L’endroit où les ailes se déploient

Je me suis toujours demandé si la métamorphose de la chenille en papillon était douloureuse — si cette dissolution suivie d’une recomposition, ça faisait mal ? J’imagine que oui, être totalement dissout, même si c’est pour devenir quelque chose de magnifique comme un papillon, ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable. Pourtant, elle y va, la chenille — c’est son instinct, elle ne peut pas lutter. Elle construit son cocon, s’enferme à l’intérieur pour que là s’opère la métamorphose. Cocon : là où on se transforme. La chenille disparaît. Le papillon apparaît. Progressivement se construit. Son corps, ses ailes.

Un jour, il est prêt, il est terminé. Et je me suis toujours demandé : est-ce que c’est difficile, de sortir du cocon ? Est-ce qu’il résiste, refuse de se déchirer pour laisser sortir la nouvelle personnalité de la chenille devenue papillon ? Est-ce que ça lui fait mal ?

Et puis, déployer ses ailes pour la première fois, les faire battre, et s’envoler…

L’amour, la révolution et autres pensées profondes…

L’amour nous métamorphose

Comme souvent lorsqu’un livre et en particulier un essai m’intéresse beaucoup, je ne peux pas m’empêcher d’y repenser et de méditer ce que j’ai lu.

C’est le cas depuis quelques jours avec  Le Choc amoureux de Francesco Alberoni.

Son hypothèse est que le fait de « tomber amoureux », l’innamoramento en italien, met en jeu des forces de même nature qu’une Révolution : c’est un mouvement collectif, mais qui se vit à deux. Aussi, selon l’auteur, l’amour bouleverse-t-il profondément ce que nous sommes, nous transforme, nous rend autre que ce que l’on était. Et depuis que j’ai terminé cette lecture, je ne cesse de me demander si je suis d’accord. Et je crois que non.

L’amour nous révèle à nous-même

Certes, l’amour nous bouleverse, et nous avons l’impression de devenir autre. Mais finalement, je pense que ce n’est qu’une impression : en réalité, je crois que l’amour surtout nous révèle à nous-même, et nous révèle ce qui était caché en nous.

Tant que nous ne l’avons pas rencontré, nous sommes en quelque sorte inachevés : nous-même, mais pas tout à fait. Un peu comme l’or dans sa gangue ou la chenille dans sa chrysalide, attendant la transmutation ultime qui nous fera devenir celui ou celle que nous sommes réellement.

C’est une sorte de transfiguration, nous en mieux, nous enfin achevé et enfin complet.

L’amour n’est donc pas, selon moi, une révolution, car une révolution implique un changement profond. Il peut le paraître : l’amour donne parfois envie de ce qu’on ne désirait absolument pas avant. On peut devenir fidèle après avoir papillonné longtemps.

On peut avoir envie de fonder une famille alors que l’on ne cessait de répéter « ce n’est pas pour moi ». On peut tout quitter, aller vivre à la campagne alors qu’on ne jurait que par la vie citadine, abandonner ce qui nous semblait jusque-là indispensable à notre existence.

On peut se découvrir de nouvelles passions. Mais tout cela n’apparaît pas par magie : c’était déjà là, mais caché, attendant d’être révélé par la rencontre sublime avec celui ou celle qui nous donnerait envie de le révéler.

Et vous, qu’en pensez-vous ?