Camille Claudel, d’Eric Liberge et Vincent Gravé

Que tremblent les familles chez qui se déclare cet affreux malheur qu’est la vocation artistique.

Le personnage de Camille Claudel, à la fois la femme et l’artiste, me fascine depuis longtemps. Depuis que j’ai vu le film de Bruno Nuytten avec la sublime Isabelle Adjani, je pense. Aussi lorsque j’ai vu cet album l’autre jour en passant devant une librairie où il était en vitrine, je n’ai pas pu résister…

Nous sommes en 1951. A l’occasion d’une exposition des œuvres de sa sœur au musée Rodin, Paul Claudel reçoit quelques journalistes. Il leur raconte alors la véritable histoire de cette femme hors du commun, depuis leur enfance et la naissance de sa vocation artistique, à sa mort après de nombreuses années en hôpital psychiatrique.

L’idée de départ de cet album, raconter l’histoire de Camille Claudel du point de vue de son frère Paul, est particulièrement intéressante car elle donne un éclairage original à l’histoire de l’artiste.

La femme et l’artiste

Comme elle, Paul Claudel était habité par la vocation, littéraire dans son cas (même si de fait je ne goûte pas du tout ses œuvres, beaucoup trop orientées religieusement) et il pose donc dès la première page le problème du génie créateur et de tout ce qu’il engendre comme souffrance, surtout chez un être fragile comme l’était Camille : elle était une artiste unique, qui se vouait corps et âme à son travail dont se dégage une puissance érotique extraordinaire.

Mais elle était aussi une femme, ce qui, dans le milieu artistique machiste qu’est la sculpture, n’est pas sans lui nuire, car on l’accuse de sculpter comme un homme. 

Et puis, il y a Rodin bien sûr, à la fois amant et mentor. La position de Paul Claudel vis-à-vis du sculpteur est dans l’album sans pitié : il est responsable de la folie de Camille, même s’il l’a aussi aidée dans sa carrière. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas faux, Rodin s’est comporté de manière assez lâche, et a fini par écraser totalement Camille, mais aurait-il pu le faire, aurait-il pu la détruire si elle n’avait pas été, dès le départ, d’une grande fragilité et sans doute prédisposée à la paranoïa ?

Nul ne sait, mais il me semble que cet album pose les bonnes questions et permet de réfléchir sur la création et la fragilité des artistes. En revanche, je n’ai pas du tout aimé les dessins, que j’ai trouvé brouillons. C’est sans doute voulu afin de mieux rendre une certaine atmosphère, mais je n’ai pas apprécié.

Camille Claudel (lien affilié)
Eric LIBERGE et Vincent GRAVÉ
Glénat, 2012

3 commentaires

  1. Parisianne dit :

    Qui de Rodin, qui n’a pas osé abandonner Rose Beuret, ou de Paul Claudel, qui l’a laissée mourir dans le dénuement moral et physique le plus total, a été le plus lâche à l’égard de Camille ?
    Un livre dont je n’avais pas entendu parler mais dont je note avec intérêt les références. Merci

    Anne

    J’aime

    1. L'Irreguliere dit :

      C’est une BD passionnante !

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.