Ecrire l’amour
La comète de l’amour ne frôle notre cœur qu’une fois par éternité. Il faut veiller pour la voir. Il faut attendre longtemps, longtemps, longtemps. C’est cela l’état naturel de l’amour. C’est cela son état princier, la merveille de sa nature : attendre, attendre, attendre.
Il y a des livres que l’on rencontre trop tôt et, parce que l’on n’est pas prêt, à côté desquels on passe. C’est ce qui s’est passé pour moi avec ce livre, il y a dix ans. Il y a dix ans, aimer n’était pour moi qu’un verbe sans signification, et j’avais acheté ce livre à cause de son titre. C’était l’époque où je faisais mon mémoire de maîtrise sur la parure féminine, j’ai cru que l’auteur allait parler de robe mais, bien sûr, il n’en parle que très peu. Alors, j’avais été déçue. La semaine dernière, je l’ai relu, dans un souffle.
Il est question d’amour, beaucoup. Il est question d’un texte dont aucun éditeur ne veut. Il est question de lecture. Il est question de mots. Il est question de la vie.
La fulgurance des sentiments
Il est certains auteurs qui parlent des sentiments avec un tel talent, une telle fulgurance des mots, qu’ils donnent l’impression de ne s’adresser qu’à nous.
C’est ce que je ressens lorsque je lis un livre d’Yves Simon, et c’est ce que j’ai ressenti aussi en lisant Christian Bobin, comme s’il y avait une sorte de connexion entre ses phrases et mes sentiments.
En dire plus est difficile, car il s’agit vraiment ici d’une plongée au cœur de l’émotion pure, de la véritable émotion littéraire qui est comme le véritable amour selon La Rochefoucauld : tout le monde en parle, mais peu de gens l’expérimentent vraiment.
Alors, tout ce que je peux faire, finalement, c’est vous conseiller de découvrir ce merveilleux poète, si vous ne l’avez jamais lu. Quant à moi, nul doute que ma prochaine excursion en librairie me mènera à flâner au rayon des B…
Une petite robe de fête (lien affilié)
Christian BOBIN
Gallimard, 1991 (Folio, 1996)









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