Persona, étrangement humain au Musée du quai Branly

Aujourd’hui, c’est à une expérience plus qu’à une simple visite que je vous invite : l’exposition Persona, étrangement humain au musée du quai Branly.

A l’origine de cette exposition, l’expérience de Mori, roboticien japonais qui se demande à quel point robots ou créatures artificielles doivent nous ressembler ou nous dissembler.

Grâce à un schéma, il montre en effet que plus une créature artificielle a une forme humaine, plus elle a de chance de susciter chez l’être humain de l’intérêt, mais seulement jusqu’à un certain point à partir duquel elle crée l’effet inverse, à savoir le malaise voire la répulsion : c’est ce qu’il nomme « vallée de l’étrange » ou « vallée dérangeante ».

vallée de l'étrange
vallée dérangeante de Masahiro Mori

A partir de cette idée, l’exposition propose un voyage à travers les objets « étrangement humains », anthropomorphes, mobiles, tout ce qui invite à déceler des personnes ailleurs que dans l’humain : objets géométriques en mouvement aléatoire auxquels on attribue une intention, cosmos, formes de la nature qui ressemblent à, entités invisibles, créatures artificielles, pour finir avec la domotique.

Joyeux mélange, l’exposition propose une multitude d’œuvres d’art occidentales ou non, anciennes ou contemporaines, et invite le visiteur à faire cette expérience de l’étrange, à travers des objets que l’on croit inertes et qui soudain s’animent, provoquant la stupeur.

Très surprenante et amusante, cette exposition assez ludique séduit par son originalité et permet de réfléchir à notre rapport aux objets et à ce que nous appelons une « personne » — l’humain ayant dès ses origines tendance à personnifier, anthropomorphiser ce qui l’entoure.

C’est comme cela qu’on se retrouve à doter un objet d’un pouvoir bénéfique et en faire un fétiche, insulter son ordinateur quand il plante, discuter avec Siri (le logiciel d’Apple, pas la femme de Paul Auster) ou accuser certaines choses de vouloir nous nuire — objets inanimés, avez-vous donc une âme !

Exposition d’autant plus intéressante suite à la mésaventure récente de Tay, l‘Intelligence Artificielle de Microsoft qui a très vite dérapé.

A noter, entre autres, une vitrine entièrement consacrée aux godemichés et autres représentations phalliques, qui peut laisser rêveur… ou non. En tout cas, il se dégage de cette visite une impression d’inquiétante étrangeté tout à fait intéressante, et si je repasse par le quai Branly d’ici le mois de novembre, j’irai certainement y refaire un tour !

Persona, étrangement humain
Musée du quai Branly
Jusqu’au 13 novembre 2016

 

Chamanes et Divinités de l’Equateur précolombien, au musée du Quai Branly

Depuis toujours, je m’intéresse à tout ce qui touche à la spiritualité, et notamment toutes les pensées non monothéistes, qui me semblent d’une grande richesse. Inutile donc de vous préciser que cette exposition était notée en rouge dans mon agenda, et j’ai profité de mon week-end parisien pour aller y faire un tour.

Le but de cette exposition est de faire découvrir au visiteur des cultures et des œuvres de l’Équateur précolombien à travers l’une de ses figures majeures, le chamane, prêtre aux pouvoirs surnaturels qui exerce aussi parfois des fonctions politiques.

La pensée chamanique se fonde sur l’idée d’un monde équilibré, et le rôle du chamane est de maintenir harmonieuses les relations entre l’homme, la nature, le cosmos et les esprits : l’homme n’est pas au-dessus, mais fait partie d’un tout.

Dans cette pensée, le monde est composé de trois espaces : le monde céleste, l’infra monde, peuplé des défunts et des esprits, le monde terrestre, celui des êtres humains et des animaux. Le chamane est celui qui peut voyager entre ces mondes.

Le parcours propose donc, après avoir présenté le contexte social et religieux de l’Équateur précolombien, de chercher à comprendre le « savoir » et le « faire » du chamane, en abordant le savoir sacré (la méditation, les ornements, le rôle de la musique et des plantes hallucinogènes) puis les différents rituels (comme les rites sacrificiels) permettant l’exercice de ce savoir sacré, le chamane finissant par se transformer en déité temporelle.

Très complète et pédagogique, cette exposition est évidemment absolument passionnante, en ce qu’elle aborde et permet de d’appréhender une pensée rigoureusement différente de la nôtre, dans laquelle l’homme fait partie d’un tout cosmique. On ne peut qu’admirer la richesse de cette spiritualité et des œuvres qui sont exposées, traces d’une culture vive et profonde. A ne pas manquer !

Chamanes et Divinités de l’Equateur précolombien
Musée du quai Branly
Jusqu’au 15 mai 2016

Le musée des Arts Premiers – Musée du quai Branly

Même si je n’y vais que rarement, j’aime énormément le musée des Arts premiers, Quai Branly, et ce pour tout un tas de raisons.

D’abord, j’aime le cadre : l’architecture imaginée par Jean Nouvel, les jardins, la proximité avec la tour Eiffel.

J’aime évidemment les arts premiers, en particuliers ceux d’Asie et d’Afrique, et si j’avais plus de place, j’en intégrerais davantage dans ma décoration intérieure. J’aime cette plongée dans des créations simples et sincères, en lien avec le sacré et des modes de vie éloignés des nôtres.

En bonne rêveuse, je suis adepte de la rivière magique.

J’apprécie la facilité de circulation du musée et sa scénographie claire, qui permet de passer naturellement d’un espace à un autre.

J’aime que la plupart des œuvres ne soit pas sous cloche, ce qui permet une plus grande proximité avec elles.

J’aime la large place accordée aux costumes et aux parures.

J’aime, enfin, qu’on puisse prendre des photos : c’est de moins en moins souvent le cas, et je trouve cela horriblement frustrant.

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Musée du quai Branly
37, quai Branly
75007 Paris