Laisser les cendres s’envoler, de Nathalie Rheims

Il y a dix ans maman est morte

Je suis née dans une famille singulière, avec tant de ramifications, de secrets. Comme dans la plupart des familles sans doute, mais je ne peux écrire que sur la mienne. Née d’un père aussi incertain qu’invisible et d’une mère morte pour moi avant qu’elle ne le fût vraiment, souvent je me disais que l’on m’avait déposée sur des marches et qu’ils m’avaient recueillie.

Ce roman commence un peu comme L’Etranger. Sur un ton neutre, la narratrice annonce que sa mère est morte, non pas hier, mais il y a dix ans. Et qu’elle n’en ressent nulle émotion. Car, de fait, sa mère était morte pour elle bien avant de mourir réellement.

Et malgré son éducation qui devrait la pousser à se taire, à jeter un voile pudique sur ce qui ne va pas, elle va dénouer la pelote et chercher pourquoi et comment les choses se sont cassées…

Le fil rouge

Lorsqu’un texte va me plaire et me toucher, je le sais tout de suite, car je suis prise d’une irrépressible graphomanie. Quelque chose me pousse à noter, ce que dit le texte et ce qu’il m’inspire.

C’est ce qui s’est passé pour ce roman qui, dès la première page, m’a touchée en plein cœur, malgré une histoire à mille lieues de la mienne.

C’est un texte très sensible et très émouvant que nous propose Nathalie Rheims, celle d’une jeune fille abandonnée par sa mère pour un amant artiste qui se comporte en réalité comme le gourou d’une secte, et qui ne trouve aucun secours dans une famille bizarre qui ne s’intéresse au final qu’aux apparences, une des familles les plus connues de France d’ailleurs, même si elle n’est jamais nommée (mais le lien est facile à faire).

Très bien écrit, avec un vrai style, ce texte est tout de même profondément triste, une tristesse qui prend à la gorge, celle d’une adolescente qui ne comprend pas ce qui lui arrive, qui ne comprend pas le rejet de sa mère, mais aussi, pour moi, celle de la mère, que je n’ai pas pu, malgré tout, m’empêcher de trouver émouvante, car elle aussi, sans doute, est perdue.

Ici, l’écriture fonctionne un peu comme une thérapie, sans que cela soit du tout lourd pour le lecteur, car la mélancolie de la narratrice est de celle qui font les grands écrivains, et les grands artistes, et au final, le roman est empreint d’une grande lucidité, d’une hyperconscience de ce qu’elle est, de ce qu’elle a vécu, et des raisons qui la poussent à agir.

Un très beau moment de lecture, en somme, qui fait grandir, je crois…

Laisser les cendres s’envoler (lien affilié)
Nathalie RHEIMS
Leo Scheer, 2012

6 réponses à « Laisser les cendres s’envoler, de Nathalie Rheims »

  1. Avatar de Maladie d’amour, de Nathalie Rheims | Cultur'elle

    […] Cercle de Megiddo. Et puis, il y a deux ans, j’avais été très touchée par Laisser les cendres s’envoler. Aujourd’hui, la revoilà avec un "thriller amoureux", qui ne m’a pas […]

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  4. Avatar de Maladie d’amour, de Nathalie Rheims – Caroline Doudet

    […] Ce que j’apprécie chez Nathalie Rheims, c’est sa capacité à écrire des choses très différentes. Avant le blog, je l’avais découverte avec un thriller ésotérique, Le Cercle de Megiddo. Et puis, il y a deux ans, j’avais été très touchée par Laisser les cendres s’envoler.  […]

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