Une femme tourmentée
L’écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire.
C’est avec une très grande impatience que j’attendais l’occasion de lire ce roman, qui est l’un des gros succès de la rentrée littéraire, et dont il me semble n’avoir lu que du bien. J’avais déjà lu, de Delphine de Vigan, Les Jolis Garçons, qui m’avait fortement déconcertée, mais dont j’avais apprécié le style. Je partais donc avec un a priori plutôt favorable…
Un roman difficile à résumer. La narratrice, peu de temps après avoir trouvé sa mère morte chez elle, suicidée, sent comme une évidence qu’elle doit écrire. Ecrire sur cette femme, de son enfance marquée par le drame inaugural de la mort accidentelle de son petit frère Antonin à ses derniers jours.
Ce que sa fille nous offre avec ce roman, c’est le portrait d’une femme tourmentée, dont le mal-être saute à la gorge, dont la vie a été hantée par les drames, les morts, les suicides, l’inceste peut-être, et la bipolarité. Ce qu’elle nous donne à lire, c’est Lucile, c’est sa Lucile.
Ecrire la douleur
Ce roman est une des choses les plus émouvantes et bouleversantes qu’il m’ait été donné de lire ces derniers temps. Ce qui m’a particulièrement fascinée, c’est la manière dont l’acte créateur de l’écriture est mis au centre de la réflexion, où la douleur et l’écriture se mêlent.
Une écriture qui s’impose, et qui, à la fois échoue à trouver les réponses, et en même temps atteint son but que nous avons dans les mains, celui d’un roman, celui qui met des mots sur l’indicible et construit de la cohérence là où il n’y en a pas.
Ce qui m’a profondément marquée, c’est que je me suis sentie très proche de la narratrice, mais aussi et surtout de Lucile, dont les failles, les errances, les douleurs ont fait écho en moi. Je suis sortie de la lecture de ce roman en ayant l’impression d’avoir reçu un coup de poing, et ça, pour moi, c’est la marque d’un grand roman.
Rien ne s’oppose à la nuit (lien affilié)
Delphine DE VIGAN
Lattès, 2011









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