Il est des êtres dont c’est le destin de se croiser. Où qu’ils soient. Où qu’ils aillent. Un jour ils se rencontrent.
J’avais été plutôt déçue par ma lecture de L’Amour est une île et j’en était restée là avec Claudie Gallay, convaincue que ce qu’elle écrivait n’était pas pour moi. Et puis, je me suis laissé convaincre de lui donner une seconde chance et de lire ce roman (elle en publie un nouveau pour la Rentrée Littéraire, d’ailleurs).
Après une rupture douloureuse, la narratrice vide son compte en banque et s’enfuit à Venise. C’est l’hiver, la ville et froide et triste, et pourtant, elle y apprend à revivre. Dans la pension de famille où elle s’est installée pour une durée indéterminée, elle se lie avec un vieux prince russe en fauteuil roulant, et avec une danseuse. Mais surtout, en arpentant la ville, elle fait la connaissance de Dino, un vendeur de livres anciens, destinataire du texte que nous lisons.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne regrette pas de m’être laissé tenter, car ce petit roman, poétique et mélancolique, m’a littéralement envoûtée.
Tout est parfaitement maîtrisé afin de reconstituer au plus juste cet exil intérieur qui suit la rupture amoureuse, matérialisé ici par un exil géographique dans une ville improbable dans un tel cas : Venise, la ville des amoureux, qui est ici un véritable personnage.
Ce choix a évidemment quelque chose de violent, presque masochiste, mais de cathartique aussi.
Les errances de la narratrice dans la ville labyrinthique et en marge du monde, à l’image de sa conscience, simulacre de l’étape après l’amour, lorsqu’on ne sait plus que faire de soi et du temps vide, donnent lieu à une véritable poétique du silence.
Oui, c’est un texte silencieux et lent, qui dit magnifiquement la souffrance amoureuse et l’absence de désir.
Et pourtant, on renaît, et les personnages que rencontre la narratrice l’y aident. Le Prince, notamment, personnage raffiné et cultivé, est absolument fascinant : cloué dans un fauteuil roulant, il regarde le monde à travers les autres ; et pourtant, il a une histoire à raconter, et à vivre aussi.
Et puis, il y a Dino, dont on ne peut pas trop parler pour ne pas déflorer le mystère et la fin du roman, qui n’est peut-être pas celle que l’on pourrait croire.
Seule Venise (lien affilié)
Claudie GALLAY
Editions du Rouergue, 2009 (J’ai Lu, 2013)









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