuvres dont ils ont eux-mêmes accru le nombre : se joignant à leurs ennemis pour décerner les plus sévères épithètes à ces œuvres-là et n’en permettant presque jamais la lecture à leur héroïne qui, si elle ouvre par hasard un roman, n’en fera certainement qu’en feuilleter les pages insipides avec dégoût. Las ! Si l’héroïne d’un roman n’est pas prise sous son aile par l’héroïne d’un autre roman, de qui pourra-t-elle attendre protection et égards ?
Alors évidemment, maintenant que j’ai fini par craquer pour la collection Cranford… entendons-nous bien : je n’envisage pas de tous les acheter (et d’ailleurs j’ai résisté à Persuasion pas plus tard que la semaine dernière) mais s’agissant de romans que je n’ai pas lus, évidemment, c’est plus difficile de résister. Donc voilà comment j’ai fini par lire ce roman de Jane Austen qui faisait partie de ceux que je n’avais pas lus.
Catherine Morland, l’héroïne de ce roman, est une jeune fille fort sympathique mais très naïve, et son imagination a tendance à s’emballer facilement, d’autant qu’elle se passionne pour les romans gothiques et rêve d’aventures mystérieuses. Invité à passer quelques semaines à Bath par des amis, elle y fait la connaissance des Thorpe, puis d’Eleanor Tilney et surtout d’Henry, dont le père l’invite à séjourner quelque temps à l’abbaye de Northanger, où elle pense pouvoir vivre des aventures extraordinaires…
Un roman vif et enlevé, d’une ironie mordante, souvent très drôle, et dont je me suis dit que Jane Austen avait dû beaucoup s’amuser à l’écrire. C’est un joli roman d’apprentissage et une histoire d’amour touchante, qui défend la lecture des romans. Cela dit, je pense que je l’aurais davantage apprécié si je l’avais lu plus jeune !
L’Abbaye de Northanger
Jane AUSTEN
Traduit de l’anglais par Félix Fénéon
Cranford collection