En avoir plein le dos
J’étais en fuite. Je me cachais de mon passé. J’avais commis le simple délit d’être moi jusqu’à présent. De vivre ma vie en m’écartant des interrogations majeures, des décisions importantes. J’étais responsable de l’état de mes relations avec les autres ; je ne pouvais plus fuir mes responsabilités. Vient un temps dans la vie d’un homme où son corps, à défaut de sa raison, lui demande des comptes.
Sitôt sorti, sitôt acheté, sitôt lu : c’est ma politique en ce qui concerne les romans de David Foenkinos, d’où le célèbre adage de mon cru : Il faut toujours avoir un Foenkinos dans sa PAL.
Encore que concernant ce dernier point, ce ne soit pas toujours le cas me concernant : sinon, je ne vais pas tarder à avoir éclusé toute sa bibliographie, et alors comment ferai-je les jours sombres, pluvieux et triste où j’ai bien besoin d’une perfusion de douceur, d’optimisme, de légèreté et de délicatesse, ce dernier terme convenant à merveille à cet auteur dont les romans me transportent.
Et le dernier ne fait pas exception à la règle, je ne vais pas ménager le suspens.
Un dimanche après-midi, alors qu’il reçoit des amis, le narrateur est très soudainement pris d’un violent mal de dos, assez inexplicable car il n’a rien fait de particulier. Il se met alors en quête d’une explication et d’un soulagement. Et c’est alors le début de la fin, en tout cas la fin de sa vie telle qu’il la menait.
Changer de vie
La plupart d’entre nous le sait bien : lorsque quelque chose cloche dans notre vie, notre dos se manifeste. On dit alors qu’on en a plein le dos. Pour ma part, je me coince assez régulièrement le nerf sciatique, ce qui fait très mal et n’est pas pratique pour marcher.
Et bien, c’est ce qui arrive à notre narrateur, dont nous ne connaîtront jamais le nom : il subit sa vie, et c’est son mal de dos qui le conduit à s’en rendre compte. Car, finalement, rien ne va bien dans aucun domaine, et tout ce qui dysfonctionne vient cristalliser sur ce mal de dos.
Son père qui endosse le rôle d’ »archiviste de ses échecs » et lui rappelle constamment tout ce qu’il a loupé, sa fille qui lui reproche de ne pas s’intéresser à sa vie, son fils qui vit aux Etats-Unis et qui lui manque, sa femme qu’il aime par habitude, son travail qui ne le motive pas et où il subit le harcèlement d’un collègue.
Il va alors devoir remettre en question sa docilité, qui est surtout une forme de lâcheté construite sur les mensonges dont il se nourrit pour ne pas essayer de changer les choses et le confort du quotidien, sécurisant même s’il n’est pas exaltant. Lorsque tout s’écroule autour de lui, il est bien obligé de prendre les choses à bras le corps pour reconstruire.
Et pourtant, malgré cette thématique assez sérieuse, cela reste du Foenkinos : primesautier et léger, le texte nous montre le bonheur de vivre dans l’instant, sans toujours tout préméditer.
Et c’est ce que j’aime tant chez Foenkinos : sa manière pleine de délicatesse de parler des sujets qui nous touchent, des choses du quotidien, la famille, les amis, le couple, l’amour (il y a ici de très très jolies choses sur les débuts d’une histoire d’amour et la découverte de l’autre), les enfants qui grandissent, les non-dits, les sentiments.
Ce sont, toujours, des romans qui font du bien, pleins d’optimisme, qu’on lit le sourire aux lèvres et qu’on referme en se disant que tout est possible, que demain est un autre jour, et que tout ira mieux.
Vous l’aurez compris, je le conseille sans aucune réserve.
Je vais mieux (lien affilié)
David FOENKINOS
Gallimard, 2013









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