L’enfance croit ce qu’on lui raconte et ne le met pas en doute. Elle croit qu’une rose qu’on cueille peut attirer des drames dans une famille. Elle croit que les mains d’une bête humaine qui tue se mettent à fumer et que cette bête en a honte lorsqu’une jeune fille habite sa maison. Elle croit mille autres choses bien naïves.
C’est un peu de cette naïveté que je vous demande et, pour nous porter chance à tous, laissez-moi vous dire quatre mots magiques, véritable « Sésame ouvre-toi de l’enfance » : IL ÉTAIT UNE FOIS…
Il était une fois… un marchand veuf et à demi ruiné par la perte de ses bateaux qui vivait dans un manoir avec ses quatre enfants : son fils Ludovic et ses trois filles Félicie, Adélaïde et Belle.
Cette dernière, qui a été réduite à l’état de servante par ses sœurs, égoïstes et prétentieuses, est courtisée par Avenant, qu’elle refuse d’épouser car elle ne veut pas se séparer de son père. Au retour d’un voyage, le marchand s’égare dans la forêt et pénètre dans un château étrange, où on lui sert à manger mais dont il ne voit pas le maître. En partant, il cueille pour Belle, qui lui avait demandé de lui en rapporter une, une rose dans le jardin.
Le propriétaire apparaît alors. C’est un monstre qui le condamne à mourir, car les roses sont dans ce château la seule chose qui soit interdite. Il mourra, donc, à moins qu’une de ses filles ne vienne prendre sa place au château. Belle se sacrifie pour le sauver. Elle se rend au domaine de la Bête et découvre que le monstre a un cœur.
C’est par ce film que j’ai découvert le conte de la Belle et de la Bête ; je devais avoir sept ou huit ans, pas plus, et il m’avait tellement marquée que je me souvenais avec exactitude de la fin, et que quelques images étaient restées gravées en moi.
Je ne l’avais pas revu depuis, et c’est avec beaucoup de bonheur et un brin de nostalgie que j’ai redécouvert ce chef d’œuvre de poésie et de beauté, sombre et inquiétant, bien loin de Walt Disney et de l’adorable petite tasse qui virevolte.
Tout est parfait : chaque plan est d’une minutie extraordinaire, les trouvailles se multiplient à chaque minute, toutes plus poétiques les unes que les autres, tissées de symbolisme et de références aux autres contes.
Jean Marais est fabuleux, montre toute l’étendue de son talent en jouant trois rôles (en revanche je ne suis pas excessivement convaincue par le jeu de Josette Day).
Le film n’hésite pas à mélanger les registres, mêlant quelques traits d’humour au fantastique. Et puis, c’est surtout une histoire d’amour pur, absolue et totale.
Un magnifique film donc, un poème en images, à voir et à revoir à tous les âges !
La Belle et la Bête
Jean COCTEAU
France, 1946









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